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Mers et océans

Les résidus de plastique sont ingérés par les créatures des fonds marins

Des chercheurs du Royaume-Uni ont repéré pour la première fois des résidus de plastiques dans les organismes des fonds marins.

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pollution fonds marins

Les créatures des fonds marins ingèrent les microfibres de plastiques.

© CROPIX/SIPA

DÉCHETS. La pollution plastique, triste un indicateur de l’impact de l’activité humaine sur le monde, est bien présente dans les fonds marins. 88% de la surface des océans contiennent des microplastiques (particules de plastique) selon une étude publiée en 2014 par le Centre supérieur de la recherche scientifique (CSIC) de l'université de Cadiz en Espagne. Mais jusqu'alors, de nombreuses interrogations persistaient quant à leur destinée finale et leur impact sur l’écosystème. Des recherches publiées le 30 septembre 2016, menées en collaboration par les scientifiques de l’Université de Bristol et d’Oxford, à bord du Royal Research Ship (RRS) James Cook, montrent que ces microplastiques sont en fait ingérés par les créatures des fonds marins, comme cela avait déjà été retrouvé chez les organismes d’eaux peu profondes.

44 à 50 % des espèces marines ingèrent du plastique

Les chercheurs ont travaillé sur deux sites : le premier entre 334 et 1783 mètres de profondeur en zone équatoriale de l’Océan Atlantique et le second entre 954 et 1062 mètres dans le sud-ouest de l’Océan Indien. Six des neufs organismes étudiés présentaient des traces de microfibres plastiques, en particulier dans les voies orales, l’appareil digestif et les voies respiratoires. « Ces résultats m’ont étonné et m’ont rappelé que la pollution plastique a réellement atteint les entrailles de la Terre », s’afflige Laura Robinson, professeur de géochimie à la Bristol’s School of Earth Sciences. D'ailleurs, il n’existe plus un endroit sur Terre qui ne soit pollué par le plastique, y compris les pôles. En 2016, des micro-plastiques ont même été retrouvés dans les abysses. Oiseaux, reptiles, mammifères, poissons et crustacés sont touchés. L’ingestion de microplastiques peut empêcher le bon fonctionnement de leur tube digestif et de leur estomac, les conduisant, dans le pire des cas, à mourir de faim. Cela ne pose pas de problème, en revanche, aux "détritivores" tels que les homards ou les crevettes qui ingèrent du plastique dans leurs proies ou dans les sédiments qui constituent leur alimentation.

Les micro-plastiques sont des particules de moins de 5mm de long, incluant les microfibres et les micro-billes de plastiques. Ils sont de la même taille que la neige marine -- ces agrégats constitués de détritus d’origine organique dont se nourrissent les animaux des profondeurs. Ce sont des microfibres tels que l’acrylique, le polypropylène, le viscose, le polyester et l’acrylique, qui ont été retrouvées dans les organismes disséqués de bernard-l’hermite, galathées (crustacé décapode) et concombres de mer, trois espèces majeures des fonds marins possédant des mécanismes d’alimentation très différents.

Le Docteur Michelle Taylor du département de zoologie à l’Université d’Oxford déclare que le but de l’expédition était de trouver des micro-plastiques dans les sédiments des fonds marins. « Étant donné que les animaux interagissent avec ces sédiments, nous avons décidé de regarder en eux pour voir s’il y avait des traces d’ingestion. Ce qui est particulièrement alarmant, c'est que ces micro-plastiques n’ont pas été trouvés sur les côtes mais au fond des océans, à des milliers de kilomètres des sources de pollution », explique-t-elle. Sous conditions expérimentales, l’ingestion de micro-plastique provoque des conséquences telles qu’une réduction de la fécondité, de l’alimentation (qui influe sur les réserves d’énergie), l’accroissement du stress, la réduction de la capacité à éliminer les bactéries pathogènes, et enfin la perturbation de la stabilité des lysosomes (organite servant de poubelle cellulaire). Il reste cependant très difficile de comprendre l’impact biologique du micro-plastique ; il faudrait étudier les effets à différents niveaux (l’âge, l’alimentation…) sur une population et un écosystème donnés, ce qui est particulièrement difficile à effectuer dans les profondeurs marines.

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