ConflitArménie et Azerbaïdjan acceptent de « ne pas recourir à la force »

Haut-Karabakh : Arménie et Azerbaïdjan acceptent de « ne pas recourir à la force »

ConflitLes deux pays se sont exprimés à l’issue d’un sommet à trois avec le président russe, Vladimir Poutine
Russian President Vladimir Putin (C at the table), Armenian Prime Minister Nikol Pashinyan (R at the table) and Azerbaijani President Ilham Aliyev hold talks in the Black Sea resort city of Sochi on October 31, 2022. (Photo by Mikhail KLIMENTYEV / SPUTNIK / AFP)
Russian President Vladimir Putin (C at the table), Armenian Prime Minister Nikol Pashinyan (R at the table) and Azerbaijani President Ilham Aliyev hold talks in the Black Sea resort city of Sochi on October 31, 2022. (Photo by Mikhail KLIMENTYEV / SPUTNIK / AFP) - AFP / SPUTNIK
20 Minutes avec AFP

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L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont engagés lundi à « ne pas recourir à la force » pour trouver une solution à leur conflit autour de l’enclave du Nagorny-Karabakh, à l’issue d’un sommet avec Vladimir Poutine, destiné à réaffirmer l’influence de Moscou dans le Caucase.

Ce sommet était organisé à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie, un mois après des affrontements frontaliers qui ont fait 286 morts. C’est le plus lourd bilan depuis une guerre en 2020 pour le contrôle du Nagorny-Karabakh, une région disputée entre ces deux ex-républiques soviétiques depuis les années 1990.

« Une rencontre utile », dit Poutine

Dans une déclaration commune adoptée à l’issue du sommet, Bakou et Erevan se sont engagés à « ne pas recourir à la force », ainsi qu' « à régler tous les litiges uniquement sur la base de la reconnaissance de la souveraineté mutuelle et de l’intégration territoriale ».

Ils ont également souligné « l’importance des préparatifs actifs à la conclusion d’un accord de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie afin d’assurer une paix durable et à long terme dans la région ».

« De notre avis commun, c’était une rencontre très utile qui a créé une très bonne ambiance pour d’éventuels futurs accords », a affirmé de son côté le président russe Vladimir Poutine, à l’issue du sommet avec son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian.

« Pour sa part, la Russie fera tout pour trouver un règlement définitif et exhaustif » du conflit au Nagorny-Karabakh, a-t-il assuré, ajoutant : « Il est dans l’intérêt de tous de normaliser les relations ».

Accaparé depuis huit mois par son offensive contre l’Ukraine, qui a provoqué l’embarras des partenaires traditionnels de Moscou, Poutine voulait avec ce sommet que la Russie retrouve son rôle traditionnel d’arbitre dans cette région instable, où les Occidentaux mènent leurs propres efforts de médiation.

« Normalisation »

Le président russe s’est dans un premier temps entretenu en tête-à-tête avec le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, qui a souligné que ses priorités étaient le retrait azerbaïdjanais des zones du Nagorny-Karabakh dans lesquelles sont déployés les soldats des forces de la paix russes et la libération des prisonniers de guerre. Le président russe a ensuite reçu son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev qui l’a remercié d’avoir donné un « élan au processus de normalisation ».

La guerre à l’automne 2020 entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan avait fait plus de 6.500 morts dans les deux camps et s’était terminée par une déroute militaire arménienne et un accord de paix parrainé par Moscou. Des affrontements sporadiques ont toutefois continué d’éclater, malgré la présence de militaires russes, que ce soit au Nagorny-Karabakh ou à la frontière reconnue entre les deux pays, comme en septembre.

Ces pourparlers sous l’égide de la Russie interviennent à un moment où les capitales occidentales ont pris une part plus active à la médiation concernant le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Le président du Conseil européen Charles Michel et le président français Emmanuel Macron ont ainsi organisé des négociations entre Pachinian et Aliev à Bruxelles en août.

Brouille UE-Russie

L’UE et la Russie, qui voit d’un mauvais œil ces initiatives dans une région qu’elle considère comme son pré carré, ont échangé de vives critiques sur leurs efforts de médiation respectifs. Macron avait notamment accusé la Russie de vouloir « déstabiliser » le processus de paix, Vladimir Poutine dénonçant des propos « inacceptables ».

« Nos partenaires européens mènent leur politique de la manière visant à exclure la Russie de tous les formats de négociations », a accusé lundi Poutine, lors d’une conférence de presse à Sotchi, tout en jugeant que c’était « impossible ».

Avant les négociations, Pachinian a annoncé samedi qu’il était prêt à prolonger la présence des 2.000 soldats des forces de la paix russes pour une durée allant jusqu’à 20 ans. L’accord existant signé en 2020 prévoit leur déploiement pour cinq ans, avec prolongation automatique possible.

Le président azerbaïdjanais, fort de sa victoire militaire en 2020, a juré de repeupler le Karabakh avec des Azerbaïdjanais, alors que cette région majoritairement habitée par des Arméniens échappe au contrôle de Bakou depuis une première guerre -qui avait fait près de 30.000 morts- dans les années 1990, à l’époque de la dislocation de l’URSS. La Turquie, alliée de Bakou, a aussi fait des efforts de médiation, son président Recep Tayyip Erdogan ayant récemment rencontré Aliev et Pachinian à Prague.

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