Suicide d'une enseignante: Une marche blanche à Béziers, au lendemain des obsèques

Suicide d'une enseignante: Une marche blanche à Béziers, au lendemain des obsèques

© 2011 AFP

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Professeurs et élèves du lycée Jean-Moulin de Béziers ont choisi de placer le début de la semaine sous le signe du recueillement, avec un lâcher de ballons lundi, puis la tenue ce mardi d'une marche blanche, après la mort d'une enseignante la semaine dernière.

Une «marche blanche», repoussée d'une journée pour permettre à ceux qui le souhaitaient de se rendre aux obsèques, est prévue à 14h à Béziers.

250 élèves rassemblés devant leur lycée

Le SE-Unsa, 3ème syndicat de professeurs des collèges et lycées, appelle les enseignants du pays à se retrouver symboliquement dans leurs établissements à la même heure.

Une marche est aussi programmée mercredi devant le rectorat de Montpellier.

Quelque 200 à 250 lycéens et des personnels se sont retrouvés lundi après-midi devant le lycée, où les cours n'ont pas repris depuis le drame. Une dizaine d'élèves ont lu des messages de soutien à la famille de la victime, avant qu'une nuée de ballons blancs soient lâchés vers le ciel, a constaté un correspondant de l'AFP.

Au même moment, à une trentaine de kilomètres, Lyse Bonnafous, décédée après s'être immolée par le feu dans la cour du lycée pendant la récréation, était inhumée dans son village. L'église de Causses-et-Veyran n'a pu accueillir toutes les personnes, dont de nombreux professeurs, venues lui rendre hommage. Les proches avaient souhaité des funérailles intimes, sans présence de la presse.

Reprise des cours après les vacances de la Toussaint

Mercredi matin, à la demande des élèves, les professeurs de Jean-Moulin organiseront des groupes de parole: beaucoup d'adolescents «sont choqués», expliquait lundi Dolorès Ruqué, une enseignante, après une assemblée générale tenue dans la matinée au lycée.

Lyse Bonnafous, professeur de mathématiques depuis 10 ans dans ce lycée de 3.000 élèves, s'est immolée par le feu dans la cour, sous les yeux d'élèves terrifiés, dont certains lui sont venus en aide. Elle est décédée de ses brûlures vendredi.

La date de reprise des cours n'a pas été décidée, mais elle devrait intervenir après les vacances de la Toussaint, qui débutent vendredi soir. «Je serais incapable de donner un cours», avouait lundi une enseignante.

«Les profs font ce qu'ils peuvent»

L'incertitude sur la reprise des classes a parfois agacé des parents, dont certains ont reproché lundi aux professeurs de tenir les élèves à l'écart, ces derniers ayant échangé tout le week-end sur les réseaux sociaux à la recherche d'informations.

Un avis non partagé par Hélène, 16 ans, qui, à la sortie de l'AG lundi matin, a estimé que «les profs font ce qu'ils peuvent». «Ils sont aussi choqués que nous. Il faudra beaucoup de temps pour repartir», a souligné cette déléguée de seconde, qui participera «bien sûr» à la marche blanche.

«On a le droit d'avoir une pensée pour elle et de dire qu'elle n'a pas fait ça pour rien», a-t-elle ajouté, soulignant que les profs sont «dans le même malaise que nous»: «C'était notre prof, c'était leur collègue. On a besoin de solidarité, on a besoin de s'écouter, de donner nos opinions».

Une minute de silence au niveau national

Les 280 enseignants du lycée avaient publié dès vendredi un communiqué exprimant leur désarroi face à un «acte symbolique qui nous bouleverse et nous interroge tous». «Son geste appelle à la solidarité de l'ensemble des personnels et témoigne de notre difficulté à accomplir notre mission. Nous attendons donc l'engagement responsable de nos autorités», ajoutaient-ils.

Décrite comme fragile, notamment depuis le décès de son neveu, l'enseignante bénéficiait d'un accompagnement pédagogique et médical, selon le ministre Luc Chatel. Certains de ses collègues estiment aussi que la «pression ambiante était peut-être trop forte».

Au niveau national, les syndicats de la FSU ont appelé les personnels du second degré à observer mercredi une minute de silence en salles des professeurs pour exprimer leur «sympathie».

A Marseille, une cinquantaine de professeurs se sont retrouvés à l'appel de la FSU lundi soir sur le Vieux-Port pour jeter quelques marguerites dans la mer.