QuentinDida a écrit :
Peut-on espérer que cela change ? Pourquoi ? Comment ?
Difficile de le savoir !!!
Je vais être brutal : tu as ce qui te semble être une bonne idée (et cela peut l'être)... et tu voudrais la "parachuter" sur une population, qui, a priori, n'en à rien à foutre ! Cela s'appelle, en sociologie du développement, une approche "top-down". C'est comme l'agent de développement qui veut installer un périmètre irrigué en Afrique... Assurément une bonne idée : produire en saison sèche, supplément de vitamines, revenus parfois (en vendant)... Hélas, cela marche rarement... Les gens avaient une autre vision, d'autres espoirs... Lesquels ??? Je n'en sais rien. Une collection de roses anciennes ? Un jardin kitchissime ? Un gazon net, propre ??? Ils n'ont aucune envie d'être bousculés dans leur façon, sans doute conventionnelle, de jardinier chez eux (je suppose que la place ne manque pas autour des maisons). Ils veulent repeindre leur maison avec une peinture acrylique de chez Leroy-Merlin. Tu essayes de parachuter un modèle "bobo urbain" dans un village, où chacun observe ce que fait son voisin et "juge"... [A noter qu'en ville aussi, cela n'est pas si facile ! Malgré l'anonymat. Mais si tu touches 1 personne sur 100 dans une cité où il y a 50 000 personnes, cela en fait 500, et cela fait de l'émulation ; dans ton village, cela fait quelques personnes qui ne savent que se dire].
Il te reste à réussir quelques belles années de production, avec moins d'effort... Et finalement, cela finira par intriguer, attirer, etc... 3 ans me semblent un minimum... Cette année, pour la première fois, j'ai été interpelé lors de la fête de la rue - cela s'est su que j'avais écrit un livre ; j'en avais offert à certains ; d'autres l'ont acheté par "curiosité de voisinage" et du coup, presque tout le monde en parlait ! [cela fait 6 ans que mon potager existe sous cette forme ! Faut dire que je n'ai jamais essayé de persuader qui que ce soit... Je fais mon potager pour moi !]
En Afrique, un jour un expert du développement canadien m'a expliqué sa "théorie du ketchup" pour le développement : tu appuies sur le tube, mais rien ne vient ; puis tu secoues, rien ; tu secoues plus fort, rien ; tu t'énerves et secoue vigoureusement et tout à coup, alors que tu ne t'y attendais plus, tu en prends plein le pantalon !