Pour Muriel Gerkens la Belgique pourrait se passer du nucléaire dès 2015 s'il y avait une réelle volonté politique. La chef de groupe Ecolo-Groen au parlement fédéral dénonce également le lobby financier qui fait croire que fermer les centrales va coûter cher.
Invitée de Matin Première, Muriel Gerkens dénonce la décision du gouvernement fédéral de prolonger de dix ans la durée de vie des centrales nucléaires en Belgique. Pour la chef de groupe Ecolo-Groen au parlement fédéral, il est faux de dire que si on ferme les centrales il n'y aura plus assez d'électricité. Il existera en 2015, dit-elle, "la capacité de production d'électricité pour remplacer ces trois centrales-là. Utiliser cet argument comme fondement scientifique, c'est du sabotage, de la forfaiture !". Et de préciser qu'il existe en Belgique des centrales gaz-vapeur, des éoliennes offshore (qui sont en train de se développer) et de l'onshore (éoliennes terrestres).
Un rapport biaisé
Le rapport Gemix (qui préconise de prolonger la durée de vie des centrales nucléaires en Belgique) est "bâti sur des présupposés", dit Muriel Gerkens, alors qu'elle ne l'a pas encore vu pour pouvoir l'analyser. Pour l'écologiste, le rapport est "orienté". Elle pense que, lors de sa commande, l'Etat s'est interrogé sur "Est-ce qu'on aura encore besoin du nucléaire ?", au lieu de "Est-ce qu'on a la capacité et comment développer des modes de production alternatifs ?".
Muriel Gerkens précise qu'en Allemagne, un dossier a clairement établi que le nucléaire était "un mode de production sur le déclin vu son coût et son côté ringard pour produire l'électricité".
Sécurité non garantie
La chef de groupe Ecolo-Groen rappelle également que la Belgique sera le premier pays au monde à faire fonctionner des centrales plus de 40 ans. Or, rien ne garanti que ces centrales vont pouvoir tenir le coup, dit-elle. "Comment peut-on garantir que la sécurité du citoyen belge va être assurée ?". Il y a un risque réel mais on n'en parle pas. Pas un mot non plus sur les déchets, ajoute-t-elle.
Par ailleurs, dénonce-t-elle, "on estime à 800 millions (d'euros, ndlr) la somme qu'il va falloir investir pour adapter les centrales pour qu'elles puissent tenir 10 ans de plus".
Le lobby
Muriel Gerkens a l'impression que "tout est fait pour qu'Electrabel garde le monopole. Il garde ses vieilles centrales maintenant et on fait croire que c'est nécessaire". Quand aux propos de Paul Magnette, le ministre du Climat et de l'Energie, elle les interprète ainsi: "Peut-être qu'un jour on prolongera les autres (centrales), pas pour l'instant, soyons prudents. On met une condition qui est: vous devrez investir dans le renouvelable. Donc vous allez aussi pouvoir occuper tous le champ et les concurrents (les autres producteurs d'électricité), dont nous avons besoin, sont mis de côté. Et on va dépendre de la bonne volonté d'un acteur qui, en plus, envoie son argent en France plutôt qu'en Belgique".
Electrabel en position de force
Le fait que l'Etat ait besoin d'argent et qu'on ait "refusé de mettre en place un système qui aurait permis d'aller chaque année chercher les super bénéfices d'Electrabel" place ce producteur d'électricité en position de force, dit-elle.
Muriel Gerkens affirme que le gouvernement n'arrive pas à obtenir les sommes réclamées à Electrabel (250 millions - 500 millions d'euros). Des recours sont en train de voir le jour, précise-t-elle et il suffit de lire "les sorties dans la presse" de Gérard Mestrallet, le président-directeur général de GDF Suez.
Le prix de l'énergie
La chef de groupe Ecolo-Groen estime que l'énergie est déjà chère en Belgique. Elle rappelle qu'Electrabel a amorti les centrales en 20 ans et qu'aujourd'hui l'entreprise se fait "de larges bénéfices sur le dos des consommateurs". Et d'ajouter qu'il y a "tout ce mythe qui a été mis en place par le lobby financier pour faire croire aux gens que cela va coûter cher si on ferme les centrales".
En conclusion Muriel Gerkens estime s'être fait avoir par ses partenaires de la majorité à l'époque. Dès qu'ils ont continué sans nous en 2003, dit-elle, "tout a été mis en place pour ne jamais en sortir (du nucléaire, ndlr) et soutenir le monopole d'Electrabel".
(C. Biourge)
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