Or noir et or jaune

Mots clés : HVB, HVP, HVV, biocarburant, trituration, production, décentralisée, energie propre, CO2

Voici le carburant alternatif par excellence, cette fois, pour les moteurs diesels : Les Huiles Végétales Pures ou HVP. En effet, ces moteurs aux vertus incontestables, représentent aujourd’hui le plus gros des ventes en France et particulièrement pour les 4×4 et leurs cousins hybrides SUV. L’Europe a donné son feu vert depuis des années à l’HVP mais comme dans une célèbre bande dessinée gauloise « Toute l’Europe est conquise. Toute ? Non, car un petit pays résiste encore et toujours à l’envahisseur »

Et pourquoi donc ?

Le syndrome du Titanic

Tel est le titre révélateur de l’ouvrage de Nicolas Hulot sur le comportement suicidaire et hautement irresponsable des dirigeants économiques et politiques des sociétés riches. Riches ? De matériel oui, mais de bon sens, non.
Actuellement, l’industrie produit encore plus de gaz à effet de serre que les transports mais ceux-ci augmentent de façon alarmante et devraient devenir le secteur le plus polluant sous peu…Le problème de ces activités est qu’elles utilisent des énergies fossiles dont le pétrole. Or le principal défaut commun de ces énergies primaires, avec le gaz ou le charbon, est leur apport de gaz à effet de serre, dont le médiatique C02, en un temps très bref, quand on pense aux 400 millions d’années de stockage par la nature ! Vous etes encore septiques ? Les analyses des gaz prisonniers dans les carottages profonds au pole Nord montrent une corrélation évidente entre l’élévation du taux de C02 et celle de la température moyenne. Sachez que celle-ci a d’ores et déjà augmentée de 0.6° en seulement 1 siècle. Conséquences ? Elles sont innombrables et gravissimes pour toute la vie sur terre dont la plus fragile : la notre ! Citons par exemple, la fonte des banquises d’eau douce, la perturbation des grands courants marins régulateurs du climat mondial, les cyclones, l’élévation du niveau de la mer par effet de dilatation thermique, l’augmentation des pluies, torrentielles ou non, dans les régions tempérées et au contraire, une désertification accentuée dans les régions du sud. Désormais l’équilibre est rompu et depuis 1950, l’augmentation des rejets des gaz à effet de serre est exponentielle et directement proportionnelle à nos activités et croissance économique ( les fameux + 3% par an…) ! Sans parler de l’épuisement logique de ces ressources, la terre ne peut déjà plus recycler que la moitié du CO2 actuel, qui sachez-le, n’est pas le pire des gaz à effet de serre et de loin. Or, il faut bien comprendre que celui qui consomme le plus, pollue le plus, avec les méthodes actuelles. A ce niveau, l’Amérique du Nord, l’Europe, la Russie et l’Australie qui comptent seulement 1/4 de la population mondiale utilisent les 2/3 de l’énergie produite ! Un rythme intenable au niveau mondial avec nos 6.5 milliards d’etres humains puisqu’il faudrait 5 fois les ressources de la terre pour vivre tous comme des…américains ! Et que dire en 2050, lorsque nous serons près de 10 milliards ? Ces déséquilibres flagrants et grandissants sont propices aux tensions, même extrêmes, comme la guerre ou plutôt sa version moderne, le terrorisme.

Ce n’est pas la rue qui gouverne !

Cette petite phrase assassine de M.Raffarin en dit long sur l’état d’esprit immuable de nos « grands » dirigeants souvent mal conseillés, et explique, à elle seule, 99 % de nos problèmes. Si la politique prenait des décisions rationnelles, il n’y aurait plus de crises mais, bien trop souvent, les conseillers ne sont plus que les porte-parole grassement payés des lobbies égoïstes et cupides. Et on peut se demander si le malheur des uns ne ferait pas le bonheur des autres…
Coté politique donc, rien à espérer. Sauf coté Diester et autres filières éthanol aux mains des gros exploitants agricoles de colza, blé et betterave. Energétiquement mauvais du puits à la roue ou au global si vous préférez, cette filière a pour seul « avantage » de ramener et concentrer la production de ce carburant de substitution dans les raffineries actuelles. Or comme le soulignait récemment, Christian Brodhag, le Délégué Interministériel au Développement durable « La faible taille des installations (HVP, ndla) pose aussi des problèmes de transaction entre tous les acteurs qui sont nécessaires à leur mise en œuvre. Les décisions en système énergétique centralisé sont plus aisées que dans un système décentralisé. Nous nous rendons compte aujourd’hui de ces difficultés dans le cadre du déploiement de l’éolien en France. (Parc ridiculement faible et actuellement presque stoppé par le lobbie EDF, ndla) » Pourtant, ces micro-productions éviteraient de coûteux transports et créeraient des emplois un peu partout, n’est ce pas ? Et il ajoutait « Le contexte du développement durable implique en effet de minimiser les coûts économiques et sociaux des changements des modes de production et de consommation rendus nécessaires pour diminuer nos émissions. Deux pistes principales permettent de diminuer ces coûts :
· la technologie qui permet d’avoir un résultat plus efficient à coût plus faible
· la recherche des opportunités en termes économiques et d’emploi, de nouveaux services et nouveaux produits. Le développement significatif des énergies renouvelables nous pose donc des problèmes inédits de par leur nature même. »
En lisant entre les lignes et avec un peu de bons sens, il est facile de voir que la situation politique est bloquée à ces effets d’annonces. Prenez par exemple, la dernière ligne extraite du discours ci-dessus « la recherche des opportunités.. » : On va les lister sur papier et surtout…ne rien faire de concret. Encore un raisonnement égoïste pur et dur induit par les lobbies dominants pendant que le déséquilibre mondial s’amplifiant rapidement entre les pays riches et pauvres, nous menace du pire à court terme. En effet, en moins de deux siècles, nous rejetons le carbone, principalement via le pétrole, que la nature a stocké pour de bonnes raisons d’équilibre vital, soyez-en sur. Pour clore ce chapitre politique, dont notre survie dépend, ajoutons que l’Europe a autorisé par la Directive 2003/30/CE du Parlement européen et du Conseil du 8 mai 2003 visant à promouvoir l’utilisation de biocarburants ou autres carburants renouvelables dans les transports
« Grâce aux progrès de la technologie, la plupart des véhicules actuellement en circulation dans l’Union européenne peuvent déjà utiliser sans problèmes majeurs, un mélange faible de biocarburant. Les dernières percées technologiques autorisent des pourcentages plus élevés de biocarburant dans le mélange. Dans certains pays, on utilise déjà des mélanges contenant 10 % de biocarburant et davantage. »

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On s’en doute, les énergies renouvelables peuvent jouer un rôle majeur, mais restent actuellement limitées à 10% de la consommation d’énergie en Europe, pour atteindre 21% d’ici 2010 selon la réglementation actuellement en vigueur. Les biocarburants – éthanol, méthanol et biodiesel- devraient quant à eux passer de 2% en 2005 à 5,75% en 2010, ce qui est, écologiquement, bien insuffisant. En France, ils ne sont incorporés actuellement qu’à hauteur de 1 % dans l’essence et le gazole, malgré 180 millions d’euros d’incitations fiscales par an. Les professionnels de ces filières attendent avec une certaine impatience d’autres mesures fiscales et réglementaires, mais le gouvernement demeure muet sur cette question.
Et même si la France vient d’augmenter le quota de biocarburant moins taxé au titre de la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) ou TIC dorénavant (Taxe intérieure sur la Consommation !), elle a curieusement « oublié » le plus prometteur et de loin, de ces nouveaux combustibles : L’huile végétale de tournesol. Alors que la loi d’orientation agricole va être votée cet octobre, l’IFHVP a proposé deux amendements judicieux à l’article 12 qui n’autorisera que l’autoconsommation agricole d’HVP à titre expérimental. Ceci nous mettrait enfin en accord avec la directive 2003/30/CE qui doit s’appliquer de droit en France depuis le 1 janvier dernier, ce qui n’est pas le cas, vous l’aviez bien compris !

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HVB, HVV ou HVP ?

Huile végétale Brute, Vierge ou Pure ? Le terme européen retenu est HVP, pour huile végétale pure. C’est bien la seule question qui reste à propos de cette huile de tournesol vierge extraite par simple pression mécanique ou trituration. Ensuite une simple décantation de 72 H 00 et un filtrage à 5 microns, permettent à quelques centaines de milliers de véhicules diesel en Allemagne, Autriche et Irlande notamment, de réduire leurs particules et d’avoir un bilan CO2 « du puits à la roue » proche de zéro ! Mieux pourquoi ne pas récupérer et recycler enfin les 500 000 tonnes gratuites d’huiles de friture industrielles, de collectivités ou de restaurants qui finissent le plus souvent dans la nature ? Notez ici, qu’il existe aussi des huiles moteurs végétales biodégradables aussi efficaces que celles à base de pétrole pour moteur 4 et 2 temps ainsi que des huiles hydrauliques très utilisées en Autriche et en Allemagne en usages…forestiers essentiellement !
Pour en revenir à HVP carburant, il est bon de savoir que son moteur de Rudolf Diesel fonctionnait initialement à l’huile végétale d’arachide comme lors de sa démonstration publique à l’exposition universelle de Paris en 1900. Une caractéristique particulièrement intéressante et appliquée pour les militaires…Les pétroliers, bien avisés, ont rapidement proposé leur « huile de pétrole » en substitution et M.Diesel devait même « disparaître » du bateau l’amenant en Angleterre en 1913 pour diéséliser les sous-marins anglais…

Parlons rendement et politique

Mettre de l’huile végétale pure dans un moteur diesel est doublement bénéfique car les rendements de production de cette huile peuvent atteindre 7,5 c’est-à-dire qu’avec l’équivalent d’un litre d’huile utilisé pour produire, triturer, transporter la graine d’oléagineux, on peut retirer 7,5 litres d’équivalent huile sous forme de 4 litres d’huile, restent donc 3 à vendre, et 3,5 d’équivalent énergétique alimentaire sous forme de tourteaux gras pour l’alimentation animale en substitution des importations (OGM ?) du Brésil ou des USA.

Autre chose, 1 litre d’huile est équivalent énergétiquement à 1 litre de gazole mais ne produit pas de déstockage de CO2 et réduit de 75 % les imbrûlés soupçonnés de générer 3 à 6 mille morts par an, rien qu’en France. En effet, alors que les ingénieurs « savent faire » et ont réalisé des prototypes de voitures consommant 3 L/100 km d’essence de moyenne sur cycle urbain, 90 et 120 km/h, en 1984 (Citroën Eco 2000, Peugeot VERA et Renault VESTA 1 puis 2), rien n’a été commercialisé depuis 20 ans !

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Seuls nos voisins allemands toujours plus clairs-voyants et souvent meilleurs techniciens que nous, ont « osé « vendre des Audi A2, des Volkswagen Lupo 3 L avec des moteurs tri cylindres TDI qui affichent les meilleurs rendements de la production actuelle avec plus de 40 %, au maximum. Avant eux, en 1977, leur compatriote Ludwig Elsbett, avait mis au point un moteur poly-carburant dont l’huile de tournesol bien sur, avec, déjà, un rendement global de 40 % ! Avec cette solution, plus de pollution déplacée par une production d’électricité non renouvelable, ni par le long et dangereux transport par pétroliers géants, le dangereux et polluant raffinage, le transport par camion citerne et j’en oublie. De plus, cette huile est biodégradable, difficilement inflammable en cas d’accident par exemple et peut assurer le rôle du fioul dans toutes ses applications actuelles avec même…une délicieuse odeur de cuisine ! Ceci est possible garce à de nombreuses filières courtes et délocalisées là où sont les consommateurs. Plus ou peu de transports de carburants et plus de peur de pénurie typique des énergies centralisées pour mieux les…contrôler ?

Ajoutez-y un tournesol facile à cultiver, avec peu d’eau, pas d’engrais et sa seconde revalorisation en aliment pour bétail au lieu d’importer 70% de nos besoins aux USA sous forme de tourteaux de soja OGM ! Avec le tournesol, les déchets peuvent être aussi revalorisés en combustible solide et engrais naturel. Qui dit mieux ? Personne ! Et surtout pas cet alibi politique actuel baptisé Diester, tellement cher et polluant à produire en raffineries pétrolières, qu’il ne compose que 30 % du Bio diesel

Il est clair que les lobbies pétroliers associés ou non, aux constructeurs sont aussi puissants que cupides pour des objectifs à court terme. Songez qu’aujourd’hui, en 2005, avec déjà plus de 650 millions de voitures « classiques » et donc très polluantes dans le monde, il est plus que temps de réagir. Que deviendront ces mêmes multinationales de l’énergie lorsque ses clients seront tous malades ou décédés ? On nous fait marcher sur la tête et nous sommes tous exaspérés par ces blocages macro-économiques de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et du FMI (Fond Monétaire International) ! Alors, pour éviter le désastre en cours, les pétroliers et les constructeurs soucieux de leurs bénéfices avant tout, doivent logiquement se reconvertir à cette filière mondiale pour assurer l’avenir et leur propre pérennité. L’or jaune doit donc remplacer l’or noir dès aujourd’hui, en attendant encore mieux avec la fin des moteurs thermiques.

Dans notre seconde partie, nous verrons les actions citoyennes en cours et leurs applications des HVP sur des autos actuelles qui en démontrent la faisabilité et qui sont les germes de cette révolution « jaune » !

Marc ALIAS

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