Dark Water, ou comment les industriels nous empoisonnent avec l'eau

Les catastrophes humanitaires (dont les guerres et conflits liés aux ressources), naturelles, du climat et industrielles (sauf accident nucléaire ou pétrolier qui sont dans le forum énergies fossiles et nucléaire). Pollution de la mer et des océans.
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Re: Dark Water, ou comment les industriels nous empoisonnent avec l'eau




par izentrop » 30/05/25, 22:28

PasDuTout a écrit :https://www.challenges.fr/le-plein-didees/linvasion-des-communistes-telepathes_595890
Contrairement à Izy qui n'y croit pas, et à qui je répondais ironiquement, j'ai mes propres idées sur le sujet que je ne balaie pas d'une main dédaigneuse.

:mrgreen:
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Comment les industriels nous empoisonnent avec leurs saloperies




par PasDuTout » 08/06/25, 19:02

Pesticides
La nocivité pour la santé humaine se précise

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Publié le 04 mai 2025

Un récent rapport de l’Anses contient plusieurs alertes sur les conséquences délétères de certains pesticides. Deux familles d’insecticides, les pyréthrinoïdes et les organophosphorés, suscitent la plus forte inquiétude : elles induiraient (entre autres) divers troubles du développement de l’enfant exposé in utero ou pendant la petite enfance.

Troubles du comportement, anxiété, troubles cognitifs, lymphomes, leucémies, cancers de la prostate, atteintes spermatiques… La liste des conséquences potentielles, sur la santé humaine, de divers pesticides a de quoi faire frémir ! C’est ce que nous dit l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un rapport publié le 24 avril. Ce document recense les effets sur la santé humaine de 9 substances actives (1) autorisées dans l’Union européenne (UE). Ces molécules sont principalement utilisées en agriculture, mais certaines peuvent aussi être contenues dans des produits biocides ou vétérinaires. L’objectif est de « surveiller et prendre en compte les effets indésirables […] pour ajuster leurs emplois et leurs autorisations de mise sur le marché si nécessaire », explique l’Anses.
Des impacts sur le développement de l’enfant, mais aussi sur l’adulte

Le document, élaboré par un groupe d’experts indépendants, s’appuie principalement sur une vaste expertise de l’Inserm de 2021, mais aussi sur des études plus récentes. Il aboutit à plusieurs alertes concernant les pyréthrinoïdes (dont la deltaméthrine) et les organophosphorés (dont le malathion) (2), qui peuvent avoir divers effets néfastes graves sur la santé des personnes exposées :

troubles du comportement chez les enfants, en lien avec une exposition de la mère aux pyréthrinoïdes pendant sa grossesse ;
troubles cognitifs chez l’adulte, en lien avec une exposition professionnelle aux organophosphorés ;
lymphomes non hodgkiniens, en lien avec une exposition professionnelle aux organophosphorés ;
altération des capacités motrices et cognitives ainsi que des fonctions sensorielles chez l’enfant, en lien avec une exposition prénatale aux organophosphorés.

De plus, un lien avec d’autres pathologies est fortement suspecté : leucémies, cancers de la prostate, hypothyroïdies, atteintes spermatiques (production anormale de spermatozoïdes, en quantité et en qualité), altération de capacités motrices et cognitives (lors d’une exposition prénatale au malathion), troubles du spectre autistique ou de la croissance fœtale (en lien avec une exposition prénatale aux organophosphorés).

Enfin, l’Anses confirme un lien probable entre d’autres pesticides (le glyphosate, les carbamates, les triazines, les phénoxyherbicides et les chlorophénols) et des lymphomes non hodgkiniens ou des tumeurs des tissus mous et des viscères.
Identifier les expositions et limiter les usages

Afin de limiter ces impacts délétères, l’Agence sanitaire recommande « d’identifier les sources d’exposition : médicaments (y compris vétérinaires), pesticides et biocides, y compris pour traiter les matériaux de construction [comme le bois] et d’ameublement, et les textiles ». Elle rappelle également qu’il faut en limiter l’usage au « strict nécessaire ». Ce conseil est aussi valable pour les particuliers : les colliers antipuces pour chiens, par exemple, peuvent contenir un pyréthrinoïde (la deltaméthrine).
L’évaluation de ces substances en question

Toutes ces substances sont autorisées dans l’UE, sur la base d’avis des agences sanitaires, dont l’Anses. Or, les experts ayant rédigé ce rapport soulignent le « décalage notable » entre la réglementation européenne et les risques encourus lors d’une exposition à ces substances. L’Anses l’explique par la façon dont les données toxicologiques et épidémiologiques sont (mal) prises en compte dans l’évaluation des pesticides, ainsi que par « les difficultés à accéder aux informations sur l’utilisation des pesticides » détenues par les fabricants des produits phytosanitaires et leurs utilisateurs.

Alors qu’elle constate que « les réglementations et mesures de prévention […] n’ont pas permis de protéger efficacement la santé des professionnels exposés à ces produits et celle de leurs familles » et que « la biosurveillance de la population générale est limitée », elle souligne également « l’importance d’une mise à jour régulière de l’évaluation des risques ». On est bien d’accord !

L’association de défense de l’environnement Générations futures a réagi à cette publication. Tout en « saluant le travail mené par les experts », elle regrette que l’Anses reste trop « prudente » dans ses recommandations, « souvent floues et dont l’impact concret reste très incertain ».
Une proposition de loi « visant à améliorer le traitement des maladies affectant les cultures végétales à l’aide d’aéronefs télépilotés », dite loi « drones », rouvre grand la porte à une pulvérisation aérienne de pesticides, pourtant interdite depuis 2010. Un premier assouplissement a été introduit par la loi Egalim de 2018, autorisant des expérimentations pendant 3 ans sur les parcelles de vignes, de vergers ou de bananiers de pente supérieure à 30 %. Un rapport de l’Anses a conclu à certains avantages par rapport à une pulvérisation terrestre, en particulier une moindre exposition des employés agricoles.

Cette loi « drones » s’est saisie de ces conclusions pour pérenniser ces dérogations, et surtout pour élargir l’utilisation des drones à « d’autres types de parcelles et de cultures »… L’offensive a été menée tambour battant. Le texte, porté par le député Jean-Luc Fugit (Ensemble pour la République), a été adopté par les députés de droite et d’extrême droite le 27 janvier, puis par les sénateurs des mêmes partis le 9 avril, et promulgué le 23 avril, suscitant l’enthousiasme de la FNSEA.
https://www.quechoisir.org/actualite-pe ... e-n166396/
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Re: Dark Water, ou comment les industriels nous empoisonnent avec l'eau




par izentrop » 09/06/25, 12:38

Ils ne citent pas le rapport https://www.anses.fr/sites/default/file ... 236-RA.pdf qui pointe principalement des expositions professionnelles, pour des molécules qui sont utilisés très diluées par des professionnels avec les protections d'usages, inconnus dans les années 50, mais maintenant bien documenté.

Autrement dit : faire du buzz facile, juste pour enfoncer une profession aujourd'hui minoritaire. Ça titille les lecteurs, c'est bon pour les finances de ces médias. :mrgreen:
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Re: Dark Water, ou comment les industriels nous empoisonnent avec l'eau




par PasDuTout » 09/06/25, 12:40

Je sais pas ce qui te pousse systématiquement à défendre l'industrie chimique qui est au main de quelques firmes infâmes et qui empoisonne le monde entier. C'est pour te rassurer ou tu as des intérêts personnels dans le secteur ?
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Re: Dark Water, ou comment les industriels nous empoisonnent avec l'eau




par izentrop » 09/06/25, 12:48

PasDuTout a écrit : tu as des intérêts personnels dans le secteur ?
Aucun, je suis juste contre la désinformation facile.

Toutes les infos qu'elle cite sont vérifiables scientifiquement, mais ça ne t'intéresses pas c'est clair.
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Re: Dark Water, ou comment les industriels nous empoisonnent avec l'eau




par janic » 09/06/25, 17:46

izmenteur
Aucun, je suis juste contre la désinformation facile.
donc contre ce que tu fais habituellement, alors pourquoi reprocher à autrui de t'imiter?!
Toutes les infos qu'elle cite sont vérifiables scientifiquement, mais ça ne t'intéresses pas c'est clair.
Tiens exactement ce que je te (et les autres) dis et ça ne t'intéresse pas non plus. Bizarre!Bizarre! :roll:
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Comment les potes à Izy nous empoisonnent




par PasDuTout » 10/06/25, 00:47

"Ils arrivent, ils s'installent, ils produisent, ils polluent" : dans l’Oise, la colère face à la fermeture du géant mondial de la chimie Chemours

Éviter de manger les œufs de son poulailler, d'arroser ses légumes avec l’eau des puits ou de manger les poissons de la rivière… À Villers-Saint-Paul, dans l’Oise, une forte contamination aux polluants éternels a été détectée. L’usine Chemours, productrice de PFAS, est pointée du doigt.

Pas de bruit. Surtout, de la discrétion. À Villers-Saint-Paul, dans l'Oise, les salariés de l'usine Chemours ne parlent que très peu à la presse, "pour ne pas perturber les négociations". "On est en plein licenciement, on ne veut pas trop s'exposer". Il y a quelques mois, ils ont appris brutalement la fermeture de leur usine. Cet été, 59 personnes perdent leur travail, des cadres aux ouvriers. "On a d'abord cru à une blague", raconte un salarié, qui dit avoir vécu dernièrement un véritable "ascenseur émotionnel". "On est choqués".

Car Chemours a effectué en deux ans à peine, un virage à 180 degrés. Le 12 janvier 2023, c'est même jour de fête à Villers-Saint-Paul. Chemours annonce qu'elle va s'agrandir. Quatre-vingts nouveaux emplois doivent être créés et un investissement de près de 200 millions d'euros est débloqué.

De l'espoir au désenchantement

Chemours, jusqu'ici spécialisé dans la fabrication de produits pour les mousses anti-incendie, veut se lancer dans l'hydrogène vert*. "Un signal majeur pour la politique industrielle française", se réjouit alors le ministre de l'Industrie de l'époque, Roland Lescure, qui a fait le déplacement dans l'Oise. "L'hydrogène, c'est à la fois l'énergie d'avenir mais aussi l'industrie de l'avenir", se félicite également le président de la région Hauts de France, Xavier Bertrand, qui prédit même devant la caméra de France 3 Picardie "des emplois dès aujourd'hui" et "vraiment beaucoup plus d'emplois pour demain". État et région promettent d'ailleurs de sortir leur chéquier : plusieurs dizaines de millions d'euros d'aide. Ils ne seront finalement jamais versés.

"Tout le monde était heureux : et moi aussi", se souvient Georges Weyn, maire de Villers-Saint-Paul, 6 000 habitants, depuis 36 ans. "Depuis la crise de la chimie des années 1980, on avait perdu près de 2 500 emplois : une catastrophe pour la commune". Cette promesse d'investissement a un goût de renaissance : "Tous les pontes de France et de Navarre étaient là ! J'avoue que naïvement, je n'ai pas cherché à aller plus loin."

Quelques semaines plus tard, c'est en ouvrant le journal Le Monde, que la tristesse de Georges Weyn le "gagne à nouveau". Le 23 février 2023, le quotidien, en collaboration avec 17 autres médias, publie une enquête colossale : "Une carte d'Europe de la contamination par les polluants éternels". Villers-Saint-Paul y apparaît. Non seulement une pollution importante y est détectée, mais c'est à cet instant que l'élu dit avoir compris ce qui était fabriqué, depuis plus de 20 ans, sur sa commune. Chemours est l'un des cinq producteurs de PFAS de France. Ces produits chimiques ultra résistants, surnommés "polluants éternels", s'incrustent durablement dans l'environnement. Leur dangerosité pour l'Homme est peu à peu reconnue.

"Ils sont arrivés avec les petits fours et le champagne, mais sans nous parler des PFAS", s'agace le sénateur Alexandre Ouizille, sénateur socialiste de l'Oise, également élu de Villers-Saint-Paul. D'un coup, avec l'article du Monde, on découvre le sujet, les risques de cancers. "Le sentiment, ça a quand même été qu'ils nous ont dissimulé les choses". Chemours, de son côté, dit avoir joué la carte de la transparence. "Nous avons clairement présenté nos produits", assure Valentina Mauri, représentante de l'entreprise à Bruxelles, "mais il est possible", admet-elle, "que les élus, au niveau local, n'aient pas suivi tous les développements sur le sujet".

De DuPont à Chemours : une longue histoire de pollution

Cela fait depuis la fin des années 1990 que l'entreprise est accusée de pollution aux PFAS. La première alerte vient des États-Unis, de Virginie Occidentale. Un fermier, Wilbur Tennant filme avec sa caméra ses vaches qui meurent une à une. Il capte aussi sur bandes vidéo l'eau dans lesquelles elles s'abreuvent. Une eau parsemée de mousse blanche : "Elle ne devrait pas ressembler à ça, il y a quelque chose qui ne va pas." À l'époque, Chemours s'appelle DuPont. Et Wilbur Tennant vit juste à côté de l'une de ses décharges. C'est le début d'un long combat judiciaire raconté dans le film Dark Waters, sorti en 2019.

DuPont sera finalement reconnu coupable d'avoir gravement pollué les eaux de la région avec du PFOA, un PFAS qui n'était pas réglementé à l'époque et qui est aujourd'hui reconnu comme cancérogène. "DuPont savait en fait depuis les années 1970 que ce produit était toxique, qu'il pouvait pénétrer dans le sang, y rester et s'y accumuler, rappelle l'avocat américain et lanceur d'alerte Robert Bilott. Des milliers d'Américains qui avaient des cancers ou d'autres problèmes de santé, ont commencé à demander réparation à DuPont." L'entreprise a déjà dû verser près de 690 millions de dollars. "Et c'est lorsque nous avons commencé à porter ces affaires devant les tribunaux que DuPont a décidé de se séparer de toute son activité liée aux PFAS, en la transférant à une toute nouvelle entreprise qu'elle a appelée Chemours", ajoute l'avocat américain.

Mais le changement de nom ne signe pas la fin des poursuites judiciaires. Chemours est aujourd'hui visée par une enquête criminelle aux Pays-Bas, 2 400 riverains de son usine de Dordrecht ont porté plainte en 2023 : "Ils ont pollué ici gravement. Tout autour de l'usine, l'eau est contaminée, témoigne la sénatrice hollandaise Lies Van Aelst. Les gens ne peuvent plus manger d'œufs ou boire du lait. Tout ça vient de Chemours."

Dans l'Oise aussi, la pollution aux PFAS a conduit l'Agence régionale de santé (ARS) à dresser une liste impressionnante de recommandations, sans que Chemours ne soit d'ailleurs jamais directement pointé du doigt. Ne pas consommer les œufs des poulaillers familiaux à Villers-Saint-Paul et Verneuil-en-Halatte, commune toute proche. Ne pas arroser son potager ou son verger avec l'eau de son puits**. Quant aux poissons pêchés dans la rivière Oise, dans le secteur ? Mieux vaut ne pas les manger non plus.

Vingt ans sans contrôle précis des rejets de PFAS

"Notre objectif, c'est : pas d'impact sur l'environnement", se défend Marc Chefson, le directeur du site Chemours de Villers-Saint-Paul. Il précise qu'une station d'épuration traite les effluents de Chemours comme ceux des autres entreprises de la plateforme chimique : "On ne rejette rien directement dans l'Oise."

Le chef d'entreprise balaye aussi d'un revers de main les études, menées par l'ONG Générations Futures, qui a découvert des taux importants de PFAS aux abords de la plateforme chimique et qui classe Chemours comme un des sites "top émetteurs de France". "Le sujet PFAS a été pris en main par l'usine courant 2022, assure Marc Chefson, et on voit les résultats : année après année, on réduit drastiquement nos émissions."

En 2024, Chemours a déclaré avoir rejeté 34 fois moins de PFAS vers la station d'épuration qu'en 2022. Elle assure être passée de 59 kilos émis à moins de 2 kilos. Des efforts d'ailleurs soulignés par la préfecture de l'Oise. Mais que s'est-il passé avant ? Chemours est implantée à Villers-Saint-Paul depuis 2002***. Quelle quantité de PFAS a été rejetée pendant vingt ans ? La direction de Chemours assure ne pas le savoir : "Il n'y a eu avant cette date ni contrôles systématiques, ni mesures précises."

Quelques indices existent pourtant. Dès 2015, Pierre Labadie, spécialiste des PFAS et directeur de recherche au CNRS repère un flux important de PFAS dans la Seine, à l'endroit où le fleuve croise le chemin de l'Oise : "On avait fait l'hypothèse d'une source très importante dans le bassin de l'Oise et on a pensé assez fort qu'il pouvait y avoir un lien avec un site de production de PFAS dans ce secteur, explique ce chimiste de l'environnement. Et à notre connaissance, il n'y en a qu'un." Chemours donc. D'autant que le PFAS retrouvé en quantité, le 6:2-FTS, est rejeté par l'entreprise et utilisé dans la fabrication de mousses anti-incendie. Et ce n'est pas le seul indice de cette pollution. En 2013, des chercheurs de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) relevaient aussi des quantités impressionnantes de PFAS dans l'Oise.

Ulcéré, le président de la Communauté d'agglomération Creil Sud Oise, Jean-Claude Villemain, ne pense plus qu'à une chose : "Se débarrasser de Chemours." L'élu, qui regrette de ne pas avoir été plus vigilant, "on n'est pas des spécialistes de la chimie ou de l'environnement", veut accéder au site au plus vite, maintenant que l'entreprise a annoncé sa fermeture : "Je souhaite savoir comment et avec quoi ils ont pollué ce site. On ne peut pas rester avec une bombe à retardement à proximité de chez nous."

"Une stratégie de prédateur"


Cette nouvelle méfiance des élus locaux ainsi que les mesures de surveillance accrues ont-elles conduit Chemours à finalement abandonner son site français ? "Pas du tout", assure Marc Chefson, le directeur du site. Il explique que les choses se sont jouées en deux temps, à partir de 2024. Le projet hydrogène a d'abord été abandonné. "Le marché ne s'est pas développé comme on l'espérait." Et le reste de l'activité, la production de composés PFAS pour les mousses anti-incendie, a périclité : "En fait, cette usine n'avait plus de clients." La faute, dit-il, aux réglementations qui se mettent progressivement en place. Et en premier lieu, la réglementation européenne qui interdit l'utilisation de PFAS dans les mousses anti-incendie. "Le marché était annoncé en baisse mais là, on y est, les nouvelles règles entrent en vigueur et les choses changent drastiquement pour nous", explique encore le responsable du site.

Dans son bureau, à l'Assemblée nationale, le député écologiste Nicolas Thierry se demande s'il n'y a pas autre chose : "J'estime qu'on est sur une stratégie de prédateur." Car en France, une taxe pollueur-payeur centrée sur les PFAS a été votée cette année. "Ils arrivent, ils s'installent, ils produisent, ils polluent. Et quand ils voient que le vent commence à tourner et qu'ils pourraient être mis à contribution pour dépolluer, ils partent", affirme le député écologiste.

Un produit cancérogène dans le sang des salariés

À quelques semaines de la fermeture, les salariés, eux s'inquiètent maintenant pour leur santé. "On ne fabrique pas des produits inoffensifs quand même, s'emporte un employé. On sait que des anciens sont malades. On fait comment si on découvre dans quelques années que ce à quoi on a été exposés ici est très nocif ?" Chemours a déjà organisé des prises de sang pour ses salariés. Du PFOA, ce PFAS cancérogène interdit en Europe, et du 6:2-FTS, le PFAS le plus émis par Chemours, ont été retrouvés. Pourtant, aucune mesure particulière n'a été prise par la suite. La direction estime que les conclusions de la médecine du travail n'ont pas permis de prouver que la contamination était liée au travail à l'usine. "Il y a des anciens qui n'en ont pas beaucoup, précise Marc Chefson, et des salariés plus récents, qui eux, en ont beaucoup : ils ont eu une vie avant, c'est potentiellement là qu'ils en ont reçu." Des PFAS, ajoute l'entreprise, "on s'aperçoit qu'il y en a ailleurs dans l'environnement".

Que pense la direction d'un suivi médical longue durée, après la fermeture ? "C'est difficile pour nous d'organiser cela, pour X personnes, chacune partie dans la nature", plaide Marc Chefson. Ce sera donc non. Mais un document est en cours de préparation, précise-t-il. Il fournira la liste complète des substances "utilisées, fabriquées et rejetées" sur le site et les protocoles à suivre pour que "ceux qui souhaitent contrôler puissent le faire". Individuellement. Et à leurs frais.

*Chemours ne veut pas produire directement de l'hydrogène vert mais participer à la chaîne de production en fabriquant une "membrane échangeuse de protons".

**La recommandation pour l'eau des puits concerne uniquement la commune de Villers-Saint-Paul.

*** Sous son ancien nom, DuPont
https://www.franceinfo.fr/environnement ... 94161.html
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