Pourquoi les glaciers de Nouvelle-Zélande ont récemment viré à l’orange ?

glaciers
Crédits : Liz Carlson.

Alors que l’Australie subit une saison des incendies catastrophique, de vastes panaches de fumée occupent quotidiennement le sud-est du continent. Selon l’orientation des vents, les particules qui les composent peuvent dériver sur de longues distances avant de retomber à la surface. Or, certains glaciers néo-zélandais ont récemment viré à l’orange…

Ce fait surprenant a notamment été rapporté par la blogueuse et photographe Liz Carlson. Alors qu’elle profitait d’un voyage en hélicoptère au parc national du Mont Aspiring le 29 novembre, une vision inattendue s’est offerte à elle. Les glaciers n’arboraient pas leur éclat habituel. Ils semblaient au contraire salis. Plus précisément, recouverts par une fine pellicule de poussières rouges. La vue d’un tel spectacle était stupéfiante mais également bouleversante a confié la photographe.

Un phénomène lié aux incendies en Australie ?

Depuis plusieurs semaines, l’actualité est marquée par les incendies sans précédent qui font rage à l’est du continent australien. L’état de Nouvelle-Galles du Sud est particulièrement affecté. Aussi, il semble pertinent d’y voir là la cause du phénomène. En effet, les fumées peuvent facilement être transportées jusqu’au sud de la Nouvelle-Zélande par des vents de nord à nord-ouest. « C’est assez remarquable de voir l’impact des incendies aussi loin » relate Liz sur son blog où l’on peut retrouver de nombreuses autres photos.

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The dust and ash from wildfires in Australia are turning glaciers red here in New Zealand 😱 . For the past few weeks the smoke and dust from the bushfires in New South Wales and Queensland, Australia have blown thousands of kilometers across the Tasman Sea, turning our normally clear skies hazy and our mountains red. . On a scenic helicopter flight with @wanakahelicopters around Mount Aspiring, you could see the glaciers covered in a layer of red dust, making them look dirty. It’s pretty remarkable to see the impact of the fires so far away. Our glaciers don’t need any more battles, and it puts the impact of climate change into even more stark reality we can’t ignore. . #wanaka #climatechange #newzealand #glacier #mtaspiring #australiafires #bushfire #nswfires

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Toutefois, il convient de nuancer. Selon Chris Brandolino, chercheur et prévisionniste au NIWA (National Institute of Water and Atmospheric Research), l’origine de ces dépôts de particules n’est pas clairement identifiée. « S’agit-il de suie ou d’une sorte de carbone provenant de bois brûlé ou s’agit-il en fait de poussières ? ».

Il faut dire que les glaciers de la région se colorent parfois de la sorte suite aux apports naturels de poussières issues du désert australien. Des particules marquées par une teinte rouge caractéristique que l’on doit à une teneur élevée en oxyde de fer. Le phénomène observé n’est donc pas inédit en soi. Néanmoins, Chris Brandolino reconnaît que les incendies exceptionnels en Australie ont certainement joué un rôle. Mais pour être plus précis, des relevés de terrain sont nécessaires.

Un impact délétère pour les glaciers néo-zélandais

Dans tous les cas, l’assombrissement de la surface des glaciers à l’approche de l’été austral n’augure rien de bon. Et pour cause, la capacité qu’a la neige ou la glace à réfléchir le rayonnement solaire s’en trouve réduite. Ainsi, plus d’énergie est absorbée près du sol. Résultat : le processus de fonte est accéléré.

incendies australie
Crédits : EOSDIS Worldview.

« C’est une déception pour les touristes car ce n’est pas ce à quoi ressemblent normalement nos glaciers. [Ces derniers] n’ont pas besoin de subir une attaque supplémentaire, ils sont déjà suffisamment en danger » déplore la photographe. « Les températures plus élevées provoquées par le changement climatique induisent plus de sécheresses et une saison des incendies plus critique en Australie » ajoute-t-elle.

En plus de l’effet aggravant du réchauffement global, la situation en Australie est aussi à mettre en lien avec une phase exceptionnellement positive du dipôle de l’océan Indien (IOD+). Il s’agit d’une répartition spécifique des anomalies de température de surface de la mer dans la zone. Or, cette phase tend à déporter les zones de pluies à l’écart du continent australien.

Enfin, notons qu’un lien analogue a récemment été mis en évidence entre les incendies amazoniens et les glaciers andins. Les panaches de fumée étant déportées vers l’ouest par les vents dominants, ils viennent assombrir les glaces et accélérer leur fonte. Des exemples témoins des interactions complexes siégeant au sein du système climatique.

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