Carburant : le GNV tente une échappée

Plus propre que le diesel et l'essence, le Gaz Naturel pour Véhicules (GNV) séduit de plus en plus de transporteurs, mais souffre encore d'un réseau de distribution limité pour se développer auprès du grand public.

Carburant : le GNV tente une échappée

    Plus discret que l'électrique et l'hybride, le GNV (Gaz Naturel pour Véhicules) n'en trace pas moins son sillon et se fait une place grandissante dans les achats de véhicules neufs à travers le monde.

    Sur le plan environnemental, il affiche 95 % de réduction des émissions de particules et 85 % de réduction des NOx (oxydes d'azote) par rapport au diesel (*). Ses émissions de CO2 sont inférieures de 25 % à celles de l'essence et de 10 % à celles du diesel (*). Les nuisances sonores sont divisées de moitié et la combustion n'émet aucune odeur (*). Par ailleurs, le biométhane, la version renouvelable du GNV produit à partir de la biomasse, de déchets ou d'ordures ménagères, présente un bilan carbone neutre (*).

    Une solution éco-responsable

    Motivés par leurs bilans environnementaux, de plus en plus de transporteurs et de donneurs d'ordres font le choix du GNV. C'est le cas des Transports Mauffrey qui ont intégré un camion Iveco Stralis GNV de 40 tonnes à leur flotte. La décision a été prise à la suite de la demande de Placoplatre, client du transporteur qui souhaitait bénéficier d'une solution responsable vis-à-vis de l'environnement pour livrer ses clients à Paris et en Ã?le-de-France.

    Une équation économique favorable

    « Sur le plan économique, le GNV nous apporte des réponses satisfaisantes puisqu'il est moins cher que le diesel et que sa consommation est moindre », se félicite Jérôme Grassi, directeur technique des Transports Mauffrey.

    Selon l'Association Française du Gaz Naturel pour Véhicules, face au gazole, la consommation est réduite de 5 % et le bénéfice sur le prix à la pompe s'élève à 8 %. Même si cette comparaison date de fin 2012 à une époque où les prix du diesel étaient plus élevés, ces avantages demeurent et permettent d'amortir le surcoût à l'achat.

    Carrefour carbure au GNV

    Sur le territoire hexagonal, le déploiement le plus ambitieux est à mettre au crédit de Carrefour. En mars dernier, l'enseigne a annoncé la mise en service de 200 camions biométhane d'ici à 2017.

    Cette flotte livrera les magasins de Carrefour situés à Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille et Lille. Cette opération s'inscrit dans le cadre du plan de réduction de l'empreinte environnementale de l'enseigne qui vise à réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre entre 2009 et 2020.

    Le silence est d'or

    Grâce à ses poids lourds biométhane, Carrefour table sur une baisse de 20 000 tonnes de ses émissions de CO2 en trois ans. Parallèlement au bénéfice en termes de pollution locale et de réchauffement climatique, le distributeur insiste également sur la réduction des nuisances sonores. Ses camions biométhane respectent la norme internationale PIEK qui garantit un niveau sonore inférieur à 65 dB, soit l'équivalent d'une conversation normale entre deux personnes.

    Des pompes encore trop rares

    Si le GNV grignote progressivement des parts de marché, son développement auprès du plus grand nombre se heurte encore à un obstacle : en France, sur les 300 stations d'approvisionnement existantes, seules 40 sont ouvertes au public.

    Difficile d'acheter un véhicule GNV quand la station la plus proche se trouve à des dizaines de kilomètres de sa zone de résidence. Pour combler cette lacune, une directive européenne demande aux Gouvernements nationaux de densifier leur réseau.

    Si l'objectif est atteint, l'Association Française du Gaz Naturel pour Véhicules estime qu'en 2035, 10 à 20 % des véhicules terrestres rouleront sur les routes françaises grâce à cette énergie. Encore faut-il que les intentions européennes soient suivis d'effets sur le sol hexagonal.

    (*) Sources : Iveco, Ademe et UTAC

    Le GNV en chiffres

    Aujourd'hui, plus de 17 millions de véhicules fonctionnent au GNV à travers le monde. Entre 2000 et 2010, ce nombre a augmenté de 18 % par an, puis de 25 % en 2011 et en 2012 (source : NGV Global).

    NGVA Europe et International Gaz Union, associations de promotion de cette énergie, estime qu'en 2020, 65 millions de véhicules au GNV rouleront sur les routes à travers le monde, soit 9 % du parc roulant. En France, les derniers chiffres datent de 2013. A cette date, le parc GNV hexagonal rassemblait 2 400 bus, 800 bennes à ordures ménagères, 200 camions et 10 000 automobiles et camionnettes.