Douze jours après un sixième sabotage en dix mois contre des installations du géant pétrolier et gazier EnCana en Colombie-Britannique, le 4 juillet, l'enquête de la police canadienne piétine. Or l'Institut canadien de défense et des affaires étrangères estime que l'industrie énergétique de l'Ouest canadien pourrait être la cible d'autres attaques.
Six bombes ont explosé en quelques mois dans la province de la Colombie-Britannique contre des installations gazières de EnCana.
Les faits Au Canada, sabotages en série contre des installations gazières du géant EnCana
Dans la région de Dawson Creek, où ont eu lieu les six sabotages avec explosifs contre des gazoducs ou ateliers d'usine d'EnCana, la situation reste tendue. "Les gens ont peur", avoue Sabine Edelmann, éleveuse de bétail à Pouce Coupe, village reculé du nord-est de la Colombie-Britannique, après avoir été réveillée en pleine nuit, ce 4 juillet, par une violente explosion : " Une grosse détonation, suivie d'une forte odeur de gaz." Le maire du village, Lyman Clark, admet que "les gens en ont assez et espèrent que le gars qui fait ça va commettre une erreur et être attrapé".
La police se perd en conjectures sur l'identité du coupable et multiplie les appels à témoins avec l'aide d'EnCana, qui a offert 500 000 dollars canadiens (317 000 euros) de récompense pour toute information. Sans grand succès pour l'instant. Selon les derniers éléments de l'enquête, la police croit que ces sabotages sont l'oeuvre d'individus isolés. Tom Flanagan, professeur de sciences politiques à l'Université de Calgary, note que plusieurs groupes, dont des écologistes et des Amérindiens, s'opposent au développement de cette industrie.
"Nous partageons la frustration des gens", affirme le sous-officier Dan Moskaluk. Le seul élément tangible dont dispose la police est une lettre manuscrite adressée à EnCana le 7 octobre 2008. L'auteur donnait quelques jours à l'entreprise pour fermer ses installations de Dawson Creek, précisant ne pas vouloir "de négociation avec les terroristes que vous êtes, qui mettent nos familles en danger par un développement fou de puits de gaz mortel sur nos terres".
Artificier fantôme
EnCana est très présent en Alberta mais aussi dans le nord-est de la Colombie-Britannique, où se trouvent d'importants gisements, avec quelque 4 000 puits creusés par diverses compagnies et des gazoducs pour acheminer pétrole et gaz vers le sud du pays et les Etats-Unis.
La valse des sabotages a débuté à l'automne 2008. Les 11, 16, 31 octobre, des explosions endommageaient des gazoducs d'hydrogène sulfuré, un gaz potentiellement mortel, et un puits. Le 4 janvier, un poste de comptage à une tête de puits était soufflé par une explosion. Six mois plus tard, l'artificier fantôme cible à nouveau EnCana, le 1er puis le 4 juillet. La première fois, c'était une conduite de gaz qui explosait au sud de Dawson Creek et, pendant que des ouvriers réparaient les dégâts, une autre déflagration endommageait un gazoduc de gaz sulfuré, à moins d'un kilomètre. "Personne n'a été blessée par ces explosions mais on ne sait jamais pour l'avenir", s'inquiète la porte-parole de l'entreprise, Rhona DelFrari. "C'est très stressant pour les habitants et pour nos employés", ajoute-elle, qualifiant la situation de "dangereuse".
Le maire de Dawson Creek, Mike Bernier, dit comprendre que certains puissent être mécontents du développement pétrolier et gazier mais estime qu'EnCana "joue un rôle de leader essentiel pour l'économie locale".
Anne Pélouas
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