Une chute de chenilles a conduit à l’hospitalisation de dix-huit bébés de un à deux ans et de trois adultes vendredi 17 mars 2017, dans une crèche des Bouches-du-Rhône. En effet, ces chenilles dites processionnaires (Thaumetopoea pityocampa) ont la désagréable particularité d’être recouvertes de poils urticants et allergisants qui diffusent dans l’organisme une protéine toxique, la thaumétopoéine. Les insectes seraient tombés d'un arbre près de la crèche. Si les hospitalisations n'étaient que des précautions pour retirer les poils urticants et traiter les peaux meurtries, "parfois, la réaction va jusqu’à l’œdème. Dans certains cas très rares, au maximum 2 à 3 % de la population, cette exposition peut conduire à un choc anaphylactique, une réaction allergique exacerbée nécessitant une hospitalisation", explique l'INRA.
Les chenilles processionnaires se juchent en haut de certains arbres et se nourrissent de leurs épines. © ALLILI MOURAD/SIPA
Une prolifération due au réchauffement climatique
Dès les premiers signes de l’hiver, difficile de manquer ces chenilles lorsque le regard se porte aux branches des pins. Souvent, elles les habillent çà et là de leurs nids qui se présentent sous la forme de boules cotonneuses blanches. Au printemps, elles descendent au sol en procession, à la recherche d’un endroit propice pour se changer en papillon. Ces lépidoptères sont de vrais citadins car le climat y est plus propice à leur développement puisque les protégeant du froid. Et les chenilles sont de plus en plus nombreuses dans l'hexagone. Une colonisation qui s'explique aussi à cause du réchauffement climatique. "La processionnaire du pin est une des quelques espèces d’insectes pour lesquelles le rôle du changement climatique dans l’expansion des populations en latitude et altitude a été clairement établi… Les limites thermiques qui bornaient l’aire de distribution ont ainsi été levées depuis la fin des années 1990 pour une grande partie de l’Europe. L’insecte a ainsi naturellement progressé de plus de 100 km en 20 ans en France", explique une page dédiée de l'Inra.
Nuisible par excellence, sa présence ne fait pas que des victimes humaines ou animales. Les larves, dès lors qu'elles sont en nombre suffisant peuvent littéralement détruire une forêt. L'année dernière, les chenilles processionnaires dévoraient à elles seules plusieurs hectares de pinède dans les Pyrénées-Orientales. Les insectes affaiblissent les arbres en se nourrissant des épines et augmentent du même coup les risques d'incendies.
Les chenilles processionnaires tirent leur nom du fait qu'elles se déplacent l'une derrière l'autre, à la manière d'une procession. © ALLILI MOURAD/SIPA
Des moyens à disposition pour contre attaquer
Si cette chenille devient de plus en plus envahissante, plusieurs méthodes permettent néanmoins de limiter sa prolifération. Le moyen le plus simple revient à détruire les nids et les chenilles en les brûlant, à condition d'en avoir l'autorisation. Mais cette solution trouve rapidement ses limites dès lors que l'arbre culmine à une certaine hauteur. Une autre astuce consiste à rependre sur des pièges des phéromones de synthèse qui imitent celles des femelles. Cette technique préventive va réduire le nombre des futurs fécondations et donc en toute logique, des pontes, puis des nids. Des pièges en forme de collerette qui entourent le tronc peuvent aussi être disposés de façon à capturer les insectes à l'aide de petits sacs plastiques placés aux extrémités. Idéal au moment de la procession lorsque les chenilles quittent leur perchoir. Autrement, une haie de feuillus comme le bouleau, placé en lisière d'une forêt de pins peut faire office de rempart. Les essences cachent les perchoirs tant convoitées et les chenilles ne les colonisent pas. De plus, certaines odeurs dégagées par ces arbres peuvent faire office de répulsifs. Mais le véritable talon d'Achille de ces nuisibles s'appelle la mésange. Il suffit d'installer des nichoirs et laisser le volatile s'installer pour commencer un travail qui n'est pas pour lui déplaire. Plutôt vorace, cet oiseau raffole littéralement des processionnaires et peut en dévorer jusqu'à 40 par jour. Dès lors, les poils urticants ne sont plus d'aucun secours...
En rouge : limite de présence ; en vert : absence de l’insecte certifiée en 2012. © Inra, A Roques & C. Robinet.