Covid-19 : fiabilité, méthode... À quoi ressemblent les tests salivaires, disponibles "d'ici 15 jours" ?

Alors que la France réalise chaque semaine un million de tests de dépistage du Covid-19, une alternative pourrait arriver prochainement sur le marché : le prélèvement salivaire.

Après les tests PCR, les tests salivaires pourraient faire leur apparition sur le marché pour dépister le Covid-19.
Après les tests PCR, les tests salivaires pourraient faire leur apparition sur le marché pour dépister le Covid-19. (©AdobeStock)
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Avec la rentrée scolaire et le retour des vacances, les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir se faire dépister pour savoir s’ils ont été infectés par le Covid-19. Au grand dam des laboratoires, qui peinent parfois à suivre la cadence.

Une solution vient désormais se profiler à l’horizon : l’arrivée imminente d’un nouveau type de test, le prélèvement salivaire. Si sa fiabilité est toujours à l’étude, ce mode de prélèvement pourrait permettre d’accélérer le dépistage et de désengorger un peu les laboratoires, à l’heure où sont bientôt réalisés chaque semaine un million de tests.

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Comment fonctionne un test salivaire ?

Ce qui différencie le test salivaire du test PCR, c’est uniquement l’endroit du prélèvement. Là où le test PCR comprend un prélèvement dans le nez, le test salivaire, lui, se fait dans la bouche, en récoltant de la salive. « C’est vraiment la même technique de dépistage, la même technologie », confirme François Blanchecotte, président du syndicat national des biologistes. 

« Il s’agit de prendre un écouvillon et de frotter la joue ou la gencive comme ce qu’on fait dans le nez, mais on peut aussi racler la joue pour prélever plus de salive, voire cracher directement dans un tube pour y concentrer la salive », précise de son côté Franck Perez, directeur de l’unité Biologie cellulaire et cancer de l’Institut Curie.

Pour rappel, le principe de ces tests biologiques est de mettre en évidence l’infection (ou non) du patient par le biais d’échantillons recueillis à l’aide d’un écouvillon (qui ressemble à un grand coton-tige souple). Ces prélèvements sont ensuite plongés dans un principe actif qui va réagir si le virus est présent.

Mais d’autres méthodes viennent désormais s’ajouter aux prélèvements salivaires, précise Franck Perez. Il est ainsi également possible d’envisager (contrairement aux tests PCR) des auto-tests avec des bandelettes, « à la manière des tests de grossesse ou de glycémie, où la couleur change en fonction de la positivité de la personne ».

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Quels avantages présentent le test salivaire ? 

Ceux qui ont déjà passé un test PCR pourront en témoigner : l’expérience est tout sauf agréable. « Il n’est pas rare que des patients aient des mouvements de rejets, ou que la personne en charge de réaliser le test n’ose pas racler franchement le fond du nez de peur de brusquer le patient », explique Franck Perez. 

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Or, rater un prélèvement, c’est rater le test. Et un prélèvement salivaire ne rate jamais, contrairement au prélèvement rhino-pharyngé. 

Autre aspect positif : dans l’hypothèse où elle serait peu coûteuse (voire peut être rendue gratuite, comme le sont aujourd’hui les tests PCR), cette technique très facile et indolore pourrait alors s’appliquer à tout le monde, jusqu’à plusieurs fois par jours.

« C’est également plus sécurisant pour le personnel médical chargé de faire le test », poursuit le chercheur, pointant du doigt par exemple les risques d’éternuement à la suite d’un prélèvement PCR « alors qu’on peut imaginer que le patient puisse lui-même prélever sa salive et donner le tube ensuite ».

Mais pas question pour le moment de s’imaginer s’auto-tester comme lors de la prise de température : le test salivaire requiert une « compétence technique nécessaire » et ne peut être assuré que par un spécialiste, estime François Blanchecotte.

« S’auto-tester, c’est déléguer la responsabilité de la réalisation du test au grand public« , admet Franck Perez. « Mais comment alors prouver que le test est bien fait et efficace, si tout le monde peut le faire ? », s’interroge-t-il. 

La transition n’est pas si simple. Aussi je pense que, dans un premier temps, il faut laisser les tests salivaires aux laboratoires d’analyse.

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Le test salivaire est-il fiable ?

Pour l’heure, le test salivaire reste encore à l’étude concernant sa fiabilité. Il s’agit en effet de vérifier à la fois que la salive est suffisamment efficace pour dépister le virus, et à la fois que « les différentes techniques d’analyse [soient] suffisamment performantes », confiait le 20 août dernier au Figaro le Dr Vincent Enouf, responsable adjoint du Centre national de référence (CNR) des virus respiratoires de l’Institut Pasteur.

Plusieurs laboratoires planchent aujourd’hui sur le développement d’un test salivaire. Parmi eux, le laboratoire Sys2diag. Affilié au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), il a mis au point un test baptisé EasyCov, en collaboration avec le CHU de Montpellier

Dans des premiers résultats communiqués fin mai 2020, EasyCov affichait une « spécificité » (c’est-à-dire une fiabilité) de 95,7%. « Pour le moment, nous attendons encore les résultats définitifs des tests salivaires. Mais comme c’est la même technologie, ça devrait être fiable », renchérit François Blanchecotte, pour qui il s’agit de patienter encore environ « quinze jours ».

Un écho aux propos du ministre de la Santé Olivier Véran, qui indiquait mardi 8 septembre sur la radio France Inter attendre « des résultats imminents d’expérimentations » menées avec des tests salivaires sur « des populations importantes ».

« Mais qui pourra bénéficier de ce test ? Dans quelles conditions ? Est-ce qu’il sera gratuit ? Pour répondre à ces questions, il faut attendre un arrêté gouvernemental, qui fixera les modalités du test salivaire », conclut François Blanchecotte.

Autre paramètre à prendre en compte, note Franck Perez : la capacité du gouvernement à accompagner la montée en puissance de la demande. « Les résultats des tests sont tout à fait recevables aujourd’hui, mais il faut que l’on puisse accompagner les besoins des patients », ajoute-t-il. 

D’où les précautions du gouvernement, d’autant plus si on se demande qui va se charger des tests : les personnels médicaux qualifiés ? Les gens eux-mêmes ? 

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Pourquoi on ne parle des tests salivaires que maintenant ?

La perspective d’un test salivaire pour déterminer si le patient prélevé est ou n’est pas atteint du Covid-19 ne date pas d’hier. Bien au contraire, la question est à l’étude depuis le début de la généralisation des tests. 

« La piste des prélèvements salivaires a été évoquée dès le départ, quand nous avons regardé ce que faisaient nos collègues européens, notamment allemands, qui prélevaient dans la gorge des patients », souligne François Blanchecotte.

Ça fait longtemps qu’on pousse cette alternative, ne serait-ce que pour les personnes qui supportent mal le test PCR.

Pour Franck Perez, tout est question de temps de développement des tests. Dans le cas des tests PCR, « dès que le virus a été identifié, les groupes chinois ont mis en ligne sa séquence ADN, permettant aux laboratoires de fabriquer les tests PCR. Leur arrivée sur le marché est donc arrivée très vite, d’autant plus que c’est une technologie que l’on utilise déjà et que l’on maîtrise bien. »

Jour après jour, ces tests sont de plus en plus sensibles (donc efficaces) et prennent de moins en moins de temps. Mais si l’on passe aux tests d’anticorps par exemple, c’est encore plus long à développer, car il faut d’abord pouvoir développer et fabriquer les anticorps.

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