Gilles-Eric Séralini

Cofondateur du CRIIGEN
Codirecteur du Pôle Risque de la MRSH de Caen
Membre de la direction de Spark-Vie
Membre du conseil scientifique de The Organic Center
Membre du comité de la Fondation Denis Guichard
Parrain de la Fondation d’entreprise Ekibio
Parrain de Générations Cobayes
Site : http://www.seralini.fr

Bien que son point de vue soit très minoritaire au sein de la communauté scientifique, Gilles-Eric Séralini apparaît régulièrement dans les médias et dans les conférences pour dénigrer les OGM, le plus souvent ceux de Monsanto, et le pesticide Roundup. Cofondateur du CRIIGEN et longtemps président de son comité scientifique, Gilles-Eric Séralini a quitté l’association en février 2019 et est en froid avec elle, au point de ne pas la citer dans le chapitre consacré à son parcours dans son ouvrage de 2020.
Gilles-Eric Séralini a constamment semé le doute dans l’opinion publique sur l’innocuité des OGM. Il réclame un débat scientifique contradictoire et, en particulier, des tests d’évaluation plus longs pour les OGM. Il critique les agences officielles d’évaluation des risques pour leur manque d’indépendance, traitant les scientifiques qui les composent d’incompétence ou de corruption. Concernant sa propre indépendance, il explique : «C’est un mythe, l’indépendance ! (…) Nous sommes bien sûr dépendants des citoyens qui veulent bien nous aider, même des industriels qui veulent bien nous demander des contre-expertises.» Il a d’ailleurs réalisé des expertises sur les OGM et les polluants pour différents groupes industriels, comme Carrefour (1999-2010), Auchan (2005-2010), Tipiak (2008-2009). Certains de ses travaux ont aussi obtenu des finances des milieux de l’industrie bio (Ekibio, Léa Nature, Biocoop, Botanic, Institut de l’Alimentation Bio…) ainsi que des milieux militants écologistes (Greenpeace, Testbiotech, Sustainable Food Trust…).
Le 19 septembre 2012, il défraye la chronique en dévoilant en exclusivité dans le Nouvel Obs les résultats d’une étude réalisée par le CRIIGEN sur des rats nourris pendant 2 ans avec le maïs OGM NK603. Avec une campagne de communication savamment orchestrée, devant aussi promouvoir la sortie de deux livres et d’un film sur sur ce même sujet, il arrive à créer un emballement médiatique en affirmant que leur «étude, menée durant deux ans sur des rats, établit que, même à très faible dose, l’absorption à long terme de ce maïs agit comme un poison puissant et bien souvent mortel, tout comme celle du Roundup». De nombreux scientifiques critiquent sévèrement cette étude et des journalistes scientifiques, même hostiles aux OGM, dénoncent la façon dont elle a été rendue publique. Ainsi, Sylvestre Huet, journaliste scientifique à Libération, explique : «(Gilles-Eric Séralini) a dealé avec un seul journal. Un deal mortifère pour les impératifs déontologiques journalistiques, puisqu’il passe par une exigence : pas de contre-expertise, article scientifique confidentiel, pas de critiques.» Michel de Pracontal, journaliste scientifique au Nouvel Obs, évoque aussi le financement de l’étude par deux géants de la grande distribution : «Séralini risque de se trouver dans la position de l’arroseur arrosé. Ses travaux ont été en partie financés par l’association Ceres, créée sous l’impulsion de Gérard Mulliez, le fondateur d’Auchan. Ceres rassemble plusieurs sociétés de la grande distribution, dont Auchan et Carrefour. Lesquels ont construit leur stratégie marketing, entre autres, sur la promotion de produits sans OGM…» Quant à Stéphane Foucart, journaliste du Monde, il reproche à Séralini de mettre en avant le soutien du mathématicien Paul Deheuvels, «un climato-sceptique notoire». En novembre 2013, Food and Chemical Toxicology annonce le retrait de l’article. En 2018, trois études européennes indépendantes contredisent définitivement les conclusions de l’étude Séralini. En 2020, Séralini émet l’hypothèse d’avoir été, en réponse à son étude de 2012, victime d’une tentative d’assassinat par empoisonnement, quand il a été infecté par un streptocoque multirésistant aux antibiotiques en 2013.
Selon Corinne Lepage, Séralini a «une vie spirituelle intense». Dès 1996, il devient membre du conseil scientifique de l’Université Interdisciplinaire de Paris qui milite pour une réintroduction de la spiritualité dans le champ de la découverte scientifique. Depuis les années 2000, il fréquente la nébuleuse des médecines alternatives. Ainsi, il promeut l’«écomédecine» et collabore notamment de façon étroite avec ses «amis de la Compagnie Sevene Pharma», avec qui il conçoit des médicaments homéopathiques censés détoxifier l’organisme des polluants, dont l’herbicide RoundUp. La plupart des administrateurs de cette entreprise sont membres du mouvement Invitation à la vie (IVI), classé en 1995 et 1999 dans la catégorie «sectes guérisseuses pseudo-catholiques» par la commission d’enquête parlementaire sur les sectes. De plus, Séralini est depuis 2002 membre du comité de la Fondation Denis Guichard, présidée par une proche de Sevene Pharma et d’IVI, et qui a participé au financement de nombreuses études du chercheur anti-OGM. Certains adeptes d’IVI ont participé aux séminaires de formation organisés par Séralini.
Gilles-Eric Séralini est un chercheur engagé puisqu’il a régulièrement soutenu les candidats écologistes aux élections. Toutefois, il n’hésite pas à aller dans des médias d’extrême droite, comme sur Radio Courtoisie en 2012 et en 2018, ou sur TV Libertés en 2017. Sur le plan idéologique, il est fidèle aux préceptes malthusiens, n’hésitant pas à régulièrement comparer la croissance démographique humaine à celle des bactéries. Il explique notamment : «Les miséreux qui ne peuvent avoir pour tout ciel, dans une vie de manques et de torture, que leurs instants d’orgasmes, sans pour autant connaître la contraception qui est un luxe, se reproduisent forcément plus que les autres.»
Il est enfin très sensible aux marques de reconnaissance, au point d’exhiber pendant plusieurs mois sur le site du CRIIGEN un prix bidon de «Scientifique international de l’année 2011» qui lui a été «décerné» par la société commerciale britannique IBC. Malgré l’évidence de l’arnaque dont il a été victime, Gilles-Eric Séralini n’a jamais voulu reconnaître son erreur. Son CV mentionne aussi qu’il a été fait en 1999 Commandeur de l’Ordre de l’Etoile de l’Europe, alors que ce «prix» a été l’œuvre d’un célèbre escroc belge.

Né en 1960, Gilles-Eric Séralini fait ses études à Nice et devient, en 1987, docteur en biochimie et biologie moléculaire de l’Université de Montpellier II. Il part alors pour ses recherches fondamentales quatre années dans deux laboratoires en Ontario puis au Québec. En 1990, il réussit en France le concours national de professeur des Universités. Depuis octobre 1991, il est enseignant-chercheur en biologie moléculaire à l’université de Caen. Il est l’auteur d’une centaine d’articles scientifiques ou communications à des congrès internationaux de spécialistes. Il assure plusieurs rôles dans des Commissions de l’université de Caen, où il anime une équipe de recherche qui a été associée au CNRS puis à l’INRA. Il a travaillé sur de nouvelles molécules pour le traitement du cancer du sein et la prévention.
En 1996, il est élu au conseil scientifique de l’Université Interdisciplinaire de Paris. La même année, il a été l’un des rédacteurs, avec Etienne Vernet d’Ecoropa et Jean-Marie Pelt, d’un appel de scientifiques en faveur d’un moratoire sur les OGM. En 1998, il est nommé membre de deux commissions gouvernementales sur les OGM (la CGB et le Comité de Biovigilance). En 1999, il participe à la création, avec Corinne Lepage et Jean-Marie Pelt, du CRIIGEN dont il préside le conseil scientifique. Dans le cadre de ses activités au sein du CRIIGEN, il réalise de nombreuses études scientifiques concernant le glyphosate et différents OGM.
Au début des années 2000, il participe à des Rencontres dans les Cévennes organisées par la Fondation Denis Guichard, présidée par Jean-Marie Pelt, et Etienne Vernet, pour engager une réflexion sur la nature, partant du constat qu’«une vision matérialiste et basée seulement sur le profit ne peut que nous conduire à une impasse». Ces rencontres ont lieu à Mazet, sur un domaine où se pratique la culture biologique de plantes médicinales pour la société Sevene Pharma. Plus tard, Gilles-Eric Séralini réalisera des études pour cette société qui conçoit des produits homéopathiques aux qualités «détoxifiantes». En 2001, il est récompensé d’un prix par la Fondation Denis Guichard pour «l’ensemble de ses recherches, en particulier ses expertises sur les organismes génétiquement modifiés et ses activités en faveur d’une évaluation scientifique, indépendante et éthique». En 2002, il devient membre du comité de la Fondation Denis Guichard.
Il est plusieurs fois venu témoigner en faveur des Faucheurs Volontaires d’OGM. En avril 2007, il soutient la candidature de Dominique Voynet à la présidentielle. En mai 2008, il est fait Chevalier de l’Ordre National du Mérite par la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. En décembre 2008, il participe à la création d’un réseau européen de chercheurs engagés baptisé «European Network of scientists for social and environmental responsibility» (ENSSER), qui a pour cible principale les OGM. En janvier 2010, il soutient la liste d’Europe Ecologie Basse-Normandie aux élections régionales. La même année, avec l’aide de l’ENSSER et de la Fondation Sciences Citoyennes, il lance une pétition de soutien en sa faveur, suite à des critiques qui ont été portées sur ses travaux par l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV). En novembre 2010, il poursuit en diffamation le professeur Marc Fellous, président de l’AFBV. Début 2011, Gilles-Eric Séralini gagne ce procès que sur un seul point, le tribunal estimant «que l’imputation faite au chercheur caennais “d’avoir failli à son obligation de probité intellectuelle en raison de sa dépendance à l’égard de Greenpeace, dont il recevrait une aide financière pour ses travaux” était bien diffamatoire». En revanche, le tribunal n’a pas estimé diffamatoire le qualificatif de «chercheur militant», pas plus que l’assimilation de Gilles-Eric Séralini à un «marchand de peur».
En mars 2011, il co-organise à Caen le colloque international ENSSER, CRIIGEN, Pôle Risques MRSH-CNRS sur le thème «Sustainability and holistic assessment of technologies and biotechnologies». En février et mars 2012, Greenpeace organise une tournée pour Gilles-Eric Séralini en Australie et aux Philippines. C’est lors de cette tournée qu’éclate la polémique concernant le prix bidon de «Scientifique de l’année 2011» que Gilles-Eric Séralini fait apparaître sur son CV et sur le site du CRIIGEN. En effet, il est convaincu – à tort – que ce prix a une valeur académique alors qu’il a été «décerné» par l’International Biographical Centre, une entreprise dont l’activité commerciale est la vente de diplômes honorifiques bidons.
Le 19 septembre 2012, il défraye la chronique en dévoilant les résultats d’une étude réalisée par le CRIIGEN sur des rats nourris pendant 2 ans avec un maïs OGM. Avec une campagne de communication savamment orchestrée, il arrive à créer un emballement médiatique en affirmant que «notre étude, menée durant deux ans sur des rats, établit que, même à très faible dose, l’absorption à long terme de ce maïs agit comme un poison puissant et bien souvent mortel, tout comme celle du Roundup». En novembre 2013, Food and Chemical Toxicology annonce le retrait de l’article. En juillet 2015, il publie une nouvelle étude dans laquelle il affirme que les tests de commercialisation des OGM et des produits chimiques sont faussés car l’alimentation des rats de laboratoire serait elle même polluée. En juillet 2016, il publie une étude avec Sevene Pharma selon laquelle un produit appelé Dig1 pourrait «détoxifier» le corps d’une trop grande exposition au pesticide RoundUp.
En mars 2014, Gilles-Eric Séralini copréside le comité de soutien de la liste municipale d’EELV à Caen. Fin 2014, il devient membre du conseil scientifique de The Organic Center. En septembre 2015, il poursuit en diffamation le site internet «La Lettre du Cotentin», édité par Daniel Dubost, et le journaliste Jean-Claude Jaillette de Marianne, qui ont critiqué son étude de 2012. En 2016, il fait partie du comité d’organisation du Tribunal Monsanto qui s’est déroulé en octobre de la même année. La même année, il quitte la présidence du conseil scientifique du CRIIGEN. En septembre 2016, il gagne son procès en appel contre Marianne. En décembre 2016, il se met à son compte pour des «activités spécialisées, scientifiques et techniques diverses». Depuis 2012, il organise, avec l’association Spark-Vie, présidée par son ami Jérôme Douzelet, des «formations professionnelles entre science, environnement et santé». En 2018, pour un de ses livres, il apparaît dans les médias expliquant que les pesticides altèrent le goût du vin. En juillet 2018, suite à une étude européenne montrant qu’«aucun risque potentiel pour les humains et les animaux n’a été identifié dans l’évaluation du maïs génétiquement modifié NK603», Séralini dénonce le fait que l’on «détourne des fonds publics pour discréditer mes travaux».
En février 2019, Corinne Lepage annonce que Séralini ne fait plus partie du CRIIGEN. En octobre 2019, il publie une étude avec Sylvain Le Coguic, du laboratoire Biothalassol, selon laquelle «les cellules parviennent à 100% de régénération et de non-toxicité avec les produits de Biothalassol à doses physiologiques». En 2020, dans son livre L’Affaire Roundup à la lumière des Monsanto Papers, Séralini consacre un chapitre entier à une possible tentative d’assassinat par empoisonnement à son égard, quand il a été infecté par un streptocoque multirésistant aux antibiotiques en 2013. Fin avril 2019, il diffuse sur sa page Facebook une vidéo du très controversé Jean-Dominique Michel, en expliquant : «L’IMBÉCILITÉ DU CONFINEMENT et la criminalité des décisions politiques pour une maladie comparable à la grippe, par un des grands spécialistes de notre temps !» En septembre 2020, il participe à un débat, notamment avec Philippe Desbrosses, suite à la projection du film Last Words de Jonathan Nossither au Festival de Deauville. En novembre 2020, Gilles-Eric Séralini publie fin une étude analysant 14 formulations d’herbicides sans glyphosate et qui montrerait la présence fréquente de substances dangereuses non indiquées sur l’étiquette des produits. Sur la base de cette étude, 14 ONG lancent la campagne «Secrets Toxiques» pour soutenir la plainte de Générations Futures, Campagne Glyphosate, Nature et Progrès et Pisseurs Involontaires de Glyphosate BZH, afin de «dénoncer les pratiques frauduleuses et irresponsables de certains fabricants de pesticides et de remettre en cause le système d’évaluation».

  • L’Evolution de la matière, de la naissance de l’Univers à l’ADN, Pocket, coll. « Explora », 1994.
  • Le sursis de l’espèce humaine, Belfond, 1997.
  • OGM, le vrai débat, Flammarion, 2000.
  • Génétiquement incorrect, Flammarion, 2003.
  • Ces OGM qui changent le monde, Flammarion, 2004 ; nouvelle édition revue et augmentée en 2010.
  • Après nous le déluge ?, avec Jean-Marie Pelt, Flammarion/Fayard, 2006.
  • Nous pouvons nous dépolluer !, rééd. revue et augmentée du Sursis de l’espèce humaine, Josette Lyon, 2009.
  • Tous cobayes ! OGM, pesticides, produits chimiques, Flammarion, 2012.
  • Plaisirs cuisinés ou poisons cachés, avec Jérôme Douzelet, Actes Sud et Colibris, 2014.
  • Le goût des pesticides dans le vin, avec Jérôme Douzelet, Actes Sud, 2018.
  • Manifeste du Cu, avec Jérôme Douzelet et Jean-Charles Halley, édition BBD, 2019.
  • L’Affaire Roundup à la lumière des Monsanto Papers, avec Jérôme Douzelet, Actes Sud, 2020.

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