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Vers des avions sans pilotes?
Des programmes de recherches sur le tout-automatique sont en cours depuis dix ans.
L’idée de concevoir des avions de ligne sans pilote pourrait faire son chemin après le crash du vol 4U9525. Pour certains, de la Silicon Valley et d’ailleurs, ce genre de drame pourrait être évité à l’avenir en confiant les manettes à une machine supervisée par des contrôleurs au sol. Exit les pilotes, leur savoir-faire, bonjour infaillibles capteurs, processeurs et algorithmes ?
L’éventualité ne semble pas si loufoque. Les dispositifs de pilotage automatique se sont banalisés dans les avions, tandis que les drones à usages civil et militaire se multiplient aujourd’hui au-dessus de nos têtes et que les voitures sans chauffeur circuleront bientôt sur nos routes. «La technologie est déjà là», soufflent plusieurs spécialistes de l’aéronautique, avec la prudence de l’anonymat.
En 2004, déjà, un programme européen nommé «IFATS» (pour «Innovative Future Air Transport System») visait à simuler une automatisation totale du transport aérien à l’échelle du continent. Dans ce scénario, le commandant de bord était encore présent dans les avions de transport de passagers, mais il ne pilotait plus. «Certains estiment que le tout-automatique est un rêve inaccessible. Nous leur répondons : étudions la question. Si les solutions développées ne fonctionnent pas, nous reverrons notre copie», affirmait à l’époque le coordinateur du projet, Claude Le Tallec, dans un communiqué de l’Onera (Office national d’études et de recherches aérospatiales), principal centre français de recherches dans ce secteur.
Une décennie plus tard, la copie a-t-elle été revue ? Selon nos informations, l’Onera mène toujours des recherches sur ce sujet. Les travaux portent sur l’automatisation, la fiabilité des systèmes, l’«intelligence» embarquée et les communications d’avion à avion et avec les stations au sol. Autant de domaines qui doivent être maîtrisés avant que des avions de ligne autonomes puissent un jour voler. Mais trois jours après le drame de l’A320 de la Germanwings, l’Onera ne souhaitait pas en dire davantage sur l’avancée de ses recherches.
En Europe, d’autres se sont emparés du sujet. C’est le cas de BAE Systems et de son programme «Astraea», auquel participent entre autres Airbus Defence & Space et Thales. L’objectif officiel n’est pas de concevoir un drone dédié au transport de passagers. Mais, en 2013, BAE, l’avionneur britannique, réussissait à faire voler un jet de dix-neuf sièges sur un trajet de 800 kilomètres sans intervention humaine (sauf au décollage et à l’atterrissage), et ce dans l’espace aérien habituellement réservé aux avions commerciaux. Grâce à un système de détection avancé, l’appareil pouvait éviter les autres engins volants autour de lui et sélectionner une zone propice en cas d’atterrissage d’urgence. De nouveaux essais auront lieu en mai.
Un laboratoire sud-coréen, le Kaist, dispose d’une autre solution pour pallier les pilotes de chair et d’os: un robot pilote. Son «Pibot» tient le manche à balai et actionne le palonnier comme un pro pour faire décoller et atterrir son avion sans accroc. Dans un simulateur de vol, du moins, et avec un arsenal de commandes réduit au strict minimum.
Mais qui serait prêt à lui faire confiance ? Avant mardi, l’avion autonome s’imaginait malgré tout avec des pilotes dans le cockpit, au cas où la machine partirait brusquement en vrille à 10 kilomètres d’altitude ou tout simplement pour rassurer les passagers. Après le récent crash, l’inverse pourrait être envisagé.
Gabriel Siméon
http://www.liberation.fr/economie/2015/03/27/vers-des-avions-sans-pilotes_1229923
"Le Génie consiste parfois à savoir quand s'arrêter" Charles De Gaulle.