Nucléaire et changement climatique : Stop aux idées reçues !
Climat : que disent les scientifiques ?
Selon la communauté scientifique internationale, la hausse de la température moyenne du globe doit être maintenue en-dessous de +2°C pour éviter les effets les plus catastrophiques du changement climatique. A cette fin, il faut réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’au moins 80 % d’ici à 2050, par rapport à 1990. Quant aux pays industrialisés, premiers émetteurs de gaz à effet de serre, ils devront avoir déjà réduit leurs émissions de 40 % dès 2020 ! [1]
Une technologie "hors sujet" et inefficace
75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de secteurs sans aucun lien avec la production d’électricité, ou pour lesquels recourir à l’électricité est d’un rendement particulièrement mauvais : agriculture, exploitation forestière, procédés industriels, transport, chauffage, etc [2]. Le nucléaire y est donc hors sujet !
Sa capacité à réduire les 25 % d’émissions restants est extrêmement médiocre. Loin d’être antinucléaire, l’Agence Internationale de l’Energie encourage contre toute raison la croissance continue de la consommation d’énergie. Elle calcule cependant que la contribution du nucléaire à la réduction des émissions de CO2 serait d’à peine 6 % pour un coût d’au moins 1 000 milliards d’euros... contre 54 % pour les économies d’énergie et 21 % pour les énergies renouvelables, à un coût très inférieur ! [3]
Puisqu’il faut environ 10 ans pour construire un seul réacteur, cette réduction dérisoire et hypothétique ne commencerait qu’après 2020, donc bien trop tard.
Oui, le nucléaire émet des gaz à effet de serre !
La filière nucléaire émet des quantités non négligeables de gaz à effet de serre, liées au cycle de vie des réacteurs (construction, démantèlement...) et de leur combustible (extraction, transport, retraitement...). Mais surtout, contrairement à d’autres technologies, le nucléaire ne permet pas de récupérer la chaleur dégagée lors de la production d’électricité. Il impose donc de produire de l’énergie supplémentaire pour nos besoins en chaleur. Produire électricité et chaleur en co-génération permet d’émettre 7 fois moins de gaz à effet de serre qu’un système énergétique nucléarisé ! [4]
Le nucléaire : cher… et contreproductif !
Pour un euro investi, l’efficacité énergétique et certaines énergies renouvelables sont jusqu’à 11 fois plus performantes que le nucléaire pour réduire les gaz à effet de serre ! [5] Or la technologie nucléaire est un véritable gouffre financier. De ce fait, elle entrave le développement rapide et massif des vraies solutions contre le changement climatique.
En effet, le nucléaire exige des investissements considérables en matière d’infrastructures et monopolise d’énormes subventions publiques, dont les 2/3 des budgets de recherche européens sur l’énergie. [6] Depuis 1974, les pays de l’OCDE ont officiellement consacré au nucléaire 55 % de leurs budgets de recherche sur l’énergie, soit 250 milliards de dollars. [7] Les coûts futurs du démantèlement des installations nucléaires et de la gestion des déchets radioactifs se chiffreront en centaines de milliards d’euros.
Des centrales vulnérables au changement climatique
Plus il fait chaud, moins les réacteurs nucléaires sont opérationnels : 1/4 du parc nucléaire français a dû être arrêté en 2003 à cause de la canicule estivale ! En outre, le nucléaire consomme 25 000 fois plus d’eau par kWh produit que les énergies éolienne et solaire. [8] Les événements climatiques extrêmes (tempêtes, inondations...), dont la fréquence augmente, accroissent les risques d’accidents. Ainsi, en 1999, la centrale nucléaire française du Blayais, qui avoisine Bordeaux, a frôlé la catastrophe en raison d’une inondation, et la ville a bien failli être évacuée. [9] Inondée par le tsunami du 26 décembre 2004, la centrale indienne de Kalpakkam a été arrêtée en urgence. 15 000 familles auraient été évacuées le lendemain par mesure de précaution. Des niveaux de radioactivité inquiétants ont été mesurés 2 mois plus tard dans une zone de 20 km à la ronde. [10]
Une industrie polluante et dangereuse
En fonctionnement normal, la filière nucléaire pollue les eaux et les sols, notamment lors de l’extraction minière de l’uranium. Elle rejette en permanence de la radioactivité dans l’environnement. Une étude scientifique allemande a mis en évidence un surcroît de 117 % des leucémies infantiles jusqu’à 5 km de certaines centrales. [11] La très officielle Commission Internationale de Protection Radiologique affirme elle-même que "toute dose de rayonnement comporte un risque cancérigène et génétique". [12] Un accident majeur, toujours possible, contaminerait de vastes territoires pour des milliers d’années, et il n’existe aucune solution pour gérer les déchets nucléaires. Enfin, la multiplication des réacteurs nucléaires favorise la prolifération de l’arme atomique.
Créer plus d’emplois avec d’autres énergies
En moins de 10 ans, l’Allemagne a créé près de 300 000 emplois dans les énergies renouvelables [13] . Ce secteur encore émergent occupait déjà au bas mot 2,3 millions de personnes dans le monde en 2008. Les pays industrialisés ne sont pas seuls à en bénéficier, et certains développent des programmes d’énergie solaire parmi les plus dynamiques au monde. Ainsi, 100 000 toits photovoltaïques ont été installés en quelques années au Bangladesh, et cette filière pourrait créer 100 000 emplois dans le pays d’ici à 2015. [14] A investissement égal, les économies d’énergie et les énergies renouvelables créent 15 fois plus d’emplois que le nucléaire ! [15]
Les vraies solutions existent, utilisons-les !
De nombreuses mesures pertinentes doivent être mises en œuvre en matière de politique énergétique (efficacité énergétique, économies d’énergie, développement des énergies renouvelables…), mais aussi dans les autres secteurs : lutte contre la déforestation, transition vers une agriculture durable, relocalisation des activités économiques,… Sans oublier la réduction des émissions de méthane, un gaz qui réchauffe 49 fois plus que le CO2. Sa récupération dans les décharges françaises permettrait d’éviter bien plus de gaz à effet de serre que la construction de 3 réacteurs EPR ! [16]
De nombreuses études [17] ont démontré que les alternatives énergétiques déjà disponibles permettraient à la fois de lutter efficacement contre le changement climatique et de se passer totalement de l’électricité nucléaire… qui ne représente aujourd’hui que 2,4 % de l’énergie consommée dans le monde ! [18]