L'innovation frugale: Jugaad

Débats scientifiques généraux. Présentations de nouvelles technologies (hors directement liées aux énergies renouvelables ou biocarburants ou autres thématiques développées dans les autres sous forums).
raymon
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L'innovation frugale: Jugaad




par raymon » 24/03/14, 12:00

J'aime beaucoup cette façon de voir le "bricolage" et je le pratique régulièrement qu'en pensez vous?

http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html

Depuis quelques années, le savoir-faire et la créativité des chercheurs indiens, éduqués dans un contexte de frugalité et non d'abondance à l'occidentale, inspirent les chercheurs des pays développés.

Navi Radjou, français d'origine indienne, consultant en innovation actuellement installé dans la Silicon Valley, a beaucoup fait pour populariser cet état d'esprit dont la dénomination, "jugaad", vient d'un mot hindi signifiant "savoir se débrouiller et trouver des solutions dans des conditions hostiles".

En français, l'innovation "jugaad" est traduite par "innovation frugale", celle dont l'objectif est de trouver des solutions radicalement nouvelles, mais économes en matières premières, en énergie. Bref, peu coûteuses... mais très astucieuses.

Le livre que Navi Radjou cosigne avec Jaideep Prabhu, professeur à la Judge Business School de l'université de Cambridge (Royaume-Uni) - où M. Radjou enseignait précédemment - et Simone Ahuja, consultante spécialiste en innovation, explique les grands principes de ce nouveau mode de management de l'innovation.

Son marché est celui du "milieu supérieur de la pyramide", précisent les auteurs. Ils l'illustrent de nombreux exemples, tirés de leur expérience dans les pays émergents, mais aussi développés.

EXEMPLE SAVOUREUX

Car si General Electric avait fait figure de précurseur parmi les entreprises occidentales en commercialisant aux Etats-Unis un électrocardiographe conçu en 2007 pour les habitants de villages indiens reculés, de nombreuses entreprises ont suivi son exemple. Renault en particulier.

Il est significatif que Carlos Ghosn, président de Renault-Nissan, ait rédigé la préface de l'ouvrage. Parmi les exemples qui l'émaillent, celui du vélo de Kanas Das est assez savoureux. Cet habitant du nord de l'Assam, qui se rendait à son travail à vélo, a trouvé le moyen de transformer les nombreux nids de poule des routes qu'il empruntait en atouts.

Il a équipé son vélo d'un convertisseur transformant l'énergie de l'amortisseur, comprimé par les trous de la route, en énergie transmise à la roue arrière. Résultats : plus il y a de cahots, plus le vélo roule vite !

Pour innover en mode "jugaad", il ne s'agit pas de dépouiller un produit occidental du superflu, précisent les auteurs. "La quête de la simplicité ne va pas à l'encontre du progrès", témoigne Christophe de Maistre, président de Siemens France, l'un des neuf dirigeants français appelés à témoigner dans cet ouvrage porteur d'espoir.


https://www.google.fr/search?q=jugaad&c ... 80&bih=602
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elephant
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par elephant » 24/03/14, 18:45

faut dire: quand le temps ne coûte pas cher et qu'on est pas trop pointilleux sur la sécurité ( et la pollution )

D'autre part, faut reconnaître que le non-jugaad est producteur d'emplois. Ce n'est pas la même planète. Tu as des exemples concrets ?
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éléphant: suprême éconologue honoraire..... pcq je suis trop frileux, pas assez riche et trop paresseux pour économiser vraiment le CO2 ! http://www.caroloo.be
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par Ahmed » 24/03/14, 21:07

J'ai beaucoup pratiqué et encore maintenant quelquefois (j'ai plus de moyens techniques à ma disposition, ce qui est un frein).

C'est encore de cette manière que concocte des concepts... :D

Il faut comprendre que tout repose sur l'inventivité, l'autonomie et la non-transposabilité directe (à l'inverse d'une conception marchande).

Cette démarche néguentropique est particulièrement adaptée en milieu "rustique" et pourrait rendre de signalés service à ceux qui s'y adonnent lorsqu'adviendra le clash technologique...
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par raymon » 24/03/14, 22:40

D'autre part, faut reconnaître que le non-jugaad est producteur d'emplois. Ce n'est pas la même planète. Tu as des exemples concrets ?

Ce n'est pas producteur d'emploi donc pas vraiment utile au système capitaliste mais par contre très éconologiste. As -on besoin de travail moi je dirais plutôt qu'on a besoin d'argent.
Dans le genre je suis en train de réfléchir a une amélioration de mon cumulus électrique. c'est à dire faire passer un tuyau noir sur mon toit et un stockage dans un chauffe eau de récup avant le chauffe eau électrique. Je vais faire un sujet dédié.

Là quelques exemples amusant:

http://www.lexpress.fr/emploi/business- ... 02445.html

l'Organisation Indienne de Recherche Spatiale (ISRO) a réussi à concevoir et à lancer Mangalyaan, le satellite à destination de Mars, en à peine 18 mois et en n'ayant investi que 73 millions de dollars (soit moins que l'avion le moins cher de Boeing!). Une gageure comparée à la Nasa qui a, elle, investi 671 millions de dollars et 5 années de travail pour développer MAVEN, la sonde américaine destinée à étudier l'atmosphère de Mars, lancée le 18 novembre dernier. Comment est-il possible que l'ISRO ait pu exécuter son projet spatial trois fois plus vite et en dépensant dix fois moins que la Nasa? Son secret: le jugaad.
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par Ahmed » 25/03/14, 20:31

Bon, pour ce qui est de la "non-transposabilité directe", le message de Raymon, montre qu'une fois de plus que tout est soluble dans le STM...

Cela prouve également que les marchés des pays riches sont devenus insuffisants pour la reproduction du capital et que l'expansion à des marchés marginaux sont devenus nécessaires: une fois de plus, l'augmentation des ventes doit (devrait?) permettre de compenser un prix unitaire réduit... Une courbe en ciseaux qui ne saurait être infinie.
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par raymon » 26/03/14, 07:42

Ahmed pourrais tu utiliser un langage plus clair pour ceux qui n'ont pas une licence en économie.
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par Ahmed » 26/03/14, 19:13

Le langage de l'économie est un normalisme mathématiques très éloigné de celui de mes messages.
Je suis désolé si par souci de concision mon message n'est pas un modèle de clarté.
Mais je peux traduire! 8)
"non-transposabilité directe": je voulais dire que l'esprit Jugaad n'était pas applicable, transposable à l'industrie du fait qu'il suppose une bonne dose de "débrouille" avec les matériaux particuliers dont chacun dispose... (mais la suite montre que cette transposition peut fonctionner au niveau de la conception des produits).

"STM"=Système Totalitaire Marchand=capitalisme.

"Reproduction du capital": le capital de départ sert à acheter des matières premières, du temps de travail, de l'outillage,énergie... il est transformé en marchandise et vendu pour revenir sous la forme du capital initial + le profit ou bénéfice.

"marché marginal": marché moins avantageux que le marché primitif.

"une fois de plus, l'augmentation des ventes doit (devrait?) permettre de compenser un prix unitaire réduit..." classiquement, tout effort de productivité (augmentation des capacité productives) se traduit par une baisse unitaire du prix de vente (pour écouler la production et amortir les investissements), cette baisse unitaire se traduit par un gain sur l'ensemble du volume vendu.
La "courbe en ciseaux représente" graphiquement ce phénomène: la courbe du prix unitaire descend, tandis que celle du gain total croît.
Dessinées sur le même graphe (mais pas avec les même échelles de valeur) ces courbes se croisent à un moment donné; il est bien évident que ces courbes ne sont cohérentes que pour une amplitude restreinte*; c'est là un des grands problèmes actuels, puisque au fur et à mesure que le prix unitaire chute, la quantité de marchandises qui doit être vendue pour être rentable croît exponentiellement => obsolescence programmée, épuisement des ressources, durcissement des conditions de travail, chômage de masse, pollutions et atteintes à la bio-diversité...

*Il arrive nécessairement un prix unitaire tel que, quelque soit la quantité supplémentaire de marchandises vendues, cette baisse ne pourra pas être compensée.
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