Dossier: l’événement de Carrington ou la menace des éruptions solaires

Dossier présenté dans l’épisode 12.

Commençons par les fondamentaux: qu’est-ce qu’une éruption solaire?

Si j’en crois notre bon ami Wikipedia,

Une éruption solaire est un événement primordial de l’activité du Soleil

Merci… Mais encore?

Eruption solaireElle se produit périodiquement à la surface de la photosphère et projette au travers de la chromosphère des jets de matière ionisée qui se perdent dans la couronne à des centaines de milliers de km d’altitude. En plus des particules et des rayons cosmiques, l’éruption s’accompagne d’un intense rayonnement (UV, rayons X, etc.) qui perturbe les transmissions radioélectriques terrestres (orage magnétique) et provoque l’apparition des aurores polaires en entrant en interaction avec le champ magnétique terrestre.

Si laisse un peu tomber les termes peu évocateurs de photosphère, de chromosphère, de matière ionisée, je retiens pour ma part que c’est une activité intense (genre Tsunami) à la surface du soleil qui balance des UV et de rayons X en quantités invraisemblables autour du soleil. Pour ce qui nous concerne directement, la Terre se retrouve bombardée de rayons violents. Elle subit d’importants orages magnétiques. On voit apparaître des aurores polaires; les boussoles perdent le Nord et tout ce qui est électrique est détraqué.

Il existe différentes intensités d’éruptions solaires. Des toutes petites de rien du tout qui ne font “que” plonger le Québec dans le Moyen-Âge par exemple, comme ce fut le cas en 1989, lorsqu’un orage magnétique résultant d’une éruption solaire a tout simplement détruit le système électrique d’Hydro-Québec. Et il y en a d’autres, tous les 500 ans environ, qui sont d’une violence absolument inouïe!

(Comment sait-on qu’elles ont lieu tous les 500 ans? C’est tout simple: ces éruptions laissent des traces dans les glaces du Groenland sous forme de nitrates et de béryllium 10, isotope hautement radioactif du béryllium, et aisément identifiable. Sujet fascinant d’ailleurs que le béryllium, mais on le traitera une autre fois 😉

L’éruption solaire la plus importante jamais enregistrée à ce jour est La tempête solaire de 1859 (ou l’événement de Carrington)

Notre bon ami Wiki nous en dit ceci:

(L’événement de Carrington) est une série d’éruptions solaires ayant eu lieu à la fin de l’été 1859 et ayant notablement affecté la Terre. Elle a notamment produit de très nombreuses aurores polaires visibles jusque dans des régions tropicales, et a fortement perturbé les télécommunications par télégraphe électrique.

Les conséquences à l’époque

Présenté comme ça, ça a l’air presque anecdotique. Mais il faut savoir que c’était un événement d’une violence inouïe! On pouvait lire le journal dans la rue en pleine nuit sous l’effet des aurores polaires…

On estime que 5% de l’ozone atmosphérique a été détruit lors de la tempête. La température très intense de l’éruption (50 millions de degrés à sa naissance) a permis d’accélérer des protons issus du Soleil à des énergies folles. Ces protons énergétiques ont réagi par interaction forte avec des atomes d’azote et d’oxygène de la haute atmosphère terrestre, donnant naissance à des neutrons, et également à l’origine de la formation de nitrates qu’on a retrouvés dans les carottages glaciaires, nitrates dont l’abondance correspondait à celle ordinairement formée par le vent solaire pendant 40 ans.

Les aurores ont par la suite généré des courants électriques dans le sol, qui ont affecté les circuits électriques existant, notamment les réseaux de télégraphie électrique: les pylônes ont commencé à produire des étincelles. Le papier télégraphe a pris feu dans les offices. Les télégraphistes ont reçu d’importantes décharges électriques. Et le système restait actif même en débranchant les batteries…

Je ne voudrais pas jouer les oiseaux de mauvais augures et annoncer une catastrophe énorme la prochaine fois que ça arrivera, mais il faut bien admettre que le peu de réseau de communication de l’époque a bien souffert. Vous vous imaginez un peu ce qui arriverait aujourd’hui?

Là où, en 1859, nous n’avions qu’un réseau de télégraphes, nous avons aujourd’hui:

  • Le réseau électrique,
  • Le téléphone,
  • Le câble,
  • Les réseaux informatiques et l’Internet en particulier,
  • Les réseaux mobiles,
  • Les satellites,
  • Des milliards d’appareils alimentés par le réseau ou par des batteries, enclenchés ou en mode veille.

Il n’existe à ma connaissance aucune réglementation quant à la protection des appareils contre ce genre de turbulences électro-magnétiques exceptionnelles. Vous vous doutez bien que ce ne sont pas les fabricants qui y vont y aller de leur petite initiative pour blinder systématiquement leurs appareils contre ces risques exceptionnels. C’est évident, ces opérations-là ont un coût, le marché est hyper-concurrentiel et si personne ne légifère, il ne se passera rien.

J’ai un petit scoop quand même: tous les appareils allumés ou en veille à portée de l’orage magnétique vont mourir de leur petite mort. En espérant qu’ils n’explosent pas dans votre poche. En d’autres termes, si vous avez laissé votre PC allumé ce jour-là, vous avez intérêt à avoir une copie de  vos données quelque part pour ne pas tout perdre. Sur un disque éteint s’entend et idéalement un support non-magnétique, genre DVD ROM. Votre smartphone? Bin oui, à moins qu’il ne soit éteint au moment où tout le monde paniquera et voudra appeler ses proches, il passera aussi à la casserole… A moins que vous ne vous trouviez dans un avion au moment fatidique… Mais dans ce cas, ce problème de smartphone paraîtra bien dérisoire. Même éteint, il ne survivra sans doute pas au très probable crash (tant les avions aujourd’hui et les moyens de transport en général sont dépendants de l’électronique)…

Et sur Terre, ce ne sera pas forcément beaucoup plus joyeux. Pensez plutôt: toute notre économie se base maintenant sur des flux financiers virtuels, du paiement par carte au supermarché du coin jusqu’au versement de votre salaire sur votre compte bancaire ou postal. Le temps de remonter le système après la catastrophe, pour autant qu’on ait encore les données quelque part sur un support exploitable, on pourrait en avoir pour des semaines à bouffer des biscuits de l’armée avant que l’économie ne re-décolle.

Bon, je donne exceptionnellement dans le dramatique. J’aime bien faire mon petit effet. Mais si ça peut vous rassurer, pour une

http://creditnoproblems.com/post/credit-restoration-programs-02.html

fois, je ne suis pas moi-même complètement convaincu de ce que je raconte. Les derniers paragraphes de ce dossier sont issus de ma compréhension personnelle du problème et d’une agrégation mentale rapide et pas très élaborée des différentes choses que j’ai entendues sur le sujet. Je n’ai malheureusement pas eu le temps de faire les choses comme j’aurai dû les faire cette semaine, c’est à dire de manière rigoureuse et scientifique, en fouillant dans les sources disponibles pour étayer chacune de ces affirmations.

Quand aura lieu la prochaine éruption solaire?

Si on fait abstraction de toutes les prédictions mystiques qu’on trouve sur Internet qui mélangent allègrement calendrier maya et orages solaires en prédisant l’apocalypse pour 2012, on trouve quand même des projections intéressantes.

Selon un récent article du Daily Mail, les plus grands experts mondiaux sur la question se sont réunis en juin dernier à Washington pour partager leur avis sur la question. Verdict unanime: 2013! La Nasa emploie actuellement des douzaines de satellites y compris l’observatoire solaire SDO (Solar Dynamics Observatory) pour mesurer en temps quasi-réel l’activité du soleil et élabore des procédures pour mettre toute son électronique (y compris les satellites en standby) le moment venu.

Je passe sur l’article du Sun (justement 😉 ) qui se la joue remake des grands films catastrophe holywoodiens. Mais nous présente néanmoins une jolie petite vidéo de ce à quoi ressemble un orage solaire.

L’activité solaire fonctionne par cycles de 11 années environ. Depuis qu’on a commencé les mesures en 1755, nous en sommes au 24e cycle. Et celui-ci doit voir son activité atteindre son maximum en mai 2013. Le niveau des éruptions sera probablement très important mais on sera encore loin de celui de l’événement de Carrington. Un article publié sur le site de la Nasa en 2009 fournit les détails de cette prédiction mais recommande tout de même de prendre l’information avec des baguettes: “Marquez la date Mai 2013 dans votre calendrier, mais marquez-la avec un crayon”.

Combien de temps à l’avance le saura-t-on? Comment se préparer?

détection précoce des éruptions solaires
détection précoce des éruptions solaires

C’est un peu là que le bât blesse, jusqu’à maintenant, on savait prédire les éruptions solaires importantes quelque 30 à 90 minutes à l’avance, en observant les fameuse taches solaires qui disparaissent peu avant l’éruption à proprement parler. Et franchement, en l’absence de procédure pré-établie et connue du grand public, avec des délais pareils, avec un peu de bol, il vous resterait juste les yeux pour pleurer… Mais heureusement, c’est en train de changer. Des chercheurs russes, chinois et américains travaillent sans relâche sur le sujet. J’ai trouvé des dizaines de publications dans Google Scholars rien que pour l’année 2010. Et une équipe américaine vient d’annoncer qu’elle a mis au point une technique qui permet d’annoncer les orages solaires avec 2 à 3 jours d’avance (merci à mon ami Patrick qui a déniché cette news)

Voilà, il y aurait sans doute encore des centaines de choses à dire sur le sujet, mais mon emploi du temps de la semaine – un peu en forme d’éruption elle aussi –  ne m’a malheureusement pas permis de fouiller davantage. Ceci dit, la problématique est très bien documentée et les liens suivants permettent d’approfondir.

Et bien sûr si l’un-e de nos poditeurs-euses connaît le sujet et veut partager un complément d’information, nous sommes preneurs!

Quelques liens pour aller plus loin:

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