ITER : Beaucoup de bruit pour rien ?

Par Claude Allègre

L’installation à Cadarache du réacteur à fusion nucléaire serait une mauvaise nouvelle pour notre recherche

Le président nous a annoncé fièrement que la France allait battre le Japon et obtenir le site du réacteur expérimental de l’avenir, qui serait installé à Cadarache (Bouches-du-Rhône). Et tout le monde de se réjouir, surtout en Provence, où les hommes politiques, fiers, ignorants et naïfs, sont persuadés qu’Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor) va leur apporter richesse, prospérité et prestige!

Malheureusement, rien de tout cela ne se produira: Iter saignera à blanc les collectivités locales et affaiblira encore un peu plus le budget de la recherche française. Coût de l’opération: 12 milliards d’euros! Iter est encore un de ces projets de prestige qui ont, dans le passé, épuisé les finances de notre recherche. Ce fut d’abord la télévision haute définition, ensuite la construction du grand accélérateur national d’ions lourds (Ganil) à Caen, puis les vols habités dans l’espace et, enfin, la Station spatiale internationale. Résultats pour la science? Rien, ou presque. C’est aujourd’hui le laser Mégajoule, à Bordeaux, et Iter, à Cadarache.

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On nous dit: Iter, c’est l’énergie du Soleil, c’est extraordinaire, c’est l’avenir! C’est ce que l’on disait déjà il y a quarante ans, lorsque a commencé le projet d’étude de la fusion contrôlée. L’idée de départ n’est certes pas inintéressante. Au lieu de fissionner des noyaux atomiques lourds pour obtenir de l’énergie, comme dans les réacteurs actuels, on cherche à fusionner des noyaux atomiques légers pour obtenir encore plus d’énergie. C’est la séquence suivie dans la fabrication des bombes atomiques. Après celle, classique, d’Hiroshima, on a fabriqué la bombe H, plus puissante, plus meurtrière, mais moins polluante (sic). Toutefois, si l’on sait réaliser la fusion de manière explosive, on ne sait pas la contrôler. Et, depuis quarante ans, on tourne en rond. Des projets comme Iter, on en a installé à Princeton aux Etats-Unis, puis en Grande-Bretagne, mais on n’a jamais vraiment progressé, faute d’une idée scientifique innovante. Les Américains, autrefois moteurs de cette recherche – ils la finançaient à 60% – l’ont abandonnée. Peut-être participeront-ils à hauteur de 5% demain? Ont-ils renoncé pour autant à l’idée de maîtriser la fusion? Nullement, mais ils recourent à des méthodes plus astucieuses et moins chères.

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