Les fruitiers rares
 
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Accueil > Groupes > Agrumes > Consommer la poncire, fruit de Poncirus trifoliata (L.) Raf.

 

Article publié en 2007, enrichi en 2014.
Auteur : François DROUET.
Photographies : François DROUET.
Tous droits réservés.

 

 

Consommer la poncire

 

(fruit de Poncirus trifoliata (L.) Raf.)

 

 

 

La poncire, fruit du Poncirier, Poncirus trifoliata (L.) Raf., a la réputation de ne pas être comestible et de ne présenter qu'un intérêt décoratif.  Ce n'est pas tout à fait vrai. Comestible signifie qui est consommable, qui peut être mangé sans risques par l'homme, qui est non toxique pour celui-ci. C'est le cas de la poncire. Sans toxicité, elle peut être consommée. Cependant, certains qualifient de "non comestibles" les fruits non toxiques mais qui sont désagréables au goût, ou qui présentent très peu de pulpe ou d'autres parties consommables. C'est également le cas de la poncire. Elle est amère et très peu de gens la consomment.

La poncire répand un parfum agréable lorsqu'elle est très mûre (entièrement jaune). Il est vrai que le ressenti est tout autre lorsqu'on y goûte... Son amertume est due principalement à la poncirine (isosakuranetin 7-O-neohesperidoside), polyphénol de la famille des flavanones glucosides, qui se retrouve dans d'autres agrumes (source Wikipedia). Les composés amers se trouvent surtout dans l'écorce du fruit. Il faut donc éliminer celle-ci pour consommer le fruit cru. De plus, l'amertume s'atténue à la cuisson. On peut donc réaliser quelques transformations. La consommation des fruits crus ou transformés vaut également pour Poncirus trifoliata var. monstrosa (T. Itô) Swingle, la variété naine et tortueuse du Poncirier, connue sous le nom de 'Flying Dragon'.
 

Poncires : fruits de Poncirus trifoliata (cultivar 'Flying Dragon')

Poncires : fruits de Poncirus trifoliata (ici, fruits du cultivar 'Flying Dragon').
 

Voici les utilisations de la poncire :

Fruit cru pelé : cueillir les poncires bien mûres (entièrement de couleur jaune) et les peler entières. On peut couper en deux la sphère de pulpe obtenue ou mordre directement dedans. Les nombreux gros pépins sont réputés non toxiques. Mais il ne faut pas les mâcher (altération de la qualité gustative), ni les avaler (alourdissement par des composants de texture grossière). De plus, nous n'avons aucune preuve qu'ils ne provoquent pas des désordres intestinaux. Les jeter ou les récupérer pour semis.

Fruit cru non pelé : couper la poncire en deux de haut en bas, puis chacune des moitiés à nouveau en deux de haut en bas. On obtient quatre quartiers. Mordre dans le quartier en le tenant horizontalement entre le pouce et l'index, en veillant à n'extraire que la pulpe en un seul coup de dent bien ajusté. Ceci sans toucher l'écorce avec la bouche. Il faut veiller à trancher la pulpe à la limite de la couche blanche spongieuse (très amère) située au-dessous de l'écorce elle-même. Jeter le quartier débarrassé de sa pulpe. Pour les pépins, même remarque que pour le fruit cru pelé. Autres utilisations : couper en deux et presser pour obtenir du jus de substitution au jus de citron (avec le poisson, par exemple) ; confiture de poncires seules (dosage du sucre selon le goût de chacun) ; marmelade en mélangeant moitié pour moitié des poncires entières et des morceaux d'oranges douces pelées.

Pelures : marmelade de pelures (seule la partie jaune de la pelure est utilisée ; elle doit être débarrassée de la couche interne spongieuse et blanche, mais elle reste assez épaisse).

Nous n'avons cité que les modes de consommation que nous pratiquons effectivement. Il existe sur le web américain des témoignages d'utilisation de la poncire. Il s'agit de confection de confiture et de marmelade, mais aussi de boissons. On y note que la désamérisation de la peau du fruit par bains successifs est pratiquée par certains, à l'instar du procédé utilisé pour les glands. Beaucoup conseillent de laisser reposer les fruits deux semaines avant de les utiliser, ce qui augmenterait significativement la quantité de jus.

Dans la littérature, d'autres utilisations de la poncire sont mentionnées : aromatisation du thé, condiment avec les zestes séchés et réduits en poudre, lanières de zeste confites... Nos amis de Plant For A Future notent 3 sur 5 la comestibilté de la poncire dans leur remarquable base de données et fournissent un certain nombre de références bibliographiques. En fait, ils pourraient en citer plus. La quasi-totalité des ouvrages anciens recensant les fruits comestibles mentionnent des utilisations alimentaires pour la poncire. 
 

Poncires : fruits de Poncirus trifoliata (cultivar 'Flying Dragon')

Poncires : fruits de Poncirus trifoliata (ici, fruits du cultivar 'Flying Dragon').
 

Toutefois, il faut placer la consommation des poncires dans un cadre ludique, d'expérimentation, de curiosité, et non dans celui d'une consommation de ménage à but économique... Mordre, ou inviter des visiteurs à mordre, dans la pulpe d'une poncire est un plaisir de curieux... Surtout si l'on expérimente successivement les deux façons de le faire. On passe un bon moment... Et pour ceux qui mangent une tranche de citron cru (ou qui ont goûté le fruit du Yuzu cru), la comparaison des goûts est intéressante.

Ramasser un kilo de poncires pour les consommer comme des mandarines n'est pas possible. D'une part, le goût de la poncire, même réduite à la pulpe, enlève toute envie de consommation de masse, d'autre part, nous n'avons pas testé l'ingestion en grande quantité de fruits crus, qui provoquerait des désordres intestinaux selon certains.

Utiliser le jus de la poncire en substitution au jus de citron est certainement une expérience à faire pour celui qui souhaite en connaître plus sur les fruits. Mais il faut reconnaître que le rendu gustatif n'égale pas celui du citron.

Expérimenter une confiture de poncires avec les fruits de son jardin est un plaisir de passionnés de fruits... Tester la marmelade de pelures, aussi. Le travail de préparation paraîtra long et pénible à ceux qui ne sont pas des passionnés : petitesse du fruit, nombre et grosseur des pépins, rapport pulpe/fruit très faible, substance collante sur les doigts et les instruments (prévoir de l'alcool pour nettoyer ces derniers si la substance résiste à votre produit lave vaisselle). Les expérimentations nécessaires avant de trouver un procédé qui paraisse satisfaisant sont longues et demandent des efforts. Certains n'arriveront d'ailleurs jamais à trouver un résultat qui leur convienne...

L'évaluation du résultat, pour la poncire comme pour un certain nombre de fruits méconnus, est tout à fait personnelle. Voici deux réactions trouvées sur Internet.

Opinion défavorable (forum Swiss-tropical) : "j'ai essayé de faire de la confiture de pelures de poncires (fruits de Poncirus trifoliata), car, selon eux, c'est comestible.... Ben en tout cas, chez moi, ça avait mauvais goût alors j'ai tout bazardé..... Et en plus c'était fastidieux, car il y avait très peu de partie utile par (petit) fruit, et en plus ça colle ces cochonneries de fruits.... Sniiiif...".

Opinion favorable (ancien site SNHF) : "un jardinier du Muséum de Paris a jadis donné une recette de confiture que je viens d'expérimenter, et qui vaut effectivement le détour. Préparer 1 kg de fruits en les vidant et en coupant les écorces en fines lamelles. Mettre à cuire avec le jus et la pulpe dans 5 litres d'eau, en présence de 6 kg de sucre et des pépins isolés dans une étamine ou une boule à infuser. Une confiture d'un beau jaune est prête à l'issue d'environ 1/2 heure de cuisson. Le résultat est très original et rappelle par certains côtés la marmelade d'orange amère. Attention, je conseille une première expérience en divisant les quantités par 10 !".

 

Au terme de cet article, nous devriez avoir les éléments pour décider si vous souhaitez vous forger votre propre opinion en rejoignant la communauté très restreinte de ceux qui parlent d'expérience de la consommation de la poncire...

 

 

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