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Palestine à l'ONU : cette presse israélienne qui dit "oui"

Une partie de la presse israélienne fustige le "non" attendu d'Israël à l'Assemblée générale de l'ONU, qui dénote face au "oui" massif de la communauté internationale.

Par Hélène Sallon

Publié le 29 novembre 2012 à 21h31, modifié le 29 novembre 2012 à 21h41

Temps de Lecture 5 min.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, en novembre 2011.

A l'Assemblée générale des Nations unies, ce jeudi 29 novembre, Israël votera "non" à une résolution faisant de la Palestine un Etat observateur à l'ONU. L'ensemble de la classe politique israélienne voit en effet cette initiative d'un mauvais œil. Comme l'exprime, dans une tribune publiée par le quotidien Maariv, le journaliste Ben Dror Yemini, nombreux en Israël pensent que cette demande de "reconnaissance se substitue à la paix". "Les Palestiniens se sont tournés vers les Nations unies non pour faire avancer le processus de paix mais pour le contourner. Car le processus de paix suppose des compromis", écrit l'éditorialiste.

Au sommet de l'Etat, après une campagne active pour le "non" auprès de la communauté internationale, le silence radio s'est imposé au cours des derniers jours. La campagne de communication israélienne n'a vraisemblablement pas convaincu. La défaite israélienne est assurée. Comme l'écrit le journaliste Barak Ravid dans le quotidien Haaretz, "le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, le ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman, et le ministre de la défense, Ehoud Barak, auraient compris que la victoire palestinienne à l'ONU est une défaite pour Israël et une défaite personnelle pour chacun d'entre eux".

MINIMISER LES DÉGÂTS

Désormais, tout est fait au sein de l'administration israélienne pour faire du vote un "non-événement". "Ce soir, il y aura certainement des célébrations à Ramallah, mais vendredi matin, il n'y aura aucun changement sur le terrain", a ainsi voulu minimiser un responsable israélien. Cette posture est illustrée par le fait qu'Israël a déjà annoncé qu'aucune sanction ne serait prise contre les Palestiniens en représailles.

Un enfant palestinien à Gaza, le 22 novembre.

Une prudence que le journaliste du quotidien Haaretz Chemi Chalev, analyse comme le résultat de différents facteurs comprenant "la réélection de Barack Obama, les conséquences de l'opération 'Pilier de défense' dans la bande de Gaza, la nécessité de se concentrer sur l'Iran et la plus récente complication : la bataille autour de la formation de la nouvelle liste à la Knesset sélectionnée par le Likoud lundi". Comme l'analyse le journaliste, la dernière chose dont Nétanyahou a besoin est une confrontation avec l'Autorité palestinienne qui pourrait engendrer "un isolement international d'Israël, des tensions renouvelées avec les Etats-Unis, la Cisjordanie et un éclatement général où les nouvelles stars du Likoud exprimeraient leurs vrais sentiments nationalistes sur ces questions".

Les options du premier ministre israélien sont en effet limitées après l'offensive de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, entre le 14 et le 22 novembre. Les commentateurs israéliens, dans l'ensemble, comprennent qu'un revirement d'opinion a eu lieu depuis. "Alors que le parti au pouvoir vire à droite, la communauté internationale, y compris les amis d'Israël, vire à gauche. Ils ne sont plus prêts à accepter l'occupation israélienne de la Cisjordanie", analyse ainsi Barak Ravid.

En 2007, la conférence d'Annapolis, aux Etats-Unis, réunissait le président palestinien Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien d'alors, Ehoud Olmert.

Un seul homme, qui s'apprête peut-être à annoncer son retour dans la course politique contre Benyamin Nétanyahou à l'occasion des élections législatives anticipées du 22 janvier, s'est départi de cette prudence pour assumer une position plus atypique. Dans un billet publié sur le blog Open Zion du Daily Beast, l'ancien premier ministre Ehoud Olmert estime que "la demande palestinienne […] est conforme au concept d'une solution à deux Etats. De ce fait, je ne vois aucune raison de s'y opposer". Une nécessité, selon lui, pour favoriser les forces modérées au sein du camp palestinien. A la suite de cette reconnaissance, "nous, en Israël, devront nous engager sérieusement dans un processus de négociations, afin de nous entendre sur des frontières spécifiques sur la base des frontières de 1967 et résoudre les autres questions", a-t-il ajouté.

LE CAMP DU "OUI"

Ehoud Olmert ne prêche pas seul dans le désert à en juger par les éditoriaux et tribunes publiés dans une partie de la presse israélienne. "Reconnaître un horizon diplomatique", titre ainsi le quotidien Haaretz dans son éditorial. "Un Etat palestinien reconnu donnera à Israël un partenaire responsable, ayant un soutien international, qui va représenter l'ensemble du peuple palestinien et pourra prendre des décisions en son nom. Il n'y a aucun fondement à la peur d'Israël de la reconnaissance internationale de la Palestine", met en avant le quotidien de centre-gauche. Et de conclure : "La reconnaissance d'un Etat palestinien n'est pas un obstacle à la paix", appelant Nétanyahou à montrer qu'il est aussi pour la paix et qu'il peut ouvrir des perspectives diplomatiques que "les Israéliens méritent aussi".

Le "oui" est également soutenu par certains commentateurs à titre individuel qui voient dans le "non" une nouvelle erreur tactique d'Israël. "Après Gaza, avant l'ONU, Israël semble plus isolé que jamais dans une région qu'il s'est mise à dos et aliénée avec son occupation implacable et écrasante", écrit ainsi la journaliste israélienne Rachel Shabi dans une tribune au quotidien Haaretz. "Ce qui est palpable, c'est le sens de l'impasse, des tactiques aveugles d'Israël qui active toujours les mêmes manettes, tout en espérant des résultats différents", poursuit-elle.

Le 11 novembre à Ramallah, Mahmoud Abbas annonçait que la demande de rehaussement du statut palestinien serait présentée à l'Assemblée générale de l'ONU le 29 novembre.

"Si Israël était un pays sage et raisonnable, il aurait rejoint la famille des nations, ce soir, pas celle qui comprend la Micronésie, et aurait voté fièrement pour l'achèvement du précédent vote un 29 novembre [en 1947 quand l'Assemblée générale de l'ONU a adopté le plan de partage de la Palestine qui prévoyait l'établissement d'un Etat juif et d'un Etat arabe] : deux Etats pour deux peuples", prêche également le journaliste Gideon Levy dans Haaretz.  Le "non" d'Israël est aussi un non à son patron, les Etats-Unis, estime-t-il, qui "va apparemment une fois encore s'humilier et attirer davantage de haine en votant automatiquement pour Israël". Et de conclure : "Un Israël qui s'oppose à la résolution des Nations unies est un Israël qui veut renforcer le Hamas et le retour du terrorisme."

Le journaliste Zvi Barel, toujours dans Haaretz, ne voit que des avantages à la reconnaissance d'un Etat palestinien pour Israël : "Après qu'Israël aurait ravalé sa colère, il réalisera qu'un Etat palestinien officiel, même un Etat que le Hamas aide à gouverner, pourra être un partenaire plus responsable pour gérer le quotidien que deux autorités se combattant l'une l'autre. La paix peut ne pas en résulter, mais la qualité de vie de 5,5 millions de Palestiniens vaut aussi beaucoup. Ils méritent un Etat." Une analyse que partage l'éditorialiste du Yedihot Aharonot, Sever Plocker : "Le gouvernement israélien peut et doit faire un grand pas […] en annonçant qu'il retire son objection à la demande de l'Autorité palestienne […], enjoint-il. Israël doit même voter pour la résolution. Ce choix ne pose aucun risque à Israël, mais a beaucoup d'avantages : le gouvernement Nétanyahou cesserait immédiatement d'apparaître comme un 'objecteur de paix', nos relations avec le monde arabe modéré et les chefs du printemps arabe changeraient et le peuple palestinien réaliserait que l'Autorité palestinienne est son avenir et le Hamas son passé."

 
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