Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
Avatar de l’utilisateur
Did67
Modérateur
Modérateur
Messages : 20362
Inscription : 20/01/08, 16:34
Localisation : Alsace
x 8685

Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 11/09/17, 12:35

1) Balancer les ordures, j'ai fait face à une "résistance" psychologique de mon épouse.

Comme nous sommes un couple très moderne, malgré mes cheveux gris, quand nous ne sommes pas d'accord et que cela ne remet pas en cause le vivre ensemble, l'équilibre du tout, chacun fait comme bon lui semble...

Je jetais les ordures...

Elle essayait de les "composter"... Et puis me laissait de plus en plus souvent faire... Aujourd'hui, elle balance comme moi.

Et nous sommes toujours très content d'être ensemble et de partager bien plus que des ordures ! On a aussi des amis !

2) Balancer les fèces (c'est ainsi qu'on appelle scientifiquement les déjections solides des mammifères).

a) J'ai connu cette époque bénie où, jeune, on nous purgeait contre les vers (ascarides, ténia). On ne sait plus, avec notre alimentation moderne, ce que c'est. J'ai eu, en Afrique, une amibiase. La douleur la plus vive que j'ai jamais subie (je n'ai jamais accouché, je ne peux comparer). Plié en deux, à suer de souffrance ! [ceux qui me lisent depuis le début doivent être admiratif : plié en deux par une amibiase, échappé deux fois à une forme mortelle du palu, toujours là après un infarctus sévère... Quelle homme ! Sérieusement : je pense qu'un certain "recul" dont certains me créditent, c'est tout ça aussi ! On ne sort pas indemne de ses dialogues avec la grande faucheuse !!!]

Aujourd'hui, on peut être plus laxiste sur la rupture des cycles, tant nos fèces sont "propres" (de parasites). On pourrait les manger !

b) La plupart des compostages individuels sont mal faits : la montée en température n'est que partielle, ou trop faible, ou seulement au milieu du tas. Et souvent, il n'y en a pas du tout. C'est juste un processus de pourrissement en tas.

c) Pour ces deux raisons, je ne pense pas qu'un compostage ménager "usuel" soit une rupture de cycle. Et je ne pense pas qu'on puisse généraliser des techniques à large échelle en "comptant" sur une quasi-disparition chez nous, de certains parasites. Ils reviendraient au galop !

[Le débat est comparable pour les vaccinations : il est facile d'être contre, quand on bénéficie d'une protection acquise, du fait que 70 ou 80 ou 90 % de la population est vaccinée ; j'ai vécue plusieurs fois des épidémies de rougeoles, balayant en quelques jours les 3/4 des jeunes dans des villages du Tchad ou du Niger - je parle de morts - j'ai couru vérifier que nos enfants étaient bien vaccinés !]

Je déconseille formellement. Même si aujourd’hui, pratiqué par quelques-uns, c'est dans doute inoffensif. Et le risque ultra-minime.

d) Il est très facile de travailler en "rupture de cycle", en fertilisant des plantes qu'on ne mange pas, qu'on ne touche pas. On récolte la biomasse, qu'on incorpore dans notre potager : les éléments nutritifs s'y retrouvent finalement, indirectement, après passage dans un sas, et après "fabrication de biomasse nutritive" qui nourrit notre système (en phénoculture, se focaliser sur le seul recyclage des éléments minéraux est de la myopie - même si les fèces, c'est aussi de la biomasse digestible ; il faut voir l’énergie).
1 x
Avatar de l’utilisateur
Julienmos
Grand Econologue
Grand Econologue
Messages : 1265
Inscription : 02/07/16, 22:18
Localisation : l'eau reine
x 260

Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Julienmos » 11/09/17, 14:41

pas fait de compost cette année, toutes les épluchures vont direct au potager.

J'aurais une autre petite question pratique:

j'avais une (assez grande) parcelle totalement recouverte de "faux" BRF, en couche épaisse, très épaisse par endroits.

Comme déja dit à plusieurs reprises, les légumes que j'y ai mis ont très mal "donné", souffrant sans doute d'une faim d'azote: pommes de terre, brocolis, potimarron, et maintenant du chou kale qui n'avance pas...

Pourtant ce bois broyé a été mis en début d'été 2016 je crois, je n'imaginais pas que cet effet dépressif pouvait durer aussi longtemps...

en attendant, j'ai dégagé une grande partie de ce broyat (bien que partiellement déja bien "blanchi" par les champignons) ne laissant qu'une fine couche sur une petite zone.

Et j'ai remplacé par des tontes et du foin.

Est-ce qu'il y aurait d'autres "mesures" à prendre éventuellement, pour espérer que ce sol redevienne suffisamment fertile pour les plantations l'an prochain ?
0 x
youskar
J'apprends l'éconologie
J'apprends l'éconologie
Messages : 49
Inscription : 11/12/16, 20:13
Localisation : paris-sud
x 4

Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par youskar » 11/09/17, 14:50

bonjour
Je voudrais savoir si l'étalement de, paille récupérée à l'occasion de la fête des associations, cette paille sur mon terrain ne va pas nuire à la vie des champignons en supposant que des traitements fongicides ne disparaissent pas du jour au l'en demain. Quelle est la durée de vie des fongicides ? Est ce que je peux melanger mon foin avec la paille ?
0 x
perseus
Bon éconologue!
Bon éconologue!
Messages : 283
Inscription : 06/12/16, 11:11
x 73

Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par perseus » 11/09/17, 14:54

Bonjour,

Personnellement, j'ai commencé par faire du compost, mais j'ai vite abandonné, pas convaincu et pour reprendre ce que disait Did67, cela ressemblait plus à du pourrissement. J'ai fait aussi des points de "compost mobile". En gros on creuse un petit trou de 30cm de coté dans le potager, on y accumule les déchets avec un peu de matière sèches éventuellement le tout recouvert d'un bout de planche. Quand c'est plein, on renouvelle ce trou juste à coté en faisant un très léger chevauchement. Les résultats étaient pas mal, les cotes de Bettes juste à coté poussaient de manière spectaculaire par rapport à celle plus loin par ex.
Désormais, je jette mes déchets à la volée ou sous le foin, selon mon humeur :-D. Plus par paresse que par conviction scientifico-potagère :-D

Did67 a écrit :
2) Balancer les fèces (c'est ainsi qu'on appelle scientifiquement les déjections solides des mammifères).


Les déjections féline aussi? Je me pose vraiment des questions à ce sujet. En été le chat va peu dans sa caisse, là ou elle s'acharne, je trouve que c'est pas joli joli. :lol:


[Le débat est comparable pour les vaccinations : il est facile d'être contre, quand on bénéficie d'une protection acquise, du fait que 70 ou 80 ou 90 % de la population est vaccinée ; j'ai vécue plusieurs fois des épidémies de rougeoles, balayant en quelques jours les 3/4 des jeunes dans des villages du Tchad ou du Niger - je parle de morts - j'ai couru vérifier que nos enfants étaient bien vaccinés !]
Je déconseille formellement. Même si aujourd’hui, pratiqué par quelques-uns, c'est dans doute inoffensif. Et le risque ultra-minime.


Rien à ajouter :wink:
D'ailleurs, mon africaine d'épouse dirait que dans les pays où l'espérance de vie est de 50 ans où moins, on ne se pose pas ce genre de question, "on prend vaccin". :mrgreen:

Sinon, au sujet des composts, comme je disais, j'ai plutôt arrêté, ceci dit, dans un autre domicile à une époque j'avais récupéré de la sciure après des coupes d'arbres et un peu de paille qui trainait. Avec des résidus de tontes et en faisant pipi dedans le résultat n'avait pas été mal -de mémoire-, mais ceci dit sans toute autre forme d'analyse scientifique hein.
Néanmoins faire un peu de compost serait pas mal pour les semis je pense. Je vois bien que je dois encore me procurer un peu de terreau/compost pour ce faire.

@+
0 x
Avatar de l’utilisateur
Did67
Modérateur
Modérateur
Messages : 20362
Inscription : 20/01/08, 16:34
Localisation : Alsace
x 8685

Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 11/09/17, 15:17

youskar a écrit :bonjour
Je voudrais savoir si l'étalement de, paille récupérée à l'occasion de la fête des associations, cette paille sur mon terrain ne va pas nuire à la vie des champignons en supposant que des traitements fongicides ne disparaissent pas du jour au l'en demain. Quelle est la durée de vie des fongicides ? Est ce que je peux melanger mon foin avec la paille ?


Je n'ai pas de réponse précise, hélas.

Par "chance," je dirais, ce sont des fongicides de synthèse, donc des molécules que la vie du sol va détruire (contrairement au cuivre !).

Mais il n'y a sans doute pas de réponse-type quant à la durée. Il n'y a pas une seule molécule. Un "Cela dépend", à la Fernand Raynaud, est la seule réponse juste.

L'expérience des permaculteurs est précieuse : si ce n'est un plus, l'usage intensif de la paille, malgré les résidus, ne semble pas de nature à bloquer les mécanismes du sol, ni les champignons. Sans doute cela ne les arrange pas, ou ne les booste pas.

La réponse est donc là encore : cela dépend un peu de toi. Si tu es un puriste chipoteur, tu ne mets pas. Si tu n'es du genre khmer vert, tu peux mettre, en sachant que c'est de la matière organique, globalement utile... Même si elle est un peu entachée. Ceux qui ne mangent pas "bio" mangent tous les jours des résidus de fongicides dans leurs légumes, sur leurs raisons, sur leurs pommes... La majorité atteindra 80 ans...
1 x
Moindreffor
Econologue expert
Econologue expert
Messages : 5830
Inscription : 27/05/17, 22:20
Localisation : limite entre le Nord et l'Aisne
x 957

Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Moindreffor » 11/09/17, 15:40

perseus a écrit :Néanmoins faire un peu de compost serait pas mal pour les semis je pense. Je vois bien que je dois encore me procurer un peu de terreau/compost pour ce faire.
@+


bonjour
juste une remarque qui suit celle de paysan.bio (peut-être ou un autre) à propos des terreaux de semis, attention, si votre terreau de semi est plus riche que la terre dans laquelle vous allez repiquer votre plant, cela va provoquer un blocage, ça va reprendre mais ça va végéter

donc toujours aller du plus pauvre au plus riche, j'ai acheté cette année un terreau de semi avec un peu d'engrais dedans ne sachant pas cela, j'ai constaté l'effet car mon jardin est très très pauvre, ça reprend mais ça ne décolle pas

la faim d'azote se voit très bien, les légumes poussent mais restent chétifs

j'espère être mieux armé l'année prochaine
0 x
"Ceux qui ont les plus grandes oreilles ne sont pas ceux qui entendent le mieux"
(de Moi)
perseus
Bon éconologue!
Bon éconologue!
Messages : 283
Inscription : 06/12/16, 11:11
x 73

Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par perseus » 11/09/17, 17:16

Julienmos a écrit :pas fait de compost cette année, toutes les épluchures vont direct au potager.

J'aurais une autre petite question pratique:

j'avais une (assez grande) parcelle totalement recouverte de "faux" BRF, en couche épaisse, très épaisse par endroits.

Comme déja dit à plusieurs reprises, les légumes que j'y ai mis ont très mal "donné", souffrant sans doute d'une faim d'azote: pommes de terre, brocolis, potimarron, et maintenant du chou kale qui n'avance pas...

Pourtant ce bois broyé a été mis en début d'été 2016 je crois, je n'imaginais pas que cet effet dépressif pouvait durer aussi longtemps...

en attendant, j'ai dégagé une grande partie de ce broyat (bien que partiellement déja bien "blanchi" par les champignons) ne laissant qu'une fine couche sur une petite zone.

Et j'ai remplacé par des tontes et du foin.

Est-ce qu'il y aurait d'autres "mesures" à prendre éventuellement, pour espérer que ce sol redevienne suffisamment fertile pour les plantations l'an prochain ?


Bonjour,

Faudrait voir quel bois et son degré de lignification notamment et bien sur, la nature du sol. Le début d'été n'est pas une très bonne période selon moi pour épandre ce genre de chose.
Sur la base de ma propre -modeste- expérience avec le broyat de bois, ne sous-estime pas non plus le plus faible réchauffement des sols en sortie d'hiver et début de printemps, phénomène qui peut être accentué par une plus forte conservation de l'humidité voire même (observé chez moi) un manque d'aération du sol sous la couche de mulch.
Vu que j'ai une tarière, j'ai observé des zones un peu hydromorphe à un horizon d'environ 20-30cm, et du tassement.

Une méthode décrite ici par l'un des intervenant du fil consiste à planter une fourche bêche et à la faire un peu vibrer sans pour autant retourner la motte. J'ai commencé cette année.
Je me pose vraiment la question d'un outil genre grelinette aussi, en sortie d'hiver. Je n'avais pas eu ces comportements de sols sur mes terrains précédents. Mais c'était des terrains argileux qui montrent plus d'inertie...

@+
0 x
Ahmed
Econologue expert
Econologue expert
Messages : 12308
Inscription : 25/02/08, 18:54
Localisation : Bourgogne
x 2970

Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Ahmed » 11/09/17, 17:50

Sur la question des toilettes sèches, je rejoins l'avis de Did: il est rare qu'un compostage individuel, donc assez réduit en taille, puisse fonctionner correctement et la meilleure utilisation est donc indirecte, puisqu'il ne manque pas d'arbres fruitiers ou assimilés pour bénéficier de cet apport intéressant (sauf en ce qui concerne d'éventuels métaux lourds, mais on peut imaginer que quelqu'un soucieux de la vie du sol ne s'enduise pas de n'importe quoi!). Un haie feuillue destinée (entre autres rôles) à produire du BRF pourra aussi avantageusement en recevoir. Attention éventuellement aux chiens qui pourraient s'y intéresser, tous les goûts étant dans la nature... :roll:
1 x
"Ne croyez surtout pas ce que je vous dis."
sicetaitsimple
Econologue expert
Econologue expert
Messages : 9807
Inscription : 31/10/16, 18:51
Localisation : Basse Normandie
x 2659

Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par sicetaitsimple » 11/09/17, 18:02

Ahmed a écrit :Oui, j'entends bien ta façon de voir. Les éléments que tu apportes sont nuancés et, finalement, le débat porte plus sur l'énoncé initial: le travail du sol n'apporte pas l'azote, mais le rend disponible aux plantes en puisant sur le stock. C'est bien ce dont je parlais à propos des labours profonds au XVIII siècle et qui ont mystifiés les agronomes de l'époque, puisqu'ils n'ont pas su faire la différence entre flux et masse.

N'en reste pas moins que l'idée de travailler un sol vivant constitue une contradiction sur le fond.


Oui, c'est moi qui suit à l'origine de l'énoncé initial, un peu approximatif je le reconnais...mais c'était bien l'idée, voir ma réponse qui suivait.

Le travail du sol permet de minéraliser de l'azote qui ne sera pas autant minéralisé en non travail du sol , c'est au moins ce qui semble prouvé, je ne fais que lire et écouter des gens qui me paraissent sérieux (dont par exemple l'INRA).

Alors c'est quand même une question pour nous, phénoculteurs, permaculteurs, bio de toutes sortes....?

La réponse pour les "phénoculteurs" me semble personnellement liée à l'état initial du sol. Tu dis très justement "différence entre flux et masse". Encore faut-il que la masse initiale soit suffisante et sous une forme disponible pour les plantes.
0 x
Avatar de l’utilisateur
Did67
Modérateur
Modérateur
Messages : 20362
Inscription : 20/01/08, 16:34
Localisation : Alsace
x 8685

Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 11/09/17, 18:24

La phénoculture permet deux choses : a) bien nourrir les légumes, par la minéralisation primaire (car le foin est riche et équilibré) ; b) améliorer le stock de substances humiques du sol (donc d'azote immobilisé - et de C aussi : le PP, c'est un "puits de carbone" chez soi).

La mobilisation de l'azote stocké dans les substances humiques, qui est effectivement la conséquences directe du travail du sol - plus exactement de son aération (la grelinette y contribue !!!), est une autre forme d'agriculture minière, conduisant dans une impasse.

Avec ma conviction est que "l'effondrement physique de la structure du sol" est un phénomène du type "à seuil de rupture". Je ne peux le démontrer. Mais cela ma parait "évident".

Je m'explique : comme pour les séismes, tout d'abord, on peut constater des secousses de plus en plus importantes - mais cela ne fait que du bruit, des vibrations... Magnitude 2, puis 2,5 puis 3 puis 3,5 puis 4.... Mais rien de grave ne se passe !!! Et puis tout à coup, c’est juste 0,5 de plus, et les immeubles s’écroulent, la cathédrale du 15ème siècle qui en a pourtant déjà vu, s’effondre...

Idem pour l'appauvrissement du sol en substances humiques : 4 % - rien. 3,5 % pas grand chose, une ravine... 3 %, pas grand chose, des traces blanches en haut des parcelles... 2,5 % - rien de grave, quelques villages sous la boue... Et il arrivera le jour où cela s'effondrera !!!

Rien de prouvé. Absolument rien. Juste mon intuition.
3 x

 


  • Sujets similaires
    Réponses
    Vues
    Dernier message

Revenir vers « Agriculture: problèmes et pollutions, nouvelles techniques et solutions »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 584 invités