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Hydroxychloroquine : les recommandations des agences sanitaires et sociétés savantes dans le monde

Publié en ligne le 29 septembre 2020 - Covid-19 -

Les études et les essais cliniques sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine se sont multipliés, en partie du fait de la controverse médiatique et politique qui s’est développée. Les résultats s’accumulent. Impossible pour le profane de les examiner tous et de se faire une opinion éclairée. Un indicateur assez fiable pour évaluer un traitement ou une prise en charge est de confronter les avis des agences sanitaires à travers le monde. Pour élaborer leurs recommandations, ces institutions examinent l’ensemble de la littérature disponible en appliquant des règles méthodologiques précises.

La visite du docteur, Jan Steen (ca. 1625-1679)

Une compilation de ces avis a été réalisée par mes soins et partagée publiquement, puis reprise lors de la Commission d’enquête pour l’évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies à la lumière de la crise sanitaire de la Covid- 19 et de sa gestion [1].

En voici une synthèse d’où il ressort que, à la date du 17 septembre 2020, la quasi-totalité des agences sanitaires recommande de ne pas utiliser l’hydroxychloroquine dans la prise en charge des malades de la Covid-19.

Toutes les références avec le lien Internet sont au bas de cet article.

Pays où l’usage de l’hydroxychloroquine est explicitement proscrit ou déconseillé

Cette recommandation concerne toutes les phases de la maladie. Par exemple, pour le Robert Koch Institut allemand (8 juillet 2020), «  l’utilisation de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine en dehors des études cliniques est déconseillée en raison d’un taux de complications accru lors de l’utilisation de ces substances et en l’absence de preuves d’efficacité  ». Dans certains cas, un usage dans le cadre d’essais cliniques est encore autorisé.

États-Unis (NIH, FDA, IDSA), Royaume-Uni (Gouvernement), Italie (Agenzia Italiana del Farmaco), Belgique (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé), France (Haut Conseil de la santé publique), Allemagne (Robert Koch Institut), Brésil (ministère de la Santé), Portugal (Direction générale de la santé), Chine (Chinese Center for Disease Control and Prevention), Japon (The Japanese Association for Infectious Diseases), Australie (Department of Health / National COVID-19 Taskforce), Espagne (Agencia Española de Medicamentos y Productos Sanitarios), Canada (Institut national d’excellence en santé et services sociaux / Santé Canada), Suisse (Office fédéral de la santé publique de Suisse / Société suisse d’infectiologie), Corée du Sud (Ministry of Food and Drug Safety), Pays-Bas (Nederlands Huisartsen Genootschap), Mexique (Ministry of Health), Malaisie (Health Directory), Vietnam (Vietnamese Society of Infectious Disease), Pérou (Ministry of Health), Côte d’Ivoire (ministère de la Santé et de l’Hygiène publique), Ouganda (Ministry of Health), Argentine (Ministry of Health Ministerio de Salud de la Nación), Chili (Chili Ministerio de Salud), Colombie (Agence Médicament Colombienne, Association Nationale Infectiologie), Nouvelle-Zélande (New Zealand Pharmaceutical Management Agency) et Danemark (Danish Medicines Agency).

Au niveau transnational : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Agence européenne des médicaments de l’Union européenne (EMA).

Par ailleurs, la grande majorité des essais cliniques randomisés, dont Discovery de l’Inserm et Solidarity de l’OMS, ont arrêté d’évaluer l’hydroxychloroquine pour « futilité » (absence d’espoir d’efficacité).

Pays où aucun traitement antiviral n’est recommandé

Ces pays ne citent pas l’hydroxychloroquine mais, d’une façon générale, ne recommandent aucun traitement antiviral spécifique. Par exemple, pour Israël (consulté le 18 septembre 2020) : « Actuellement, il n’existe pas de traitement spécifique pour la nouvelle maladie à coronavirus ; les patients dans un état critique sont traités avec des traitements expérimentaux qui n’ont pas encore été prouvés de manière concluante. »

Israël (ministère de la Santé) et Nigeria (Nigeria Centre for Disease Control).

Pays mentionnant un recours à l’hydroxychloroquine

Russie (ministère de la Santé) : recommandé en prophylaxie pour les cas contacts avec une personne infectée et pour les personnels médicaux. La molécule n’est pas recommandée pour le traitement. Arabie saoudite (ministère de la Santé) : recommandé en troisième ligne après Lopinavir / Ritonavir, Ribavirin et Interferon beta-1b. Inde (ministère de la Santé, 3 juillet 2020) : recommandé pour les cas légers et modérés, avec cette précision : « Ce médicament a démontré une activité in vitro contre le SRAS-CoV-2 et s’est avéré cliniquement bénéfique dans plusieurs petites études monocentriques, mais avec des limitations significatives. Néanmoins, plusieurs grandes études observationnelles, avec de graves limitations méthodologiques, n’ont montré aucun effet sur la mortalité ou d’autres résultats cliniquement significatifs. En tant que telles, les preuves justifiant son utilisation restent limitées, comme pour d’autres médicaments, et ce médicament ne devrait être utilisé qu’après une prise de décision partagée avec les patients en attendant les résultats des études en cours. »

L’hydroxychloroquine non recommandée en prévention de la Covid-19


ajout - 2 mars 2021

L’Organisation mondiale pour la santé (OMS) a mis à jour ses lignes directrices relatives aux possibles traitements en prévention de la Covid-19. Dans un article publié le 2 mars 2021 dans The British Medical Journal, l’agence de santé de l’ONU a « formulé une forte recommandation contre l’utilisation de l’hydroxychloroquine chez les personnes qui n’ont pas de Covid-19 (certitude élevée) ». Ses recommandations ont été élaborées en utilisant la méthodologie d’évaluation GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation). Le panel d’experts de l’OMS justifie ainsi sa conclusion :

« La revue systématique associée et la méta-analyse du réseau (6 essais et 6 059 participants) ont révélé que l’hydroxychloroquine avait un effet faible ou nul sur la mortalité et l’admission à l’hôpital (preuves de haute certitude). Il y avait un effet faible ou nul sur l’infection par le SARS-CoV-2 confirmée en laboratoire (preuves de certitude modérée), mais probablement une augmentation des événements indésirables menant à l’arrêt (preuves de certitude modérée). Le panel a estimé que presque toutes les études ne considéreraient pas ce médicament comme intéressant. […] Le panel considère que ce médicament n’est plus une priorité de recherche et que les ressources devraient plutôt être orientées vers l’évaluation d’autres médicaments plus prometteurs pour prévenir la Covid-19. »

Référence
[1] OMS, “A living WHO guideline on drugs to prevent covid-19”, BMJ, 2021, 372:n526 (publié le 2 mars 2021).

Les sources et les liens vers les avis des agences et des sociétés savantes

liens consultés à la date du 18 septembre 2020

Afrique du Sud : National Centre for Infectious Diseases
Allemagne : Robert Koch Institute
Arabie Saoudite : Ministry of Health
Argentine : Ministry of Health Ministerio de Salud de la Nación
Australia : Department of Health / National COVID-19 Taskforce
Belgique : Agence fédérale des médicaments et des produits de santé
Brésil : Ministère Santé
Canada : Institut national d’excellence en santé et services sociaux / Santé Canada ; Gouvernement canadien
Chili : Chili Ministerio de Salud
Chine : Chinese Center for Disease Control and Prevention
Colombie : Agence Médicament Colombienne + Association Nationale Infectiologie
Corée du Sud : Ministry of Food and Drug Safety
Côte d’Ivoire : Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique
Danemark : Danish Medicines Agency
Espagne : Agencia Española de Medicamentos y Productos Sanitarios
États-Unis : National Institutes of Health (NIH) ; Food and Drug Administration (FDA) ; Infectious Diseases Society of America (IDSA)
France : Haut Conseil de la santé publique
Inde : Ministry of Health
Israël : Ministry of Health
Italie : Agenzia Italiana del Farmaco
Japon : The Japanese Association for Infectious Diseases
Malaisie : Health Directory
Mexique : Ministry of Health
New Zealand : New Zealand Pharmaceutical Management Agency
Nigeria : Nigeria Centre for Disease Control
Ouganda : Ministry of Health
Pays-Bas : Nederlands Huisartsen Genootschap
Pérou : Ministry of Health
Portugal : DGS et Ministère
Royaume-Uni : Gouvernement du Royaume-Uni
Russie : Ministère de la Santé Russe
Suisse : Office fédéral de la santé publique de Suisse / Société Suisse d’Infectiologie
Vietnam : Vietnamese Society of Infectious Disease

Monde : OMS
Europe : European Medicines Agency