De quoi avons-nous vraiment besoin ?

Caddie de courses ©Getty - Tara Moore
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Face à l’épuisement des ressources naturelles, il y a urgence à distinguer les vrais besoins des besoins artificiels. Razmig Keucheyan nous en parle dans "Les besoins artificiels" (La Découverte, Zones, septembre 2019).

Avec
  • Razmig Keucheyan Docteur en sociologie et professeur de sociologie à l'université de Bordeaux.

De quoi avons-nous vraiment besoin ? Comment distinguer les besoins réels des besoins superflus ? Revenant sur les oeuvres des philosophes ayant travaillé sur une théorie des besoins, à commencer par Karl Marx, mais aussi André Gorz, qui s’est concentré sur le capitalisme des Trente Glorieuses, et Ágnes Heller, qui a travaillé sur l’Union soviétique, le sociologue Razmig Keucheyan s’intéresse à ces théories dans le cadre de l’urgence climatique et des politiques publiques à mener dans ce sens. 

Professeur de sociologie à l’ université de Bordeaux, et après avoir notamment publié une anthologie des Cahiers de prison d’Antonio Gramsci, Guerre de mouvement et guerre de position (La Fabrique, 2012), il revient aujourd’hui avec Les besoins artificiels. Comment sortir du consumérisme (Zone, La Découverte, 19 septembre 2019).

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Il procède pour ce faire à une analyse concrète des choses, en tant qu'objets matériels et consommables, en s’intéressant notamment à la nécessité d’allonger la garantie des objets pour lutter contre l’aliénation de la marchandise. Surtout, il se penche sur les distinctions entre besoin authentique et besoin artificiel, montrant le rôle du capitalisme dans la constitution de ce dernier et les paradoxes qu’il engendre. Ainsi, en libérant l’individu des besoins liés à la survie, le capitalisme fait naître en lui de nouvelles aspirations et de nouveaux « besoins » dont il empêche en même temps la réalisation.

Il y a des besoins naturels qui sont vitaux -manger boire respirer- qu’il faut satisfaire, mais il est également des besoin artificiels qui sont des besoins dit de « culture », écouter de la musique, lire des livres..., qui ne sont pas forcément négatifs. On peut vivre sans musique, mais une vie sans musique est-elle une vie bonne ?          
(Razmig Keucheyan)

Razmig Keucheyan revient aussi sur les solutions possibles pour lutter contre les abus de la société productiviste, insistant notamment sur le rôle des associations de consommateurs qui prennent forme au XIXème et au XXème siècle et sur l’importance de la logistique (flux et pôles d'échange), point de contact entre production et consommation et terrain à investir collectivement, quand ce n’est pas déjà fait, pour des résistances futures.

L’extension de la garantie pourrait être un levier efficace pour ralentir considérablement la mise sur le marché d’objets nouveaux et mettre un terme à cette double logique productiviste et consumériste qui définit le capitalisme à toutes les époques.          
(Razmig Keucheyan)

La Grande table
27 min

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