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Grindadrap, Globicéphales massacrés aux Iles Féroés

Grindadrap : tout savoir sur le massacre des baleines aux Iles Féroé

Un massacre organisé de dauphins en Europe

Les îles Féroé est un pays constitutif du Danemark (un peu comme les pays d’outre-mer pour la France). Ces îles situées au nord de l’Écosse sont peuplées par 50 000 habitants environ. Depuis quelques années des voix s’élèvent contre ces îles. Non pas à cause de leur pitoyable équipe de foot, mais parce qu’ils s’accrochent à une vieille tradition qui n’a plus sens aujourd’hui. Cette tradition, le grindadrap, consiste à massacrer le plus grand nombre de baleines-pilotes (aussi appelées dauphins globicéphales). Ces dernières ont la désastreuse habitude de longer les côtes féroïennes (où ils trouvent leur nourriture) où les attendent de nombreux badauds armés qui les saignent à mort, créant ainsi d’immense baies remplies de sang, le gris de l’eau disparaissant au profit d’un rouge immaculé.

Le grindadrap consiste à l’aide de bateaux à moteur et de jet skis à rabattre les mammifères marins vers le rivage où des participants tuent les dauphins par dizaine à l’aide de couteaux et de crochets. Les bateaux sont nombreux et affolent les baleines qui perdent leurs capacités d’orientations. Stressées, apeurées, elles fuient vers le rivage où les attendent des chasseurs. Ces derniers se jettent à l’eau et frappent les globicéphales avec leurs armes. On essaie de nous faire croire que l’animal ne souffre pas. Il souffre. Un coup ne suffit pas à les achever, il faut s’y prendre à plusieurs reprises. L’animal se sent mourir et souffre de ses blessures.

Les images de ces massacres sont insoutenables et n’ont plus sens aujourd’hui.

Pourquoi chassent-ils les dauphins ?

Les Féroïens, les habitants des Iles Féroé, se cachent derrière leurs traditions pour justifier cette hécatombe, mais quand une tradition fait preuve d’autant d’horreur, il convient de l’arrêter. Il ne s’agit pas d’Inuits qui continuent à vivre loin des tumultes de nos civilisations, non, il s’agit d’îles danoises qui agissent librement sans jamais se faire taper sur les doigts. Les gouvernements européens s’en foutent, prouvant encore une fois que le sort de la vie marine leur importe peu.

Les Îles Féroé, lieu d’un massacre d’un autre temps

Pourquoi le Danemark laisse les dauphins se faire massacrer et se fait complice du Grindadrap aux îles Féroé ?

Depuis de nombreuses années, l’ONG Sea Shepherd envoie des bateaux sur place pour empêcher ces massacres. Pour répondre à leur intervention, les Féroïens ont demandé l’aide du Danemark qui a envoyé des bateaux de guerre pour que les habitants des îles Féroé puissent continuer à s’amuser dans la joie et la bonne humeur…

Rappelons que ces chasses sont interdites par les lois danoises et européennes…

Quel avenir pour le grindadrap ?

Cette intervention du Danemark est inquiétante. Non seulement la réponse à l’activisme de l’ONG Sea Shepherd s’est faite à travers l’intervention de l’armée, mais surtout, le Danemark prend position pour que continue les massacres des baleines-pilotes.

Traditionnellement, cet abattage des dauphins sert à nourrir les autochtones. Depuis quelques années, la viande des baleines n’est presque plus consommée. Partagée, oui, pour le symbole, mais non consommée. En effet, dans les années 90, les Féroïens ont été victimes de nombreux cancers dus aux polluants présents dans la chair des baleines (mercure, PCB). Ainsi, en 1989, 1999 et 2008, les autorités féroïennes ont recommandé de limiter la consommation de chair de baleine-pilote, dangereuse pour la santé. Il a été constaté que le mercure et les PCB sont présents en forte quantité dans le sang des Féroïens. Sea Shepherd note que « La population entière souffre de troubles nerveux et de déficiences du système immunitaire, les hommes de stérilité et de cancers. » (Source)

En 2011, les autorités vétérinaires des Iles Féroé ont vivement conseillé de ne manger de la viande de globicéphales qu’une fois par mois. Il est par ailleurs absolument déconseillé aux femmes enceintes d’en consommer.

Pourquoi continuer cette chasse si elle ne sert même plus à nourrir les gens? Tout simplement pour le plaisir. Le grindadrap est un événement, une communion de violence gratuite, de terreur, et bien entendu de stupidité.

Une tradition absurde, qui doit cesser

Le grindadrap ne doit avoir aucun avenir. Maintenir un tel abattage aux noms d’une tradition ancestrale est absurde. On ne maintient pas une tradition sous prétexte que c’est une tradition. Non seulement parce que les mentalités ont évolué, mais surtout parce que les enjeux environnementaux, dans de tels cas, ne sont absolument plus les mêmes qu’il y a des centaines d’années.

Oui, les globicéphales ne sont pas une espèce en danger. Mais dans un monde où nous sommes toujours en réaction, il serait peut-être judicieux d’intervenir systématiquement avant que cela ne soit trop tard. Certes, les centaines de baleines tuées ici ne mettent pas en danger les larges stocks de ces cétacés, mais il convient à mon sens de décider dans quel type de civilisation nous souhaitons vivre. Car il s’agit bien évidemment d’actes barbares pour une civilisation moderne comme la nôtre. Cette tradition fait preuve d’actes cruels envers des animaux sauvages. La question est donc la suivante: est-ce que nous voulons de tels spectacles en Europe? Est-ce que notre société moderne peut accepter de telles pratiques?

C’est toujours compliqué de parler des traditions des autres cultures. Avoir un regard critique sur des traditions loin des nôtres reste un exercice périlleux. Pourtant, le grindadrap n’a plus sa place dans les traditions d’un peuple qui a épousé la civilisation moderne et qui pourtant voudrait continuer à s’amuser à massacrer des cétacés en toute impunité? N’est pas Inuit qui veut.

Il faut arrêter l’hypocrisie. Cette chasse n’est ni plus ni moins qu’une fête où l’on célèbre le plaisir de tuer. Oui, les hommes qui participent à cela y prennent du plaisir. Les reportages sur le grindadrap montrent toujours des chasseurs expliquant la joie qu’ils ont à participer à ce massacre qu’ils attendent patiemment chaque année. Non pas parce qu’ils ont faim et qu’ils ont besoin de viande, mais parce qu’ils veulent tuer en toute impunité. Cette tradition qui consistait à la survie d’un peuple dans les siècles derniers n’est aujourd’hui qu’un bain de sang où les hommes communient à travers la barbarie de leurs actes.

D’autant plus qu’avec le soutien des autorités danoises, les Féroïens sont complètement dédouanés de leurs actions. Tous les ans, ce sont des centaines de cétacés qui sont encore massacrés à coups de crochets et de couteaux.

Pourquoi le Danemark se fait complice de cela? Pourquoi le Danemark condamne ces actes tout en envoyant des bateaux de guerre afin de préserver le grindadrap des ONG sur place? La réponse reste floue même s’il semblerait que cela dépende de la richesse en pétrole des îles Féroés qui pourrait devenir dans quelques années un filon important pour le Danemark.

Féroïens tous coupables?

Non, tous les Féroïens ne participent pas au Grindadrap. Nombre d’entre eux sont contre de telles pratiques. Il semble néanmoins que rien ne soit fait sur place pour y remédier. Je pense pourtant que la réponse doit venir des îles Féroé avant tout. Les habitants doivent savoir se remettre en question et s’associer pour mettre la pression sur les hommes et femmes politiques. Seule une pression politique pourra faire évoluer les choses.

Ci-dessous, un formidable texte sur le Grindadrap, extrait du livre « Pilot Whaling in the Faroe Islands » (La chasse aux globicéphales dans les îles Féroé) par Joan Paul Joensen — Faroe University Press:

« Les hommes se battaient avec de longues lances et des couteaux, se servant de crochets fixés à des lignes pour approcher les bateaux suffisamment près pour pouvoir frapper; et pendant que le sang coulait à flots des baleines blessées, leurs camarades se refusaient à les quitter. Même quand elles atteignaient l’eau claire, elles se retournaient, cherchant le sang. On aurait dit que les grandes baleines essayaient de protéger les plus petites. Quelques baleines, rendues folles par les blessures des lances, fonçaient droit devant elles et s’échouaient dans les hauts-fonds où les attendaient des hommes de Sorvagur et de Bour, qui, dans l’eau et le sang jusqu’à la poitrine, frappaient encore et encore avec leurs couteaux pour sectionner la moelle épinière. Au moins, c’était fini. Aucune baleine n’avait pu s’échapper. Une odeur lourde et chaude emplissait l’atmosphère; deux cent quatre vingt-six baleines gisaient sur la plage de Midvagur, déjà mortes ou à l’agonie. Leurs grosses lèvres se retroussaient dans un sourire grotesque, montrant leurs petites dents blanches fermement serrées. Ici gisait le meneur du troupeau, et là, oh quelle pitié ! de pauvres petits bébés baleines gisaient près de leur mère, nés dans les tourments de la terreur et de la mort. »

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