Au moment où tous les grands constructeurs mettent le cap sur la voiture électrique, PSA se positionne pour devenir fabricant de moteurs pour ses besoins propres, mais aussi pour servir toute l’industrie. Le groupe français a en effet annoncé le 4 décembre une alliance avec le Japonais Nidec, numéro un mondial du secteur – il a fabriqué plus de 6 milliards de moteurs électriques l’an dernier – pour mettre sur pied une coentreprise. PSA et Nidec vont concevoir ensemble, puis fabriquer et vendre des moteurs pour voitures électriques.

Il s’agira à la fois de petits moteurs de traction pour les véhicules hybrides légers, ou de plus gros, à destination de véhicules 100 % électriques. « D’ici à 2023, 80 % de nos modèles seront proposés en version électrifiée », a expliqué Patrice Lucas, vice-président de PSA. Ces moteurs seront susceptibles d’aller sur des véhicules Peugeot, Citroën, DS, Opel ou Vauxhall, soit toutes les marques du groupe.

À l’horizon 2022

Les équipes de Nidec et PSA vont donc travailler ensemble dans un centre de recherches et développement basé à Poissy, au sein de l’usine PSA, pour mettre au point cette nouvelle gamme de moteurs. Ces derniers seront produits à Tremery, en Moselle, où PSA dispose déjà d’une usine de moteurs thermiques.

La coentreprise devrait voir le jour début 2018 et les moteurs être montés sur des véhicules à partir de 2022. PSA et Nidec vont investir ensemble 220 millions d’euros et créer une centaine d’emplois d’ingénieurs, puis 400 pour la chaîne de production. Mais difficile de dire s’il s’agit de créations nettes, ou bien des transferts de postes.

Les deux entreprises prévoient un volume de 900 000 moteurs à produire en 2022 pour les besoins de PSA. Mais leur ambition ne se limite pas à cela. PSA et Nidec veulent aussi fournir des moteurs à d’autres constructeurs, et donner le jour à « un champion mondial de la production de moteurs de traction pour l’industrie automobile ».

Nidec, un géant mondial

Alors que le marché a mis le cap sur les 100 millions de véhicules produits par an dans le monde, on estime que d’ici à 2030, près d’un véhicule vendu sur deux devrait être soit hybride, soit 100 % électriques. C’est donc une cinquantaine de millions de moteurs qui seront nécessaires à cette échéance, un marché évalué à 45 milliards d’euros par an. En mettant en commun les compétences d’un grand fabriquant automobile et d’un spécialiste des moteurs électriques, l’alliance Nidec-PSA espère en produire une part significative.

Nidec est déjà un géant mondial qui emploie plus de 100 000 salariés pour fabriquer toutes sortes de moteurs, de toutes tailles. Le groupe japonais est présent dans l’automobile à travers des moteurs de direction assistée ou des pompes à huile. Nidec a racheté en février dernier Leroy-Somer, plus gros fabriquant français de moteurs électriques dont le siège est à Angoulême, qui fait principalement des moteurs d’ascenseurs et réalise aussi les moteurs de traction des Bluecar Bolloré.

Mais en se lançant dans la production pour l’automobile, Leroy-Somer va devoir repenser ses produits pour qu’ils deviennent plus puissants et moins chers. Et c’est bien le premier objectif visé par cette alliance, qui peut tabler sur le marché captif de PSA pour se lancer en ayant l’assurance de pouvoir fabriquer, d’emblée, de gros volumes.