EES: les faits

EXTRAITS DE CRISES CATASTROPHES ET SURVIE
EES écrit en 1989 par Gabriel Ferrone.

– LES TRANSPORTS
– LES ROUTIERS SONT SYMPAS
– LA VILLE ENCOMBREE
– LE PIETON
– CYCLISTE ET MOTOCYCLISTES
– L’AUTOMOBILISTE
– L’AUTOMOBILISTE RANCONNE

Introduction

Les transports sont indispensables, mais ils sont aussi sources de multiples catastrophes et de 15 à 20 000 morts chaque année en France.
140 millions de tonnes de produits à haut risque sillonnent l’hexagone : explosives, inflammables, corrosives, toxiques, radioactives. Elles sont transportées 76% par route ; 17% par rail ; 7% par voies d’eau. (Chiffres 1989) C’est pire en 2004
L’automobile tue en moyenne de 5 à 10 fois plus que l’aviation et cinquante fois plus que le train au kilomètre parcouru, d’après le QUID 1989 (page 1448a),
Les statistiques sont intéressantes, elles permettent de connaître les risques que nous encourrons pour chaque moyen de transport et de les comparer.
Dans le monde plus de 400 000 personnes sont tuées sur les routes chaque année et 12 000 000 sont blessées par l’automobile et les transports routiers. Par les conséquences des accidents de la route le dixième des français est plus ou moins handicapé.
Les transports sont de plus causes de multiples pollutions. Leur simple fonctionnement, en dehors des accidents, est aussi cause d’encombrements, de pollutions, de désordres..
 » La politique des transports en France n’a pas évolué depuis 1970 où ON donnait la priorité à la route, alors que nos voisins ont compris qu’il fallait miser sur le rail. »

Les routiers sont sympas

Les transports routiers ont été les principaux bénéficiaires de la croissance. Ils progressent de 5% en moyenne depuis 30 ans grâce à l’internationalisation du trafic. La position de la France en fait une zone de transit entre l’Angleterre et l’Europe, entre l’Europe du Nord et l’Espagne le Portugal et l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest. La part des poids lourds dans le trafic autoroutier atteint pratiquement 25%. Ainsi une douzaine de milliers de camions, dont les 4 cinquièmes, font plus de 19 tonnes empruntent chaque jour l’autoroute Paris – Lille, la plus encombrée de France, et on observe une augmentation continuelle des poids lourds sur chaque grand axe. Le Centre de Recherches pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie (CREDOC) estime que le trafic sera doublé avant 2010. Gagnant des points de marché sur le rail qui ne se défend pas et sur les voies navigables étranglées par l’administration, les routiers par leur abondance et également par la façon dont ils impressionnent les automobilistes qu’ils effrayent perdent peu à peu l’image sympathique qu’ils avaient auprès du public. Ils sont impliqués dans 6% seulement des accidents mais ceux – ci font 16% des victimes. Le Centre de Documentation et d’information de l’assurance a pu vérifier que plus les camions sont gros et plus le nombre d’accidents dans lesquels ils sont impliqués est élevé.
Chaque camion porte obligatoirement un enregistreur de vitesse (le chrono – tachygraphe) obligatoire à partir de 3,5 tonnes. Cet appareil enregistre sur tous les véhicules de plus de 3,5 tonnes un certain nombre d’indication : vitesses atteintes, distances parcourues, temps de travail et d’arrêt.
La vitesse est théoriquement limitée sur les autoroutes et les routes à grande circulation à 90 pour les moins de 19 tonnes, à 80 pour les plus de 19 tonnes et à 80 pour le transport de matières dangereuses ; sur les autres routes ; respectivement 80, 80 et 60 et en ville à 50 kilomètres heures pour tous. Les durées de conduite sont réglementées à 4h30 en conduite continue suivie de 45 minutes d’interruption au minimum ; de 9 heures par jour maximum et pas plus de six jours consécutifs.
Les fédérations de routiers souhaitent que le poids total roulant autorise soit porté comme en Allemagne à 44 tonnes et que la largeur maximum autorisée des camions soit portée à 2,60 mitres.
La liaison rail – route – péniches – bateaux, grâce à la conteneurisation aurait pu être réussie si de sordides intérêts particuliers primant l’intérêt national n’avaient pas laissé la SNCF incapable de mettre au point des structures d’accueil et d’embarquement nécessaires, et ces lobbys n’avaient pas maintenu les voies navigables dans le piteux état que nous connaissons.
Cette mauvaise gestion des transports est une des causes de la mauvaise position de la France dans la concurrence internationale.

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La Ville encombrée

Nous nous inspirons du travail d’un vieil ami, M. Gérard BEAU, qui déjà dans les années 1960 disait : <Mais circuler implique de s’arrêter, de charger et décharger voyageurs, bagages, marchandises et lorsque le véhicule n’est pas en usage il faut le garer en stationnement de telle manière qu’il n’apporte de gène ni aux autres automobilistes, ni aux cyclistes et aux cavaliers, ni aux piétons. L’usage de la voiture doit être déférent envers les piétons et particulièrement envers les enfants les handicapés et les vieillards… >>
.(G. BEAU, LA CINETIQUE URBAINE, N° 15 de la REVUE TECHNIQUE DU BATIMENT ET DES CONSTRUCTIONS INDIVIDUELLES ).

Le pieton

Dominique LEGLU a mis « le piéton en équation » dans le numéro spécial 32 de Sciences et Avenir et il nous a appris qu’il circule, lorsque aucun obstacle ne le gêne, entre 46 et 112 mètres par minute, du lambin au plus agité. Plus il y a de piétons et moins ils peuvent circuler.
Le piéton est très mal vu en France où les accotements sont impraticables et les routes mortelles pour lui. En ville les trottoirs sont en principe là pour l’accueillir mais, que n’y trouve t’on pas ! Entre l’obstacle insidieux du pavé qui dépasse, de la plaque d’égout mal ajustée, des divers objets abandonnés, des poubelles et de la multitude de poteaux et de constructions provisoires, il chemine péniblement sur un sol gras, encombré de déchets et d’excréments malgré les efforts des services de voirie. Une des causes principales de ce mal est la mauvaise coordination entre les distributeurs d’énergie et d’eau qui creusent chacun pour soi alors qu’il eut été convenable de faire des souterrains où les ouvriers des différents services puissent circuler et où les conduites puissent être surveillées et entretenues ou modifiées sans bouleverser le sol.
Les obstacles que ce piéton rencontre sont donc nombreux, en ville particulièrement, et certains irrémédiables puisqu’ils tuent près de 300 piétons chaque année victimes des automobiles, deux roues, obstacles divers ; un tué sur 6 est un enfant.
Tous les accidents de la route confondus ont tué 1 212 enfants en 1970 qui fut une année très difficile, en 1986 plus de 650 piétons furent tués et plus de 25 000 furent blessés grièvement.
Le piéton est souvent mal vu par le conducteur motorisé qui a tendance d’oublier qu’il est d’abord un piéton. Certains piétons sont très imprudents, ne respectent pas la signalisation, se lancent sans précaution à travers le flot des véhicules et ne savent pas qu’il faut à chaque conducteur du temps pour réagir et une certaine distance pour freiner proportionnelle au carré de la vitesse..
L’excès de vitesse en traversée d’agglomération est, pour cette raison, criminel.

En cas de catastrophe imposant l’abandon des véhicules, faute de carburant par exemple, la marche à pied serait obligatoire et nombreux seront ceux qui se trouveront très handicapés, la majorité de la population ayant perdu l’habitude de marcher.

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L’évacuation des lieux publics en cas de catastrophe est aussi un problème lié à la marche et souvent la vitesse d’évacuation conditionne l’ampleur du drame. Qui sait qu’en cas d’évacuation d’urgence plus de 250 personnes par minute peuvent s’échapper par un couloir de un mètre de large s’ils marchent au pas synchronisé et ont les mains sur les épaules de ceux qui les précèdent ! Dans une situation confuse, le même couloir de un mètre de largeur permet à peine l’évacuation de 70 personnes par minutes.

Cyclistes et motocyclistes

La « petite reine », c’est ainsi qu’était appelée la bicyclette dans les années 1930, a bien perdu de son prestige, c’est aujourd’hui le « vélo », il tue peu mais est victime des autres c’est entre 4 et 500 cyclistes qui meurent en France ainsi chaque année et 8 à 9 000 vont à l’hôpital pour des séjours plus ou moins longs. Notons que depuis l’arrivée des vélos tout terrain qui ont enthousiasmé de nombreux cyclotouristes.

Les cyclomoteurs multiplient ce chiffre par deux et demi, vélomoteurs et motos l’allongent encore pour atteindre dans la décennie 80 / 90 un total de plus de 2 000 tués et prés de 60 000 blessés pour les deux roues chaque année. Ces drames atteignent surtout des jeunes de moins de 25 ans.
Il est notable que la France ne fait pas grand chose pour encourager l’usage de la bicyclette, les couloirs réservés sont inexistants, mal conçus, impraticables.

L’automobiliste

Nous nous intéressâmes tout particulièrement aux automobilistes de la Ville de Paris, avec le parti écologiste « LES VERTS » en I981, et nous fîmes de bien désagréables constatations :
Alors que cette ville est asphyxiée par les voitures, de nombreux emplacements de parking à ciel ouvert, plus de 120 000, ont disparus, grignotés par les administrations qui se les réservent.
Certains furent supprimés pour d’obscures raisons qui ne sont pas totalement étrangères aux intérêts des concessionnaires de parkings souterrains ;
– 60 000 places couvertes ont disparues parce que de nombreux garages ont été rachetés par des promoteurs qui n’ont pas respecté les réglementa d’urbanisme préférant parfois payer une amende ou un pot de vin plutôt que de construire le nombre de places obligatoires et que de nombreux garages ont été transformés en entrepôts par des commerçants ou des particuliers ; d’autre part la législation des dernières décennies fait que nombreux sont les propriétaires qui refusent de louer des locaux libres ce qui dégagerait des emplacements ;
– Nous nous sommes aperçus qu’une partie des parcmètres étaient placés, non sur le domaine public mais sur des trottoirs, propriétés privées, sous la responsabilité de propriétaires qui ignorent complètement qu’une victime d’un accident causé par ces appareils peut se retourner contre eux ;
– Que de nombreux parcmètres ne sont pas agréés et qu’aucun contrôle ne peut être exercé sur les sommes encaissées, dont une grande partie est détournée !
Notre enquête s’est poursuivie à Issy les Moulineaux et au Mans et nous avons trouvé les mêmes anomalies. La justice, informée par nous, s’est pudiquement voilée la face dans ces trois villes.
En ce qui concerne la RATP : les autobus relativement inconfortables qu’elle propose aux usagers sont victimes de l’armée et des compagnies républicaines de sécurité qui exigent leur transformation rapide à leurs usages en cas de besoin.
Le métro R.E.R. est bien trop profond car il a vaguement été conçu comme un abri antiatomique mais il ne servirait à rien en cas de conflit car il n’est pas équipé de sas, filtres à air et à chaleur, zones de réserves, etc. Ces installations ne s’improvisent pas en quelques semaines pour un ensemble d’ouvrages de cette ampleur. Notons qu’en 2004 la situation n’est guère meilleure en ce domaine.

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L’automobiliste rançonné

Prenons l’exercice 1979 / 1980 : l’automobiliste a été rançonné sur l’essence, la vignette, les assurances, la TVA à 33%, l’Etat a empoché ainsi 13,8 % de son revenu, environ 10 000 francs par véhicule pour un total de 108 milliards de francs sur les ménages et l’automobile a eu un coût collectif de l’ordre de 120 milliards. L’encombrement des rues a causé un préjudice qui a été estimé à 1 000 francs par mois et par véhicule. Et au moins 20 milliards de francs de frais médicaux ont été payés par la sécurité sociale pour soigner ses victimes. L’automobile a nécessité 70% de matériaux d’importation et elle a provoqué l’affluence de la main-d’œuvre étrangère. Sa technologie nécessitant de moins en moins de main d’œuvre de faible qualification, elle a été une des grandes sources du chômage depuis quelques années disions-nous en 1989. Ce ne sont pas les constructeurs allemands qui nous contredirons en 2004
Nous avons recensé en 79 / 80 plus de 50 000 « pièges » pour automobilistes avec des parcmètres au fonctionnement défectueux. La SAEMES qui les gérait semblait en bonne santé financière, l’ACDS qui protégeait certains parkings aussi.

La signalisation des stationnements payants ne satisfait pas la plupart du temps aux exigences de l’arrêté du 23 novembre 1967, complété par l’arrêt du 7 juin 1977 qui prévoit le panneau réglementaire (B6-B4). En l’absence de ce panneau l’automobiliste ne peut être poursuivi pour infraction. La Préfecture de Paris a tourné cette difficulté par le fait du Prince : un arrêt du 1ø décembre 1986 le rendant « facultatif » et répond par une fin de non recevoir aux malheureux automobilistes qui protestent.
Il a pourtant été jugé, comme le rappelle Maître Stéphane Lévi, par la Cour de Cassation, en date du 25 mars 1987 (Bull. Crim 1987 n°141) que cet arrêtée était illégal et que chaque zone de stationnement doit être délimitée clairement par le panneau réglementaire. L’article 530 du code de procédure pénale permet, dans les dix jours qui suivent l’arrivée d’un avertissement à payer une amende, à l’intéressé de former une réclamation auprès du Ministère public, ce qui a pour effet d’annuler le titre exécutoire. Le parquet du Tribunal de police peut poursuivre l’auteur présumé, titulaire de la carte grise, devant le tribunal de police à qui il appartient de faire la preuve de la culpabilité du réclamant. L’article L21-1 instituant la responsabilité présumée du titulaire du certificat d’immatriculation n’est pas conforme à l’article 6-2 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme ratifiée par la France le 5 novembre 1950, et publiée seulement le 3 mars 1974.
Les scandaleux couloirs cyclistes qui ne protègent absolument pas leurs utilisateurs sont aussi de bons moyens de transformer la conduite des automobilistes parisiens en slalom et de les forcer à la faute et à l’accrochage.
L’automobiliste n’est pas un citoyen jouissant de ses droits civiques au complet, il n’est qu’en liberté surveillée, puni à tout propos et parfois hors de propos. A ce sujet, lorsqu’on examine les projets de la ville de Paris (en 1989) on est surpris de l’ampleur du coté répressif alors que les travaux possibles pour améliorer cette situation ne sont pas entrepris. A peu prés partout en France, la puissance publique, en matière de circulation et de stationnement a été extrêmement négligente au cours des vingt cinq dernières années et elle fait porter aux automobilistes le poids de son incompétence et de son incurie.

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