Le potager du paresseux

Le Potager du Paresseux: produire des légumes « plus que bio » presque sans travail!

Le Potager du Paresseux, produire des légumes « plus que bio », quasiment sans travail, avec des rendements équivalents à ceux d’un jardin classique avec des traitements chimiques : un rêve? Pas avec le « Potager du Paresseux » !

DR photos: Didier Helmstetter. Photo d’introduction« Le Paresseux du Potager en action, sa devise: moins de matières actives ; plus de matière grise ! »

Dans ce qu’il appelle son « Potager du Paresseux », en Alsace, Didier Helmstetter est lui-même surpris des résultats qu’il obtient.

L’idée d’un « potager sans travail » lui est venue après qu’il se soit trouvé physiquement très diminué, suite à un infarctus qui aurait pu l’emporter. Agronome, il connaissait bien les techniques de non-labour, l’agriculture biologique, la biodynamie, la permaculture… Mais pour son potager, le déclic, bien tardif admet-il, a été la rencontre avec Manfred Wenz, un agriculteur autodidacte allemand qui cultive ses 50 ha de polyculture depuis une trentaine d’années sans aucun travail du sol.

Ni une, ni deux, après cette rencontre, son potager « classique », qui partait en friche faute de forces suffisantes pour le travailler correctement et au bon moment, était « converti » au « zéro travail du sol » !

Le potager du paresseux, c’est une façon de jardiner très simple

La façon de faire est, dans son principe, très simple : il s’agit de maintenir toute l’année un couvert permanent de matière organique, non déjà décomposée, sur toute la surface du sol et cela sur une épaisseur suffisante.

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Et surtout de ne jamais remuer la terre – pas même à la grelinette. Pas de buttes non plus, bien sûr. Une « idiotie » dit-il sèchement. « Biologiquement, cela n’a aucun sens : où avez-vous vu que la nature enterre les débris végétaux ? ». Et cela fait tout de même beaucoup de travail (même s’il n’est pas à répéter chaque année) : « Rien que pour ça, c’est exclu dans le Potager du Paresseux ! »…

Et bien sûr, après avoir couvert le sol, il faut encore semer ou planter. « Et il faudra même récolter ! » plaisante Didier… Et pour être honnête, il y a aussi un peu d’entretien : quelques vivaces « perceront » à travers la couverture et il faudra les arracher, comme il faudra protéger les jeunes semis contre les oiseaux friands de vers de terre ou piéger des campagnols si on est dans une zone infestée…

Maintenir le sol du potager du paresseux couvert avec deux « matériaux »

D’un coté, sur environ 80 % de la surface, Didier utilise du foin. Celui-ci est bien plus riche, plus nutritif que la paille, généralement utilisée : il nourrit donc mieux les organismes vivants du sol, qui « travailleront » plus et mieux pour le jardinier paresseux. Et il apporte, en se décomposant, plus d’éléments nutritifs au sol, où ils seront à la disposition des cultures. Pas « d’effet dépressif » à craindre non plus, bien au contraire.

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Foin
Rouleaux de foin, dans l’attente d’être déroulés sur les planches…

D’un autre coté, pour certaines cultures, tels fraisiers ou framboisiers, c’est le BRF (Bois Raméal Fragmenté) qui est préféré. Son usage vise à stimuler spécifiquement l’activité des champignons, qui, en association avec les racines de la plupart des plantes, forment ce qu’on appelle des « mycorhizes ». Cette association symbiotique (en langage simple, on dirait « une coopération gagnant/gagnant ») permet de multiplier par 100 la surface d’action des poils absorbants dans le sol.

Ces champignons mycorhiziens ont aussi la faculté remarquable d’extraire des éléments minéraux moins solubles. Ou encore des substances « planquées », difficilement accessibles aux plantes. Ou encore l’eau trop fortement retenue par les particules du sol quand on est proche du flétrissement…

Enfin, le BRF étant constitué de lignine, sa décomposition est le point de départ de la synthèse de l’humus stable. Cet humus stable joue un rôle fondamental dans le sol, la stabilité de celui-ci (sa résistance à la dégradation), sa capacité à retenir l’eau et la plupart des éléments minéraux…

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Bois Raméal Fragmenté
Sol couvert de BRF (Bois Raméal fragmenté), en vue de la plantation de fraisiers

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14 commentaires sur “Le Potager du Paresseux: produire des légumes « plus que bio » presque sans travail!”

  1. Ca laisse rêveur, mais je n’ai que de petites surfaces cultivables et disséminées.
    Comment faire alors? J’a i déjà dû jeter mes 2 plants de courgettes et j’espère sauver mes 4 pieds de tomates. Car en Touraine voilà 2 ans que nous n’avons pas été gâtés par le temps! L’an passé j’avais encore une petite serre genre armoire en plastique mais là après 3 ans la partie plastique qui protégeait bien de la pluie était HS. Et j’ai en plus un petit potager carré de 1M20x 1M20 où j’ai mis de la roquette sauvage et du semis de salades à couper.

    1. Bonjour,
      Les surfaces ne jouent pas un grand rôle, je pense. Il me semble possible de « traiter » des petits carrés comme je le fais sur de plus grandes surfaces. Ce qu’il te faut : couvrir en permanence et maintenir couvert ; ne pas remuer la terre pour ne pas détruire le travail des organismes vivants…
      Peut-être faut-il un peu de temps pour que toute la vie s’installe : les vers n’apparaissent pas par génération spontanée ! Ils sont attirés et se multiplient s’ils ont de la bonne nourriture !
      Cette année, du fait de la très longue période d’humidité et de froid, les cycles du sol n’ont pas fonctionné. J’ai eu moi aussi des plants malades, d’autres qui ont crevé. Ceux qui ont survécu et n’ont pas bougé pendant 2 mois, « explosent » littéralement maintenant qu’il fait chaud et plus sec…
      Si j’avais commencé cette année, peut-être que cela n’aurait pas été plus loin : je me serais dit « cela ne marche pas ! ».
      Did67

  2. Bien entendu que le travail du sol est une hérésie !
    Le meilleur choix est le principe de la forêt : personne ne vient toucher au sol et les arbres poussent tout seul.
    Chez moi, j’ai de la prairie, si je ne coupais rien, j’habiterais au milieu d’un bois.
    Merci et longue vie !

  3. je réside à Tamatave/Madagascar; sol sablonneux; il n’y a pas de foin, aussi, je compte utiliser de la paille de riz.
    croyez-vous que j’aurai de bons résultats ?

    1. Madagascar a des zones climatiques bien différentes. Mais dans tous les cas, on n’a pas le conditions qui sont la base de ma façon de faire : pas de vers anéciques, pas la même microbiologie du sol, très peu de matière organique dans le sol et très peu de matière organique disponible, des termites, etc…
      On ne peu donc transférer comme ça ! Et il est hasardeux d’affirmer quelque chose.
      La couverture du sol, dans tous les cas, avec n’importe quelle matière organique sera un plus, question sécheresse et question choc des gouttes de pluie / érosion. C’est déjà énorme.
      Mais il faut gérer la compétition pour l’eau.
      Une piste plus prometteuse serait, à mon avis, l’agroforesterie, c’est-à-dire l’association d’arbres ou d’arbustes (ayant par ailleurs une utilité : fruits, pharmacopée, fourrage…). Il faut, à chaque endroit (précipitations, pentes) trouver les bonnes essences ligneuses et la bonne densité.
      S’il y a de la pente et de l’érosion, il faut commencer par créer des diguettes en courbe de niveau (là, le pragmatisme commande de « travailler » la terre pour la « formater »)…

    2. Bonjour Philippe,
      Un commentaire un peu tardif:j’ai assisté à une conférence de Claude et Lidya Bourguignon; anciens chercheurs à l’INRA, ils parcourent le monde pour transmettre aux populations autochtones comment
      retrouver une indépendance en production de légumes.Il présentaient notamment une diapositive de Madagascar(peut-être dans les environs de Tana)Bonne recherche et Réussite en 2017

  4. oui pas de soucis, c’est peu varié et riche en silice, si on trouve rajouter des feuilles de neem qui tombent en ce moment(hiver) mo je vais faire avec des déchets de sisal car je suis à l’extrème sud de Mada (Amboasary) A suivre

    1. Attention aux propriétés insecticides / insectifuges des feuilles de neem. Il faut observer comment cela réagit. Mais c’est sûr que c’est une matière organique disponible, donc il faut essayer et voir si c’est mieux (l’effet insecticide est limité dans le temps) avec que sans !
      Did67

  5. Bonsoir

    je viens de découvrir votre méthode à l’instant et je suis juste éblouie! Merci de partager avec nous.
    Je viens de voir votre réponse concernant Madagascar, pensez vous que c’est le même cas au Laos? Ou pourrais je expérimenter votre méthode ?
    Je suis une grande novice mais durant mon séjour la bas, il m’a semblé que la terre était très riche.
    Merci pour votre retour

  6. Bonjour! Merci de partager cette méthode! J’ai une petite question: pour les semis en pleine terre, comment procédez-vous? J’imagine qu’il est difficile pour la plupart des plantes en germination de franchir la barrière du foin ou du brf… enfin je pense! Faites-vous des trous ou des sillons dans le foin lorsque vous semez? Merci d’avance et bonne continuation!!

  7. Je suis fasciné par la phenoculture. Complètement novice en jardinage, je voudrais m’y mettre. Mais comment acquérir du foins ? Je n’ose pas déranger les agriculteurs du coins avec mon jardin de citadin attardé.
    J’ai bricolé un truc avec du BRF maison que j’ai mélangé avec des tontes de ma pelouse que j’ai laissé pousser le plus possible pour avoir des tiges longues (séché) et du composte. Je n’ai pas remué le sol.
    Merci beaucoup pour ces vidéos passionnantes.
    Si votre voisin agriculteur est prêt à livrer en Loire-Atlantique mettez nous en relation 😉

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