Déconfinement : à La Réunion, ils développent leur propre appli de traçage

Des entrepreneurs locaux ont initié ce projet, sans attendre les arbitrages du gouvernement à propos de « Stop Covid ».

LP/Philippe Lavieille

    [Edit : cet article a été mis à jour le 2 mai]

    Une alternative locale à Stop Covid? Conçue à la Réunion par la société de développement informatique Medialight avec le soutien d'entreprises locales, « Ansamb » (prononcer Ensemb') est une application de traçage pour smartphones visant à alerter la population qu'elle a été en contact avec une personne contaminée. Tout comme le projet - contesté - du gouvernement.

    Actuellement en développement, cette app à destination des Réunionnais devrait être disponible d'ici le 11 mai.

    Un identifiant chiffré pour chaque personne croisée

    « Pour utiliser Ansamb, explique Philippe Arnaud-Marquier, directeur général de Medialight, il faut l'activer à chaque fois que l'on va croiser des gens. » Ainsi, lorsqu'on va faire ses courses, par exemple, l'application capte, via le Bluetooth, la présence à proximité de toute personne utilisant Ansamb. L'appli attribue alors à chacune d'elles un identifiant chiffré qui sera conservé 21 jours sur un serveur dédié. C'est la « pseudonymisation » des gens croisés.

    Si par la suite, un médecin m'apprend que je suis contaminé par le Covid-19, je peux déclencher une alerte à toutes ces personnes. Pour la valider, je dois entrer un code fourni par le médecin. « C'est une sécurité, pour éviter qu'une personne qui se croit contaminée mais ne l'est pas alerte inutilement les autres », précise le concepteur de l'appli. Quand l'alerte est déclenchée, l'application demande au serveur d'utiliser les identifiants stockés pour envoyer des « notifications d'exposition » sans dévoiler l'identité de la personne contaminée.

    Pas de géolocalisation

    De nombreuses précautions ont été prises en matière de confidentialité, assure Philippe Arnaud Marquier. « À aucun moment le nom ou le numéro de téléphone des gens n'est relevé et enregistré, et il n'y a pas de dispositif de géolocalisation. Chaque personne croisée est représentée par un numéro, un identifiant chiffré qui change régulièrement. »

    Pas de possibilité de traçage social, d'exploitation des données… Juste un acte volontaire à accomplir dans l'intérêt de tous ? « C'est comme lorsque vous sortez, glisse le directeur général : vous mettez votre masque ? Et bien là, en plus, vous activez votre application. » « Il faudra que 70 % de la population utilise l'application si l'on souhaite la voir pleinement efficiente, admet l'un des financeurs, Alfred Chane Pane. C'est faisable sur un territoire comme La Réunion. »

    Initiative public-privé

    Ansamb est une initiative public-privé, soutenue par un collectif d'entrepreneurs baptisé « Mouvement Solidaire des Entrepreneurs Réunionnais ». Il a financé 50 % du projet, l'autre moitié (35 000 euros) provient d'un fonds d'aide de la préfecture. « Si les employeurs soutiennent ce projet, c'est parce que chez nous, à La Réunion, les crises économiques ont un impact beaucoup plus violent qu'en métropole. Chacun ici a donc à cœur de réussir le déconfinement pour relancer l'économie locale. »