Oups, circuit de vapeur à 600 °C sous 250 bars !
Pour pousser le rendement à 46 %
Alstom pousse plus que jamais le charbon
28 Sept 2012 Usine Nouvelle
Le contrat annoncé le 26 septembre pour l’équipement d’une centrale électrique en Corée du Sud en témoigne : le charbon reste au cœur de l’activité énergie d’Alstom. Avec une technologie qui est en train de s’imposer.
"Ultrasupercritique". Chez Alstom, les superlatifs sont de mise quand on parle du charbon. Et pour cause : c’est la première source d’électricité dans le monde. C’est aussi le plus gros segment du marché des centrales électriques, avec environ un quart des capacités installées chaque année. C’est enfin l’un des tous premiers, sinon le premier, secteur d’activité du groupe.
Turbine, chaudière, alternateur… le français veut continuer de croître sur ce marché. Et il mise pour cela sur la dernière évolution de sa technologie centenaire : l’ultrasupercritique. Un mot qui veut essentiellement dire chaud, très chaud : la vapeur qui fait tourner les turbines – et les générateurs d’électricité associés – franchit les 600°C. Et la pression dépasse 250 bars. Des conditions extrêmes qui permettent de pousser le rendement d’une centrale à charbon à environ 46%. Soit, pour une même quantité de combustible, plus de kilowattheures et moins d’émissions de CO2.
Cette technologie récente s’impose à grande vitesse. "Le virage est radical, se félicite Andreas Lusch, le directeur de l’activité 'vapeur' d’Alstom Thermal Power. Alors que le premier projet de centrale ultrasupercritique date de seulement six ans, ce sont aujourd’hui 40% des capacités de production que nous construisons qui relèvent de cette technologie. Et ce chiffre va encore augmenter". Partie la première, l’Europe a déjà basculé dans l’utltrasupercritique avec près de 100% des projets en cours. Alstom revendique plus de la moitié de ces contrats. Le reste est tombé dans l’escarcelle de Siemens, au coude-à-coude avec le français dans cette technologie.
Nouveaux contrats
Le mouvement s’étend à l’Asie : Alstom exécute deux contrats de ce type en Malaisie, un en Chine, un en Inde et … le nouveau contrat coréen. "La plupart des futures grosses centrales chinoises seront ultrasupercritiques", précise Andreas Lusch. La pénétration de cette technologie en Asie est fondamentale pour l’activité "vapeur" d’Alstom. Chine et Inde en tête, l’Asie concentre les deux tiers du marché mondial des centrales à charbon. Alstom doit suivre ce déplacement du marché alors que les géants chinois Shanghai Electric, Dongfang et Harbin dominent leur marché national et partent depuis quelques années à l’export chez leurs voisins. "Les chinois essayent de progresser dans la technologie ultrasupercritique, reconnaît Andreas Lusch. Mais il leur faudra encore du temps pour la maîtriser".
Reste que le dirigeant ne se berce pas d’illusions. Pour continuer à faire la course technologique en tête, Alstom a déjà un agenda de progression pour la prochaine décennie. Et vise à l’horizon 2020 la commercialisation d’une technologie atteignant 50% de rendement, avec une vapeur à plus de 700°C. Il faudra inventer un autre superlatif.
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