Des hydrocarbures dans l'huile d'olive: l'étude choc de 60 Millions de consommateurs
Le magazine 60 Millions de consommateurs a analysé la composition de 22 huiles d'olive vendues dans le commerce. Qu'elles soient bio, conventionnelles, chères ou non, toutes contiennent des traces de plastifiants et d'hydrocarbures potentiellement dangereux pour la santé.
L'huile d'olive est souvent louée pour ses bienfaits sur la santé. Si certaines propriétés sont indéniables comme l'atout sur la santé cardio-vasculaire, le magazine 60 Millions de consommateurs met en garde contre la présence de contaminants dans de nombreuses bouteilles vendues pour la majorité en grande surface.
L'organisation a analysé 22 huiles d'olive vierge extra (c'est-à-dire issues directement du fruit par simple pression mécanique ou par centrifugeuse) et pointe une déception sur "leur propreté". Toutes les huiles analysées contiennent des résidus de plastifiants et d'hydrocarbures.
Des plastifiants pourtant interdit dans l'alimentaire
"Les phtalates on en a retrouvé dans les 22 huiles d'olive", explique à BFMTV Patricia Chairopoulos, journaliste chez 60 Millions de consommateurs. Ces phtalates sont des plastifiants que l'on trouve dans les "cuves, bâches ou tuyaux utilisés lors du stockage ou du transport".
Ils migrent dans l'huile d'olive lors de sa production ou du transport car il s'agit d'un corps gras qui "absorbe énormément ces contaminants", détaille Patricia Chairopoulos.
Selon cette étude, bios ou conventionnelles, les huiles contiennent un à trois phtalates ou plastifiants et aucune des références n'y échappe. Pourtant, "un nombre croissant d'études démontre leur risque sur la santé, notamment comme perturbateurs endocriniens", met en garde le magazine.
Certaines huiles testées contiennent jusqu'à 4,8mg/kg de DEHP. Or, la réglementation européenne interdit l'utilisation de matériaux contenant des phtalates dans la chaîne de production et de stockage des corps gras comme l'huile d'olive.
"Cela reste toutefois des teneurs encore acceptables, sachant qu'il y a quelques années, elles pouvaient atteindre 20 à 30mg/kg", note Franck Dejean, responsable du département analyse et expertise de l'institut des corps gras et produits apparentés (Iterg).
Selon 60 Millions de consommateurs, "les phtalates se retrouvent surtout dans les huiles vierges à goût comme celles d'olive ou de noix, souvent produites dans des petites structures n'ayant pas toujours les moyens de changer leur matériel".
Des hydrocarbures au-delà du seuil
Plus problématique, les huiles d'olive contiennent également des MOSH (hydrocarbures saturés d'huiles minérales) et des MOAH (hydrocarbures aromatiques d'huiles minérales). Il s'agit de dérivés du pétrole, utilisés notamment comme lubrifiants pour les moteurs.
Comme l'expliquent les auteurs de l'étude, en contaminant les aliments, les premiers peuvent s'accumuler dans le foie et le système lymphoïde tandis que les deuxièmes, les MOAH, ont des propriétés cancérigènes.
Comme pour les plastifiants, ces contaminants ont une grande affinité pour les corps gras comme l'huile. La contamination peut se faire pendant la récolte des olives, leur trituration ou leur transport, notamment par une fuite d'huile depuis le tracteur, le broyeur ou le camion.
"Éviter leur migration exige donc de grandes précautions, tout au long de la chaîne de fabrication (...). Malheureusement, certains fabricants ne semblent pas assez vigilants", déplore 60 Millions de consommateurs.
En effet, certaines huiles d'olive testées contiennent 10mg/kg de MOAH. C'est cinq fois plus que la limite estimée comme acceptable par l'Union européenne.
"Ne pas se fier aux prix"
60 Millions de consommateurs appelle donc à la vigilance des industriels. "Ce ne sont pas dans des quantités énormes donc il y a un risque d'impact sur la santé si vous consommez beaucoup sur le long court", tempère Patricia Chairopoulos.
La journaliste explique, en outre, qu'il n'existe pas de différences majeures entre des huiles d'olive biologiques ou des huiles d'olive produites de manière conventionnelle, c'est-à-dire avec l'usage de pesticides.
Qui plus est, elle souligne qu'il "ne faut pas se fier aux prix, sauf les prix vraiment bas". En effet, en ce qui concerne la contamination aux hydrocarbures ou aux phtalates, toutes les huiles sont concernées, même les très chères.
Salomé Robles