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Bayer : 62 milliards et quelques doutes pour s’offrir Monsanto

+ VIDEO – L’allemand Bayer a dévoilé le montant de son offre de rachat du leader mondial des semences, avec qui il veut créer un géant de l’agrochimie. Mais l’opération est encore loin d’être réalisée.

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Le groupe allemand Bayer a fait une offre à 62 milliards de dollars pour racheter l’américain Monsanto.

Par Pierre Demoux

Publié le 23 mai 2016 à 07:35

Après plusieurs jours de rumeurs, Bayer a finalement dévoilé son jeu et a annoncé avoir mis sur la table 62 milliards de dollars (55 milliards d’euros) pour racheter Monsanto. Le groupe de chimie-pharmacie allemand a révélé ce lundi les contours de son offre pour fusionner avec le spécialiste américain des semences et des OGM. Ce qui en ferait l’une des plus grosses opérations de l’année dans le monde.

« Bayer a fait une offre en numéraire pour acquérir toutes les actions de Monsanto au prix de 122 dollars par action ou une valeur totale de 62 milliards de dollars », détaille l’industriel allemand dans un communiqué. En mettant un tel prix, il indique qu’il propose aux actionnaires de Monsanto une prime de 37% par rapport au cours de l’action du groupe américain le 9 mai, veille de l’offre.

Scepticisme des investisseurs

Sauf que, depuis, le cours de Bourse de Monsanto a beaucoup profité des premières rumeurs de fusion. Ce qui pourrait devoir pousser l’allemand à surenchérir sur cette première proposition. Or, s’il se dit « hautement confiant » dans sa capiacité à financer une telle opération, évoquant jusqu’à la possibilité de réaliser une augmentation de capital, Bayer est déjà très lourdement endetté.

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« Si le prix devait augmenter, ce que l’on doit supposer, le rachat deviendra une opération de moins en moins attrayante », redoute le fonds mutualiste allemand Union Investment, actionnaire de Bayer. Vendredi déjà, un autre actionnaire, le fonds Henderson Global Investors, avait publiquement critiqué l’intérêt de l’opération et son impact sur le groupe.

Depuis la révélation de son intérêt pour Monsanto, le titre du chimiste a décliné pour atteindre son plus bas niveau depuis octobre 2013, connaissant même sa pire chute en sept ans lors de la journée de jeudi, quand il a annoncé avoir transmis une offre aux dirigeants de Monsanto.

Monsanto, un géant en difficulté

Le groupe américain avait alors révéléavoir reçu une approche non sollicitée du groupe allemand, sans qu’aucune des deux parties ne dévoile son montant – « Bloomberg News » évoquait une proposition à 40 milliards de dollars.

Une telle fusion pourrait en tout cas donner naissance à un géant mondial du secteur des pesticides et des engrais, au sein d’un secteur en plein bouleversement ces derniers mois après l’annonce du mariage des américains Dow Chemical et DuPont et le rachat par le chinois ChemChina du suisse Syngenta... que convoitait aussi Monsanto.

L’échec de cette tentative et un contexte difficile (baisse des commandes des agriculteurs à travers le monde, ralentissement des économies émergentes) ont pesé sur les résultats de l’américain. Celui-ci a engagé un plan de restructuration, avec 3.600 suppressions d’emplois d’ici 2018 à la clé, ainsi que des dépressions d’actifs et la fermeture de plusieurs sites à travers le monde.

Des économies et un défi de taille

« Ensemble, nous allons puiser dans l’expertise collective des deux groupes pour construire un leader de l’agriculture avec des capacités d’innovation exceptionnelles pour le bénéfice des agriculteurs, des consommateurs, de nos employés et des communautés dans lesquelles nous opérons », affirme le patron de Bayer, Werner Baumann.

Arrivé aux commandes de Bayer le 1er mai, celui-ci se lance dans un défi de taille. En avalant Monsanto, Bayer espère réaliser, au bout de trois ans, environ 1,5 milliards de dollars d’économies et enregistrer une hausse de son bénéfice par action d’environ 5% la première année et d’au moins 10% les suivantes.

Mais pour l’heure, rien n’est encore fait. Même si l’offre est acceptée, celle-ci doit encore être validée par les autorités américaines et européennes de la concurrence, qui se sont récemment montrées réticentes sur plusieurs fusions entre géants dans différents secteurs. Et l’agitation actuelle du secteur de l’agrobusiness risque d’attirer une attention accrue de la part des gendarmes des deux côtés de l’Atlantique sur ces différents mariages.

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Mauvaises réputations

Créé en 1901, Monsanto a d’abord été un producteur de plastiques, comme le polystyrène, avant de se spécialiser dans les biotechnologies agricoles à la fin du XXe siècle : pesticides (dont le célèbre Roundup), semences et surtout OGM lui ont attiré une image détestable aux yeux de ses détracteurs. Au point de devenir l’une des entreprises les plus haïes du monde, capable de mobiliser une « marche mondiale » contre lui le week-end dernier. Son passé de fabricant de l’Agent orange, utilisé par l’armée américaine au Vietnam, et des PCB (les « pyralènes »), produits qui s’avéreront toxiques, n’aide pas à redorer son blason.De son côté, Bayer peut aussi « se targuer » d’une réputation écornée par l’un de ses pesticides, le Gaucho, accusé de décimer les abeilles. Et parmi les produits sortis lors de ses plus de 150 ans d’histoire, il compte aussi l’héroïne, utilisée à l’origine comme médicament à la fin du XIXe siècle avant d’être détourné de son usage.

P. Dx

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