Chine: les éco-villes chinoises

Premières éco-villes en Chine

Confrontées aux problèmes provoqués par les conséquences de leur forte croissance, pollution et forte progression de la demande énergétique, les autorités chinoises semblent avoir été séduites par leur visite, en février 2005, de l’éco-village Bedzed. La société mixte Shangaï Industrial Investment Corporation (SIIC) a conclu un contrat de plusieurs milliards de dollars avec l’entreprise britannique de conseil en ingéniérie Arup pour bâtir la première éco-ville du monde.

En devenant la première éco-ville du monde, le futur quartier de Dongtan a pour objectif de démontrer qu’il est possible d’allier dynamisme et respect de l’environnement. Avec une superficie qui représente les 3/4 de Manhattan, situé à proximité de Shanghaï sur l’île de Chongming, à l’estuaire du fleuve Yang Tse Kiang, il pourrait ouvrir la voie d’un développement urbain durable, en Chine comme ailleurs. Ce projet est d’importance puisque l’île de Chongming, faite d’anciens marais, est une réserve naturelle qui abrite une faune et une flore marine et terrestre exceptionelles. De nombreuses espèces protégées en Chine y vivent, faisant de cette île un lieu à la biodiversité très riche.

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Forte de ses compétences en architecture durable, en urbanisme et en gestion des énergies renouvelables, la société Arup prévoit que Dongtan soit auto-suffisante en énergie. En s’appuyant sur une production d’énergie éolienne et solaire, en faisant des véhicules hybrides le principal mode de transport et en incitant les fermiers à pratiquer l’agriculture biologique, Dongtan devrait devenir un modèle de la ville de demain. Dans un article de « The Observer », paru en janvier 2006, Peter Head, directeur d’Arup déclarait : « Dongtan marquera un tournant dans la croissance urbaine frénétique de la Chine en tenant compte des principes économiques, sociaux et environnementaux pour réduire les impacts sur la nature, et fournira un modèle pour le futur développement de la Chine et de l’Asie de l’Est. Ce sera une première ville post-industrielle durable de grande qualité. »

Les premières habitations pour 50 000 personnes devraient être construites d’ici 2010, année où Shanghaï accueillera l’exposition universelle. Dongtan devrait en accueillir 500 000 en 2040. Ce quartier est pensé comme un prototype de vie urbaine, avec des emplois dans les hautes technologies et les industries de pointe, des structures de loisirs, et cela dans les moindres détails comme l’accessibilité aux berges ou l’orientation des habitations par rapport au soleil. Autant dire que le projet est ambitieux puisqu’il vise un double enjeu : non seulement être le prototype d’un mode vie urbain durable mais aussi un espace économique dynamique, un aimant pour les fonds d’investissements qui participeront à la croissance chinoise.

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La Chine pionnière pour les villes du futur ?

L’implication croissante de la Chine dans le développement durable témoigne avant tout d’une nécessité. En effet, comme le faisait remarquer Peter Head dans « The Observer » : « Une révolution industrielle, sur le schéma qu’a connu la Grande-Bretagne il y a 200 ans, est insoutenable pour la Chine et les Chinois l’ont compris. Ils peuvent voir les problèmes sociaux-économiques engendrés par des taux de croissance très élevés, et ils réalisent qu’ils devront les dépasser. »

Ainsi le quartier Dongtan va servir de base à de futurs projets. En novembre 2005, lors de la visite du Président chinois Hu Jintao au Premier ministre anglais Tony Blair, de nouveaux contrats ont été passés entre les autorités chinoises et la société Arup pour la construction de deux autres futures éco-villes dont les sites d’implantation n’ont pas encore été définies. Manifestement, avec ces éco-villes auto-suffisantes en énergie et en nourriture, et qui ont pour objectif zéro émissions de gaz à effet de serre dans les transports, la Chine semble avoir trouvé l’un des moyens de concilier croissance économique et croissance démographique dans une perspective durable. Pour Peter Head : « Ce n’est pas un gadget. Cela est suivi aux plus hauts niveaux du gouvernement chinois. Ils sont très impliqués dans le développement de ce nouveau paradigme économique. »

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Christophe Brunella, Novethic

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