Pourquoi ça ne va pas plus mal ?

Essai, Editions Fayard, Collection Transversales dirigée par Jacques Robin et Joël de Rosnay

Au cœur de l’incroyable et terrifiante maltraitance que l’humanité pratique à son propre égard, il y a de la peur et du mal de vivre : les 1 000 milliards de dollars annuels dépensés pour l’armement, que sont-ils, sinon le prix de la peur et de la domination ? Les 500 milliards dépensés pour les drogues et les stupéfiants, que sont-ils, sinon le prix que paient un nombre croissant d’êtres humains pour oublier leur propre vie jugée trop dure ou trop fade ? Et les 500 milliards de dépenses annuelles de publicité, que signifient-ils quand on sait que seulement un cinquième de cette somme suffirait à combattre efficacement les famines, à assurer l’accès à l’eau et aux soins de base pour tous les humains vivant sur cette planète ?

Ce n’est pas faire preuve de catastrophisme que de dire que l’humanité risque de voir se terminer prématurément sa propre aventure du fait de son incapacité à traiter les grands défis écologiques, sociaux, financiers ou culturels qui la menacent.

A lire aussi:  Meilleurs voeux !

Mais ces défis peuvent être aussi l’occasion, comme ce fut le cas au cours du processus biologique de l’hominisation, d’un saut qualitatif, culturel et politique cette fois dans la voie de sa propre humanisation.

Le rapport entre transformation personnelle et transformation collective ne s’exprime plus par la vieille opposition des réformes de mentalité ou de structure. C’est dans la complémentarité d’une tension dynamique entre ces deux approches transformatrices que les deux réformes doivent êtres pensées et conduites. Il ne s’agit plus seulement de rêver d’un autre monde possible. Il faut reconnaître et faire vivre d’autres manières d’être au monde déjà présentes mais que nous ne voyons pas. C’est une mutation qualitative de la démocratie, alliant le meilleur de la passion et de la raison humaine, qu’il nous faut réussir, la démocratie étant pour une collectivité humaine l’équivalent du  » travail sur soi  » que mène un individu en quête de sagesse.
Patrick Viveret, philosophe, est conseiller à la Cour des comptes. Il est notamment l’auteur de Reconsidérer la richesse (Éditions de l’Aube). Ancien rédacteur en chef de Transversales Science Culture, il anime également le Centre international Pierre Mendès France et a été l’un des fondateurs de l’association Interactions, transformation personnelle, transformation sociale.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *