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A Tchernobyl, l’arche confinant le réacteur est enfin en place, 30 ans après la catastrophe

+ VIDEOS Dimanche dernier à 17h30, treize jours après le début de sa poussée, la nouvelle enceinte de confinement de 36.000 tonnes a trouvé la position qui sera la sienne pour un siècle. Ce mardi matin, une cérémonie a marqué le tournant du chantier.

Par Myriam Chauvot

Publié le 29 nov. 2016 à 06:01

Il aura fallu 14 jours de poussées pour faire franchir à l’enceinte de confinement de Tchernobyl et ses 36.000 tonnes d’acier et de béton les 327 mètres la séparant du réacteur accidenté, du lundi 14 novembre au dimanche 27. Lentement, à raison de 60 centimètres par poussée, effectuée par plus de 200 vérins hydrauliques, l’arche de 162 mètres de long et de 108 mètres de haut a glissé jusqu’à sa position au dessus du réacteur, . « Une étape énorme vient d’être franchie », se félicite Nicolas Caille, le patron de Novarka, le consortium de Bouygues et Vinci en charge du chantier de Tchernobyl. C’est la plus grande structure terrestre mobile jamais construite, elle pourrait accueillir le Stade de France

2,1 milliards d’euros de travaux

Pour marquer le confinement définitif du réacteur accidenté en 1986, l’inauguration officielle du site mardi s’est déroulée en présence du président ukrainien Petro Porochenko, sous une tente érigée à 300 mètres de l’arche sous laquelle se pressaient quelque 500 personnes, dont pas moins de 200 représentants de médias. Novarka, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) – qui a financé en bonne partie les 2,1 milliards d’euros de travaux de Tchernobyl –, les pays donateurs, l’autorité de sûreté nucléaire ukrainienne (la CHNPP) et le gouvernement, tous ont tenus à être là. Mais ce n’est pas la fin des travaux pour le tandem français de Novarka. « Le contrat signé en 2007 s’achève le 30 novembre 2017, précise Nicolas Caille. Nous avons maintenant un an pour poser les membranes d’étanchéité de l’arche et procéder à tous les tests ». Il s’agira aussi de poser les deux portes du bâtiment de cinq étages, de 150 tonnes chacune et réalisées par le strasbourgeois Baumert, qui permettent d’entrer dans l’arche.

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Car l’arche a un double rôle : confiner les poussières radioactives, afin d’empêcher leur diffusion, et aussi servir d’espace pour la déconstruction future du vieux sarcophage – construit en 1986, il n’avait qu’une durée de vie de trente ou trente cinq ans – et du réacteur pour gérer les matières nucléaires. D’ici là, tout a été prévu. « En cas de tremblement de terre, l’arche sera l’endroit le plus sûr d’Ukraine, assure le patron du consortium. Elle est même conçue pour résister aux tornades 3, qui n’existent pas aujourd’hui dans cette partie du monde, afin de tenir compte du réchauffement climatique dans le futur ».

Porte-outils et ponts roulants

Dans la même optique il fallait que le matériau soit inaltérable dans le temps. Problème : l’enceinte de confinement est une structure métallique en acier. Elle craint donc la rouille et contrairement à la Tour Eiffel, repeinte tous les dix ans, il ne sera pas possible de réintervenir dessus. Afin de prévenir la rouille, elle a donc un revêtement intérieur et extérieur en inox et sa structure en sandwich comporte un espace intérieur dépressurisé où circulera en permanence de l’air chaud et sec. « Nous sommes sur ce projet depuis 1992 et nous avons la certitude que dans 100 ans, nos successeurs sur ce chantier verront que cette arche sera toujours là », a déclaré Xavier Huillard, le PDG de Vinci, accompagné du patron de Bouygues construction, Philippe Bonnave.

Assemblée à 300 mètres du réacteur, l’enceinte a été dotée, en perspective des futures opérations de démantèlement, de porte-outils et de deux ponts roulants de 100 mètres de long et de 800 tonnes chacun. Accrochés à la voûte de l’arche, à 100 mètres du sol, ces ponts roulants d’une taille hors norme serviront lorsqu’il faudra casser le béton, scier les poutres d’acier et récupérer les matières radioactives du réacteur. Une fois démantelé le sarcophage russe de 1986, confinant encore 80% du magma hautement radioactif, il faudra avoir trouvé les robots adéquats pour des interventions sans présence humaine, comme à Fukushima.

Trouver des financements

Nul ne sait encore quand commencera ce travail de longue haleine. Jusqu’à présent, Tchernobyl a déjà coûté 2 milliards d’euros, dont 1,5 milliard pour le contrat Novarka. Pour l’heure, la BERD n’a pas de fonds prévus pour la suite. La déconstruction demandera donc un nouveau tour de table de pays donateurs. Mais l’arche ayant, dans le cadre du contrat de Novarka, une durée de vie minimale de 100 ans, il se peut que rien ne se passe avant longtemps.

La poussée de l'arche de Tchernobyl

Les chiffres clefs d’un chantier hors norme

1.200 personnes travaillent encore sur site actuellement dont 95% de locaux. Les travaux d’étanchéité et les tests de la nouvelle arche s’achèveront le 30 novembre 2017En période de croisière, pour le siècle à venir, la maintenance de la structure nécessitera de 100 à 200 personnes. Avec 36.000 tonnes, pour 110 mètres de haut et 160 mètres de long, l’Arche fait 3,5 fois le poids de la Tour EiffelL’arche est construite par Novarka, le consortium à parité de Bouygues et de Vinci, pour 1,5 milliard d’euros. Au total, les travaux à Tchernobyl auront coûté, fin 2017, 2,1 milliards d’euros dont 488 millions financés directement par la BERD, et 410 millions par l’Union européenne.

Les étapes de la fabrication et la poussée de l’arche de Tchernobyl (Novarka)

Myriam Chauvot, envoyée spéciale à Tchernobyl

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