BOUCLIER. La superficie des glaces dans l'océan Arctique, au plus chaud de l'été quand la fonte est la plus forte, est désormais 40% inférieure par rapport à la fin des années 1970. Depuis le début des années 1980, la banquise se réduit à un rythme de 13,4% par décennie et "c'est la glace plus ancienne qui est en train de disparaître", a déclaré Walt Meier, glaciologue au Goddard Space Flight Center de la NASA. "Or cette glace ancienne a un rôle de bouclier : un été chaud fera fondre toute la jeune glace mais pas ne doit théoriquement pas éliminer complètement la vieille glace. Mais celle-ci est de plus en plus fragile, mince et dispersée. De sorte que le bouclier Arctique n'est plus aussi efficace qu'avant", ajoute-t-il.
Un océan Arctique libéré des glaces en été ?
En utilisant diverses sources de données et notamment les mesures de l'épaisseur de la glace effectuées par les satellites et leur détecteurs micro-ondes, les chercheurs de la Nasa ont reconstitué l'évolution de la glace Arctique de 1984 à nos jours. Pour évaluer l'âge de celle-ci, ils se sont fondés sur son épaisseur : "C'est un bon analogue car fondamentalement plus la glace vieillit et plus elle devient épaisse", précise Walt Meier. En effet, chaque année, une partie de la glace formée en hiver fond l'été, le reliquat forme la glace pluriannuelle qui s'épaissit d'année en année. En arctique, la glace annuelle a environ un à deux mètres d'épaisseur et la pluriannuelle trois à quatre mètres. Cette glace ancienne est plus résistante à la fonte et moins susceptible d'être brisée par les vents ou les vaques. Or le résumé vidéo de la Nasa indique que non seulement la surface glaciaire de l'Arctique diminue en superficie chaque année mais que la glace pluriannuelle s'amincit et se réduit aussi drastiquement.
Le suivi des glaces sur trente ans. © Visualisation scientifique studio NASA / Cindy Starr.
En 1980, la glace pluriannuelle représentait jusqu'à 20% de la couverture Arctique. En 2016, elle n'occupe que 3% de cette surface. "La glace plus ancienne était comme la police d'assurance de la banquise arctique: comme nous la perdons, la probabilité que l'océan soit totalement libre de glace l'été augmente", estime Walt Meier. La perte continue de vieille glace, de cinq ans ou plus, est préoccupante. Elle empêche la banquise de récupérer son étendue estivale et modifie l'ensemble de l'écosystème de la région puisqu'elle rend l'ensemble de la calotte glaciaire plus sensible au réchauffement climatique. Un véritable cercle vicieux. Certains en tirent avantage, l'océan Arctique libéré des glaces l'été libère ainsi de nouvelles voies de navigation. L'été 2016, le Crystal Serenity (un luxueux paquebot de croisière) a emprunté pour la première fois la Voie du Nord, entre les îles arctiques à travers le passage du Nord-Ouest, un passage d'environ 1 500 km de long qui relie l'océan Atlantique à l'océan Pacifique. De nombreux autres navires s'aventurent dans ces eaux et le trafic devrait s'y intensifier pour atteindre 50 millions de tonnes en 2020.