Bientôt l’Independance Energy Day

par Jean-Marc Lefevre, Président de la PCDDEI (Plate-forme, Communication, Développement durable, Écologie Industrielle)

Avec 25% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les USA, aux côtés de l’Australie, font figure de «mauvais élèves » de la Kyoto Académie. Fustigés par les ONG de tous poils, ils annoncent pourtant un ambitieux plan économique et scientifique de réduction de leurs rejets. Effet d’annonce ou libéralisme astucieusement pensé ?

Un plan national … planétaire

Buenos-Aires, le retour? 7 ans après la Quatrième Conférence des Parties, les gouvernements mondiaux se sont retrouvés dans la capitale argentine pour envisager la toute proche entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, le 16 février 2005, et faire le point des progrès accomplis. Comme lors de la «version1» au même lieu, les USA arrivent sans signature, mais avec des déclarations d’envergure et un plan post-Kyoto, le Climate Vision, qui semble essentiellement crédible par les dollars qu’il mobilise.
En 1997, les USA avaient annoncé à Buenos-Aires la découverte, fort à propos, d’immenses gisements de CO2 « stockés » sur le territoire américain, dans les forêts, dans les parcs nationaux, et même dans les couches géologiques profondes. Colère des ONG, fureur des pays européens qui avaient déjà fort à faire pour se mettre d’accord entre eux, pataugeant allègrement dans leur «Bulle». Il n’empêche: les USA ont continué leur chemin, en particulier sur les puits de carbone, qu’ils ont réussi à officialiser en juin 2003, avec le Forum international sur la séquestration du carbone (CSLF), qui a aussi séduit 15 Etats de l’UE (dont la France). Il ne s’agit plus vraiment de comptabiliser les hectares de forêts, mais de stocker le gaz carbonique à la source, en provenance d’industriels ou de grandes cogénérations, en le «piégeant» dans des cavités salines, des puits de pétrole en fin d’exploitation, ou dans des mines désaffectées. Le charbon constitue un enjeu important pour les USA, qui détiennent aujourd’hui
22,9% des réserves mondiales (36,2% pour l’Asie). Il était donc tout à fait normal que l’un des grands programmes «anti-effet de serre» soit le Future Gen, annoncé en 2002, c’est-à-dire la production combinée d’électricité et d’hydrogène à partir du charbon, avec séquestration du CO2 produit, ou transformation en CO2 super-critique (un excellent solvant).

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1 milliard de $­ sur 10 ans, (financés pour moitié par le gouvernement américain).

Voilà de quoi intéresser les pays fortement dépendants de cette ressource primaire… surtout s’ils sont dans le groupe des pays moins avancés, bénéficiaires potentiels de MDP (Mécanismes de Développement Propre)! Même si la séquestration du carbone n’entre pas encore officiellement dans ces mécanismes de flexibilité, l’un des objectifs des USA à Buenos-Aires est bien de les faire intégrer dans cette nouvelle comptabilité mondiale. Autant de crédits qui viendront s’engranger directement sur le sol américain, au nom de la solidarité globale sur la réduction de l’effet de serre.
En parallèle de FutureGen, on trouve aussi l’une des priorités américaines : l’hydrogène, et ses applications dans le transport routier. C’est le programme Freedom Cars, qui a pour ambition de généraliser les piles à combustible pour tous les véhicules de série, en particulier les camions, d’ici 2020. Economies estimées : 500 millions de tonnes de CO2 par an, pour les seuls Etats-Unis, qui ont réussi, sur ce coup-là, à obtenir l’adhésion de la plupart des pays industriels.

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L’agriculture sommée de réduire ses émissions

En février 2002, c’était le Département américain de l’Agriculture qui passait sous les fourches de la réduction des gaz à effet de serre. Objectif : 12 millions de tonnes-équivalent carbone économisées d’ici 2012, en particulier avec des programmes volontaristes de préservation des forêts, mais aussi la mise en place de « méthaniseurs » pour les déchets agricoles, des reboisements intensifs (notamment dans les zones protégées), et des méthodes très pédagogiques destinées aux exploitations agricoles, pour leur permettre une valorisation financière de leurs taux de séquestration. Pas de doute, les USA jouent massivement le LULUCF (Land Use, Land Use Conservation and Forestry), ce mécanisme de développement propre imaginé à l’origine pour préserver la forêt amazonienne…

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