Nucléaire Areva : une anomalie dans les matériaux de la cuve de l’EPR

Suite à des tests sur échantillons, Areva Saint-Marcel a détecté une norme non respectée sur les matériaux utilisés pour le couvercle et le fond de cuve de l’EPR de Flamanville…
Eric Pellenard - 09 avr. 2015 à 05:00 | mis à jour le 09 avr. 2015 à 09:16 - Temps de lecture :
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La cuve dans son ensemble mesure 13 mètres de haut  pour 5,4 mètres de circonférence et pèse plus de 500 tonnes.   Infographie de l’Agence de sûreté nucléaire
La cuve dans son ensemble mesure 13 mètres de haut pour 5,4 mètres de circonférence et pèse plus de 500 tonnes. Infographie de l’Agence de sûreté nucléaire

Fin 2013, l’usine Areva de Saint-Marcel livrait le corps de cuve du futur EPR de Flamanville (Manche). Les calottes du couvercle et du fond de cuve, fabriquées par Creusot Forge, doivent suivre dans quelques mois pour cette future centrale nucléaire dont les retards et surcoûts par rapport aux prévisions ont déjà suscité de nombreuses critiques.

Le suivi de la construction de ces pièces implique la réalisation de tests sur des échantillons représentatifs de la composition de l’acier, dont les résultats doivent être communiqués à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ce début de semaine, cette instance a annoncé que des tests réalisés fin 2014 par le groupe nucléaire avaient démontré « la présence d’une zone présentant une concentration importante en carbone et conduisant à des valeurs de résilience mécanique plus faibles qu’attendues. »

Les pièces concernées, sortes de demi-sphères de près de 5 mètres de diamètre, sont particulièrement importantes en terme de sécurité. Elles font l’objet de tests d’autant plus nombreux et poussés que cette cuve est la seule pièce qui ne peut être changée durant toute la durée de vie du réacteur.

« Défaut de maîtrise de la qualité des fabrications »

Areva ne souhaite pas communiquer directement sur ce dossier mais le groupe va réaliser durant les prochaines semaines des essais supplémentaires destinés à démontrer la conformité de ses matériaux par rapport aux normes imposées par l’ASN. Concrètement, selon cette instance, il s’agira « d’une nouvelle campagne d’essais approfondie sur un couvercle représentatif pour connaître précisément la localisation de la zone concernée ainsi que ses propriétés techniques ».

Elle précise aussi, sans concession, que « les essais réalisés à ce stade mettent en lumière un défaut de maîtrise de la qualité des fabrications ayant un impact sur les caractéristiques mécaniques des matériaux. Areva doit justifier que les phénomènes en cause sur les calottes sont bien identifiés, maîtrisés et n’affectent pas d’autres zones de ces composantes que celles prévues. »

De nouveaux retards ?

Le programme d’essais complémentaires et sa bonne réalisation se feront bien sûr sous le contrôle de l’ASN, qui a aussi informé ses homologues étrangères concernées par la construction d’un réacteur EPR, en particulier pour Taishan 1 et 2 (Chine), dont les calottes de cuves ont aussi été fabriquées par Creusot Forge.

Si la possibilité de nouveaux retards dans la livraison de l’EPR de Flamanville (prévue initialement pour 2012, envisagée actuellement pour 2017…) crispe forcément les détracteurs du projet, elle ne semble pas encore envisagée du côté des unités de productions de Saône-et-Loire.