PLACEBO. L’homéopathie ne sert à rien. C’est en substance la conclusion d’un vaste rapport rendu public au début du mois de mars 2015 et réalisé par le plus important des organismes dédiés à la recherche en Australie, le National Health and Medical Research Council (NHMRC), l’équivalent de notre Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les auteurs de ce travail ont passé en revue 225 études ayant examiné le bénéfice des traitements homéopathiques. Cette méta-analyse a révélé que les petites granules prescrites ne seraient finalement pas plus efficace que "des pilules de sucre". Autrement dit, pas plus qu'un effet placebo.
En tout, les études évaluées portaient sur 65 maladies et consistaient à déterminer l'efficacité d'un traitement homéopathique par rapport à un placebo ou un traitement "classique" efficace. Dans chaque étude examinée, au moins deux groupes avaient donc été constitués : ceux prenant des granules et ceux recevant un placebo, ou un traitement reconnu. Pour les chercheurs, cela ne fait aucun doute : il n'existe aucune preuve scientifique de l'efficacité de ces traitements.
"Mais si elle n'a aucun bénéfice, elle ne peut pas faire de mal", rétorquent régulièrement les adeptes de l'homéopathie habitués aux critiques. Une idée reçue également battue en brèche par les chercheurs australiens, pour qui l'homéopathie constitue même un risque de détourner des patients de traitements à même de bien soigner leur affection. Le danger serait en effet constitué "si les personnes qui choisissent l’homéopathie rejettent ou retardent les traitements qui ont, eux, prouvé leur sécurité et leur efficacité", expliquent les chercheurs.
Une controverse de longue date
Controversé depuis son invention au 18e siècle par le docteur Samuel Hahnemann, l'homéopathie consiste à délivrer à des doses infinitésimales une substance produisant chez une personne saine des symptômes semblables à ceux présents chez une personne malade. L'objectif étant d'habituer l'organisme pour progressivement le désensibiliser.
Le rapport australien est loin d'être le premier travail à remettre en cause la pertinence des fameuses granules. Ainsi, en 2014 déjà, le même institut australien avait réalisé un travail similaire sur quelque 300 études et en avait tirer les mêmes conclusions. En 2004, l'Académie de médecine dénonçait déjà une "méthode obsolète, imaginée il y a deux siècles à partir d’a priori conceptuels dénués de fondement scientifique".
En 2012 pourtant, 56% des Français déclaraient utiliser des médicaments homéopathiques. Le professeur Glaziou qui a dirigé les travaux espère en tout cas que les patients "y regarderont à deux fois avant de continuer à se soigner avec ces pilules d'eau et de sucre".
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