Coup dur pour l'EPR

L'Autorité de sûreté nucléaire veut procéder à l'audit du réacteur de troisième de génération avant de poursuivre la construction.

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Le chantier de l'EPR de Flamanville a déjà pris beaucoup de retard.
Le chantier de l'EPR de Flamanville a déjà pris beaucoup de retard. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Voilà qui ne devrait pas aider la filière nucléaire française. Le président de l'Autorité de sureté nucléaire (ASN) a évoqué, mercredi, l'idée d'un "moratoire" sur la construction du premier réacteur de première génération hexagonal, l'EPR (European Pressurized Reactor), en cours de construction dans la Manche. Même si André-Claude Lacoste a précisé, jeudi, sa pensée en affirmant qu'il ne s'agissait que de réfléchir à "ne pas bâtir telle ou telle partie de la centrale qui serait ensuite appelée à être modifiée pour améliorer la sûreté", il a jeté le doute en pleine crise nucléaire à Fukushima (consultez notre dossier : Japon, la grande peur).

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Par ses propos, le président de l'ASN a en effet implicitement reconnu que le réacteur français de troisième génération conçu par Areva n'a pas plus été étudié que les 58 autres de l'Hexagone afin de résister à un enchaînement de catastrophes naturelles, comme un séisme et un tsunami. Même inachevé, il ne pourra pas échapper à l'audit commandé par François Fillon sur les centrales françaises afin de mieux prendre en compte "l'aléa sismique, l'aléa d'inondation, le risque de perte d'alimentation, le risque de perte des systèmes de refroidissement et la gestion de crise". "Peut-être sera-t-il conclu qu'il n'y a pas de modifications à apporter, peut-être pas, nous ne présumons pas des conclusions", précise Olivier Gupta, le directeur général adjoint de l'ASN.

Surcoûts ?

Ce constat tombe au plus mauvais moment. Si l'incident de Fukushima porte un coup de frein - sinon un coup d'arrêt - à la renaissance de l'atome, la filière française, jusqu'ici en difficulté pour vendre sa technologie EPR - plus chère, mais aussi plus sûre que les générations précédentes de réacteurs - pouvait au moins espérer qu'elle bénéficierait d'un regain des exigences en matière de sûreté.

Espoir déçu ? Le sort du réacteur de Flamanville sera suivi de près par les clients potentiels. En cas de modifications exigées, il pourrait prendre du retard, ce qui entraînerait des surcoûts difficiles à évaluer pour EDF. Ce qu'il ne peut pas se permettre. Car les problèmes se sont déjà multipliés sur le chantier depuis le début des travaux. Initialement prévue pour entrer en fonction en 2012 et coûter 3,3 milliards d'euros, la nouvelle version de réacteur à eau sous pression (REP) devra attendre au moins jusqu'en 2014 et devrait coûter 5 milliards d'euros.

Image écornée

La situation n'est pas meilleure sur le seul autre chantier européen en cours en Finlande, à Olkiluoto. En novembre 2009, les Autorités de sûreté nucléaire britannique, française et finlandaise avaient émis des réserves sur les systèmes de sûreté de l'EPR. Elles critiquaient alors la trop grande interconnexion entre deux systèmes de contrôle, supposés être indépendants, l'un faisant fonctionner le réacteur et l'autre assurant sa sécurité. "Les deux systèmes ne doivent pas faillir simultanément", expliquaient les organismes de contrôle. "EDF et Areva ont répondu à nos principales observations", assure aujourd'hui Olivier Gupta de l'ASN. Celle-ci doit toutefois encore consulter son groupe d'experts sur le sujet avant de pouvoir clore le sujet.

Mais ces contretemps font désordre. Dans un rapport à l'Élysée daté de juin 2010, François Roussely, ancien président d'EDF, estimait ainsi que "la crédibilité (...) du modèle EPR et la capacité de l'industrie nucléaire française à réussir de nouvelles constructions de centrales [étaient] sérieusement ébranlées".



Réacteur de troisième génération, l'EPR améliorerait la sûreté d'un facteur 10. Ce qui reste insuffisant aux yeux des antinucléaires. Son rendement électrique est supérieur de 22 % à celui d'un REP. Ses petits plus : un récupérateur de coeur fondu doté d'un système de refroidissement passif, quatre systèmes de refroidissement d'urgence indépendants dotés de leur propre diesel de secours, deux générateurs électriques supplémentaires de conception différente susceptibles de prendre la relève - et, s'ils tombaient en panne à leur tour, un dispositif permet de faire de l'électricité à partir de la vapeur générée par le réacteur -, et enfin des parois pour l'enceinte de confinement renforcées.

Où sont-ils implantés ?

Un EPR d'une puissance de 1 600 MWe est en construction à Flamanville (dans la Manche), à Olkiluoto (Finlande) et en Chine. L'américain Westinghouse et le sud-coréen Kepco ont également conçu des réacteurs à eau pressurisée plus évolués.

Commentaires (67)

  • blahblah

    Avec 5 milliards d'euros combien d’éoliennes offshore construit-on ?

  • blahblah

    Avec 5 milliards d'euros combien d’éoliennes offshore construit-on ?

  • davapache

    Votre argumentaire que les arbres, et les éoliennes si on en installait, fassent tomber le vent... C'est incroyable de dire des trucs pareils... Planter des haies ou des forêts ne stoppent aucunement le vent, mais cela amène juste une impression de moins de vent au raz du sol... Le vent est un phénomène météorologique complexe de mouvements de masse d'air du à des différences de pressions atmosphériques... Seul un pro nucléaire, qui croit donc pouvoir maitriser la Nature, peut imaginer des bêtises pareilles... En Navarre, la totalité de l'électricité est produite grâce au solaire et l'éolien... ça marche, suffit de vouloir... C'est comme ceux qui disent que le solaire ne marche pas quand il y a des nuages... N'importe quoi... La propagande anti-solaire et éolien est très forte, et véhicule de fausses idées... Renseignez vous si vous pouvez, mais j'ai des doutes... Quand on croit qu'on arrête le Vent... On est bien loin de la réalité, prisonnier de l'orgueil imbéciles et dangereux des hommes qui se croient maîtres de la Nature...