Coronavirus : Pfizer mis en demeure après un cas de thrombose cérébrale

Vaccinée le 20 mai dernier, Thouraia, ici accompagné de son avocat Me Seroussi, veut comprendre les raisons de son hospitalisation trois jours après.

Vaccinée le 20 mai dernier, Thouraia, ici accompagné de son avocat Me Seroussi, veut comprendre les raisons de son hospitalisation trois jours après.

Photo É.Mi.

Marseille

Un avocat demande une expertise à la suite de l'hospitalisation d'une patiente tout juste vaccinée

D'emblée, elle prévient. Thouraia n'est pas antivax, ne recommande ni ne loue la campagne de vaccination contre le Covid. Ce qu'elle veut avant tout, c'est que les autorités prennent en compte son cas à la suite de l'injection d'une dose de vaccin Pfizer le 20 mai dernier. Inscrite par sa cousine, cette mère de famille de Berre l'Étang âgée de 43 ans, y va sans a priori. Le Covid, elle connaît. Elle a été - sans complication - contaminée en décembre dernier. Dans son cas, une seule dose suffit. Le jeudi après-midi, l'injection se passe. Sur place, elle attend les 15 minutes pour s'assurer que tout aille bien. Tout va bien. Elle rentre chez elle. Dans la soirée, rien à signaler. Le réveil est un peu plus compliqué. "J'ai commencé à me sentir mal, comme si j'avais de la fièvre et de ne plus avoir de force", rembobine-t-elle.

Transportée à l'hôpital, elle convulse

Le vendredi et le samedi, Thouraia continue de se sentir affaiblie. "J'avais chaud, j'avais froid", mime-t-elle. Surtout, elle n'a pas de souvenirs de ces jours suivant la vaccination. D'après elle, sa fille aurait appelé le Samu. Au téléphone, le médecin lui aurait dit de prendre du Doliprane. Les antalgiques ne calment pas les douleurs. Le dimanche, la situation ne s'arrange pas. Un violent mal de tête la fait se coucher par terre. Les pompiers arrivent. Durant le trajet en direction de l'hôpital de Marignane, elle subit un épisode convulsif. En urgence, une IRM est pratiquée.

L'inquiétude de sa famille se confirme. Thouraia a une thrombose au cerveau. Des anticoagulants lui sont prescrits. Son état est stabilisé. Le lendemain, elle est transférée à l'hôpital de Clairval à Marseille où on lui révèle qu'elle a eu une crise d'épilepsie. "Mais c'est impossible, s'étrangle la mère de famille. J'ai 43 ans, je n'ai pas d'antécédent, je ne bois pas, je ne fume pas. Personne dans ma famille n'a fait de crise d'épilepsie". Le compte rendu d'hospitalisation que nous avons pu consulter est clair. Thouraia n'avait aucun facteur de risque vasculaire. Elle en a désormais. Un traitement contre l'épilepsie lui a été prescrit. Un autre avec des anticoagulants jusqu'à la rentrée aussi. "J'ai l'impression d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête", explique-t-elle.

0,075 cas de thrombose pour un million de vaccinés

Au-delà de la crainte pour sa santé, la mère de famille s'interroge sur la situation. Sur les raisons qui ont conduit à la thrombose veineuse. Au début, elle a refusé d'y croire mais a fini par concéder : "Je pense que l'injection du vaccin Pfizer a quelque chose à voir avec mon état". Son histoire fait écho aux très rares cas de thrombose - rapportés au nombre de vaccinés - survenus après des injections d'Astrazeneca, de Pfizer ou de Moderna. Une étude française de l'équipe du Pr David Smadja au service d'hématologie biologique à l'hôpital Européen Georges Pompidou a justement cherché à évaluer le risque de thrombose et a classifié les cas d'événements thrombotiques après vaccination contre le Covid-19.

D'après Le Monde qui a relayé l'étude, il en ressort que le taux de notification d'événements de ce type survenus après injection de trois vaccins, en l'occurrence ceux de Pfizer-BioNtech, de Moderna et d'Astrazeneca, est très faible. Soit 0,075 cas pour un million de vaccinés. En clair, les bénéfices de la vaccination l'emportent donc de loin sur le risque d'effet indésirable grave. L'avocat de Thouraia, Me Hervé Seroussi, ne dit pas le contraire. "Même si aujourd'hui le delta entre les risques et les bénéfices est très important, il ne faut pas laisser pour compte un cas comme Thouraia", soutient-il.

Raison pour laquelle, l'avocat adresse aujourd'hui à la société Pfizer une mise en demeure afin d'organiser "sans délais" une expertise médicale pour déterminer les causes de la pathologie. Dans ce document que nous avons consulté, l'avocat établit un lien de causalité entre l'état de santé de sa cliente et l'administration d'une dose de vaccin Pfizer le 20 mai. D'après lui, la responsabilité du laboratoire est engagée. Même si une décharge est signée avant chaque vaccination, Me Seroussi estime qu'en aucun cas le laboratoire n'a alerté sa cliente sur le risque de thrombose. À défaut d'une expertise organisée sous quinzaine, il entend porter plainte pour mise en danger de la vie d'autrui.