PLANETEPlus de la moitié du vivant sur Terre a disparu ces 40 dernières années

VIDEO. Plus de la moitié du vivant sur Terre a disparu ces 40 dernières années

PLANETELe rapport « Planète vivante » du WWF alerte sur la rapidité de disparition des populations d'animaux sur Terre...
Cette photo, prise en 2009, montre la déforestation de la forêt Amazonienne au Brésil.
Cette photo, prise en 2009, montre la déforestation de la forêt Amazonienne au Brésil. - A.Penner/AP/SIPA
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Le constat fait peur : d’après le rapport « Planète vivante » du WWF, publié ce jeudi, plus de la moitié des populations de vertébrés (mammifères, oiseaux, poissons, amphibiens et reptiles) dans le monde a disparu ces 40 dernières années. Entre 1970 et 2012, leur effectif a diminué de 58 %, chiffre l’ONG, soit un déclin de 2 % en moyenne par an. A ce rythme, en 2020 les populations animales auront diminué de 67 % par rapport à 1970. « Ce seraient alors les deux tiers du vivant qui auront disparu, cela matérialise la 6e extinction des espèces », alerte Pascal Canfin, directeur général du WWF France.

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Les zones humides asséchées

Les espèces les plus touchées sont celles qui vivent en eau douce, lacs, fleuves et rivières. Elles ont perdu 81 % de leurs effectifs depuis 1970 et pourraient bientôt disparaître à cause de la dégradation de leurs milieux naturels. « Ce sont principalement les zones humides, les marais, marécages ou prairies humides qui disparaissent, explique Arnaud Gauffier, responsable agriculture et alimentation au WWF France. Ces zones assez improductives du point de vue agricole, souvent encore associées à des maladies comme le paludisme, sont très souvent artificialisées dans les pays développés ou drainées et déboisées pour planter des cultures agricoles dans les pays en développement. » Exemple d’actualité : à Notre-Dame-des-Landes ou à Sivens, ce sont des zones humides qui sont menacées de disparaître pour laisser la place au béton, alerte le WWF.

Braconnage et surpêche

Les animaux terrestres ne se portent pas beaucoup mieux : ils ont vu leur nombre diminuer de 38 % depuis 1970, principalement à cause de la perte d’habitats et de la surexploitation de certaines espèces. Ainsi, les éléphants d’Afrique ont vu leurs zones d’habitation diminuer sous la pression urbaine et sont victimes du braconnage, qui tue environ 30.000 éléphants chaque année. Mais la menace pèse aussi sur les rhinocéros, les tigres, les ours blancs, les pangolins qui sont les animaux les braconnés au monde. « Le koala est menacé par la disparition de l’espèce d’eucalyptus de laquelle il se nourrit, ajoute Arnaud Gauffier. La destruction des milieux naturels dans lesquels vivent les animaux est due soit directement à l’homme soit indirectement au changement climatique qui commence à avoir des effets dévastateurs sur toutes les espèces et pas seulement celles des pôles, qui ont été les premières touchées. »

Obligés de migrer rapidement pour trouver un climat qui leur convient, les animaux doivent déménager de 100km par an en moyenne, note le WWF. « A cette vitesse, et avec toutes les barrières qu’on leur a mises en rompant les connexions entre les milieux naturels par des villes ou des routes, on met en péril la capacité des espèces à s’adapter », alerte Arnaud Gauffier.

Enfin, les espèces marines ne sont pas à l’abri de la prédation humaine. 36 % des populations vivant dans les mers et océans ont disparu ces 40 dernières années, principalement à cause de la surexploitation des stocks de poissons. « Il suffirait que chacun fasse attention à n’acheter que du poisson pêché de manière soutenable pour que la situation s’améliore », note Pascal Canfin.

Urgence à agir

Pour le directeur du WWF France, cette situation alarmante n’est pas irréversible. « Il faut travailler sur les schémas mentaux et sur notre représentation du monde : l’espèce humaine se sent à part des autres espèces mais la réalité c’est que nous faisons partie de cet écosystème global. Si ce socle disparaît, cela nous impactera », avertit Pascal Canfin. Que se passera-t-il pour l’homme s’il dépense tout le capital naturel de la planète, comme on viderait un compte en banque sans se soucier de ce qui nous nourrira après ? Nul ne le sait, puisque lors de la dernière grande extinction, il y a 66 millions d’années, les dinosaures condamnés ne côtoyaient aucun être humain.

Une bonne nouvelle néanmoins : le rapport du WWF souligne que l’empreinte écologique des pays de l’OCDE a baissé de 5 % entre 1985 et 2012 en raison de la crise économique, qui a contraint à moins consommer, mais aussi grâce des améliorations structurelles : efficacité énergétique, développement des énergies renouvelables, tri des déchets, baisse de la consommation de viande… « Cela prouve que si des millions de personnes additionnent leurs petits gestes, nous avons ensemble une capacité de transformation immense, commente Pascal Canfin. L’alimentation est vraiment la porte d’entrée pour agir : réfléchir à ce que l’on consomme, ce que cela a impliqué en termes de déforestation ou de disparition d’espèces de poissons, c’est un levier puissant. »

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